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Maha Shivaratree : La grande marche pour Shiva

Depuis mercredi dernier, ils sont des milliers à braver la pluie et le poids de leur kanwar pour rendre hommage au dieu Shiva en accomplissant le pèlerinage vers Grand-Bassin. Nous avons accompagné Ashok Boodhun dans son cheminement vers le lac sacré. Jeudi 3 mars 2016. Il est 8 heures. Ashok, un habitant de Grand-Baie , et ses amis effectuent les derniers préparatifs avant de se mettre en route. Mais avant, un passage au temple du village est obligatoire. « Nous quitterons la maison à 17 h 30. De là, nous irons directement au temple pour obtenir une fois de plus la grâce des divinités. Nous mettrons le cap vers Grand-Bassin à 18 heures. » La prière étant dite, les pèlerins désertent petit à petit la cour du shivala en suivant le kanwar qui vacille sur les épaules de ses porteurs. Le pèlerinage peut enfin commencer. Il se poursuivra pendant toute la nuit. Il faut dire que cette petite communauté qui suit le kanwar a de l’endurance. Comme Ashok, beaucoup d’entre eux ne sont pas à leur premier pèlerinage. « J’effectue cette marche depuis 25 ans. Ceux qui nous accompagnent ne sont pas des novices non plus. » Pendant quatre heures, Ashok et les siens marcheront vers le lac sacré en ne s’accordant que quelques minutes de repos bien mérité,  après la montée S à Coromandel. Plus tard, la pluie viendra jouer les trouble-fête. « Comme d’habitude, nous subissons les caprices de dame Nature. Mais ce n’est pas pour autant que nous prendrons du retard », lance Ashok.

Hospitalité

Nous voilà à Quatre-Bornes. Ashok vient d’engloutir plus de 40 kilomètres en une nuit : « Je n’ai pas fermé l’œil depuis hier (NdlR : jeudi 3 mars). Il nous reste encore 19 km à parcourir avant d’arriver au Ganga Talao. Si je tiens le coup, c’est grâce aux volontaires qui font preuve d’hospitalité. En effet, les Mauriciens nous ouvrent leurs maisons, leurs toilettes, mais également leurs salles de bains pour que notre marche se déroule dans les meilleures conditions. Je profite de l’occasion pour les remercier tous. » 13 h 05. Le Ganga Talao est noir de monde. Ashok et les siens déposent enfin leur kanwar. Coiffé d’une casquette, Ashok se dirige vers le lac sacré avec des noix de coco, des bâtonnets d’encens et des fleurs. « Ce sont des offrandes que nous offrons aux divinités. Mais le plus important, c’est de recueillir l’eau. Certains la prennent dans un lotah, un récipient en inox, je le fais dans des bouteilles en plastique. » Une fois les rituels terminés, Ashok va se doucher et s’accorde enfin quelques heures de sommeil. Notre homme en a bien besoin. Parce qu’à 23 heures, il sera à nouveau sur la route, cette fois, pour regagner son village natal. Comme à l’aller, le kanwar passe d’épaule en épaule. Les hommes et même les femmes se relayent pour le transporter. Comme à l’aller, le retour sera ponctué de plusieurs pauses. Là, à l’arrière du kanwar, Ashok se montre moins bavard. Il se contente de marcher machinalement, les yeux hagards. C’est déjà l’après-midi. Les pèlerins gagnent le Nord. Les voilà à Solitude, puis Triolet, il ne reste plus que quelques heures avant qu’Ashok ne retrouve son village. Au crépuscule, il dépose son kanwar dans la cour du shivala du village. « J’ai quelques heures pour me reposer avant que ne débute ce lundi, à 18 heures, le Char Pahar ki puja, des prières à l’intention de Shiva, lui qui a bu du poison pour sauver l’humanité des démons qui voulaient détruire le monde. Ces prières prendront fin vers minuit lendemain. Il y aura certes beaucoup de fatigue, mais la dévotion l’emporte toujours et l’année prochaine, si Dieu me prête vie, je serai à nouveau sur la route pour un autre pèlerinage. »
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