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Magasins optiques illégaux : l’inaction du ministère de la Santé déplorée

Les équipements vendus dans ces magasins sont-ils de qualité ?

L’association des opticiens est impuissante face à l’accroissement de magasins d’appareillages optiques opérant illégalement. La direction de l’Optical Association of Mauritius (OAM) dénonce un ministère de la Santé qui fait la sourde oreille.

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Citant l’Opticians Registration Act de 1962, Karim Jaufeerally souligne que seul un opticien dûment enregistré auprès de l’Opticians Registration Board (ORB) est autorisé à ouvrir un magasin d’optique. Or, plusieurs magasins ne respectant pas cette loi séviraient actuellement à travers le pays. « Ces magasins opèrent illégalement. Le ministère de la Santé, qui régit la profession, a été mis au courant à maintes reprises par l'Optical Association of Mauritius, mais le ministrère ne prend pas les mesures nécessaires », déplore le président de l’OAM.

Il y aurait une vingtaine de ces commerces, à en croire Deenal Dhuny, vice-président de l’OAM. Celui-ci indique qu’un travail minutieux a été fait en ce sens par l’association, afin de répertorier tous les magasins d’optique qui sont dans l’illégalité. « Il n’y a pas de Registered Optician rattaché auprès de ces magasins. Du coup, ils n’ont pas le permis nécessaire du ministère de la Santé pour opérer et se retrouvent dans l’illégalité. Ceux qui se font passer pour des opticiens dans ces magasins n’ont pas les qualifications requises. Ils se contentent d’installer un ‘autoréfracteur’ dans le magasin et endossent le rôle d’un opticien. Ou alors il s’agit d’opticiens venant de l’Inde ; sauf que les opticiens qui disposent d’une qualification obtenue en Inde ne sont pas reconnus par l’Opticians Registration Board », fait ressortir Deenal Dhuny.

Le danger, souligne Karim Jaufeerally, c’est que ces magasins n'offrent aucune garantie d’un service de qualité et de professionnalisme aux patients. « Les patients mettent leur santé oculaire entre les mains de personnes n'ayant aucune formation professionnelle. Les patients risquent fort d'avoir un équipement inférieur ou, pire, de ne pas être référés à un médecin en cas de pathologie oculaire non-détectée », met en garde le président de l’Optical Association of Mauritius, tout en soulignant qu’un opticien a le devoir de s'assurer que les appareillages vendus sont de bonne qualité. « Cela fait partie de ses obligations professionnelles », précise-t-il. 

Opticien oui, médecin non

Deenal Dhuny indique que les propriétaires de ces magasins sont généralement des personnes qui, après avoir cumulé quelques années d’expérience auprès d’un opticien agréé, se mettent à leur propre compte en ouvrant un magasin et font, dans certains cas, venir des opticiens de l’extérieur. 

Outre cette concurrence déloyale qui mine le chiffre d’affaires des opticiens dûment enregistrés, Deenal Dhuny affirme que ces derniers doivent aussi composer avec des propriétaires de magasins qui sont des médecins. « Nous dénombrons au moins deux médecins enregistrés auprès du Medical Council comme médecins généralistes qui seraient propriétaires de magasin d’optique, l’un se trouvant dans la capitale et l’autre possédant une chaîne de magasins à travers le pays. Il y a aussi un ophtalmologue qui propose ses services dans un magasin d’optique dans un centre commercial situé dans le Sud. Qu’ils soient médecins ne rend pas pour autant l’opération de ces magasins légale car la loi exige que ça soit un opticien qui soit à leur tête », souligne notre interlocuteur. 

Certains propriétaires, pour ouvrir un magasin d’optique, se payent les services d’un Registered Optician. Si ce procédé en soit n’est pas illégal, à en croire Deenal Dhuny, et considérant qu’un opticien est habilité à exercer dans plus d’un magasin, celui-ci avance que certains profitent néanmoins du système. 

« Ces propriétaires incluent l’opticien comme un des directeurs de la compagnie et lui proposent un salaire mensuel. Malheureusement, dans certains cas, vous ne verrez jamais l’opticien dans le magasin », dénonce le vice-président de l’OAM.


La Santé : «Pas de commentaires à ce stade»

Le Défi Plus s’est tourné vers le ministère de la Santé en début de semaine pour espérer avoir sa version sur l’opération illégale alléguée d’une vingtaine de magasins d’optique à travers le pays. Un courriel a été adressé en ce sens à Jameer Yeadally, l’attaché de presse du ministre de la Santé, le Dr Anwar Husnoo. Dans une déclaration au Défi Plus, deux jours plus tard, celui-ci indique que le ministère serait peu enclin à faire des commentaires sur ce sujet à ce stade, car « un travail se fait déjà à cet effet ». Nous avons aussi cherché à connaître le nombre de magasins spécialisés dans la vente de lunettes enregistrés auprès du ministère; les critères nécessaires pour ouvrir un magasin de lunettes et le nombre d’opticiens enregistrés auprès de l’Opticians Registration Board. 

Nous n’en saurons malheureusement pas plus.

 

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