Magali Potage : l’ex-fonctionnaire convertie dans la couture haut de gamme

« Je vis de la couture ». C’est en ces termes que Magali Potage, Vacoassienne de 58 ans, évoque son métier. Son histoire d’amour avec la couture a commencé après une carrière de 18 ans dans le secteur public.

« Je me suis inspirée de ma grand-mère. Elle était couturière », lance Magali Potage. « Devenir couturière à temps plein était un rêve que je chérissais depuis l’enfance. J’ai cousu ma première robe à l’âge de 15 ans », confie-t-elle. Et durant ses nombreuses années qu’elle a passées dans le secteur public, elle prenait des commandes et réalisait des robes pour ses collègues. « À l’époque, je le faisais volontiers gratis. »

Peu de temps après son mariage, Magali a commencé à prendre des commandes d’autres clients payants. D’abord, elle a commencé à travailler à domicile, puis elle a loué un espace durant 10 ans, avant de s’installer, il y a trois ans, dans son présent atelier de Vacoas. Elle emploie désormais cinq personnes.

« C’est la passion qui m’a poussée à me lancer dans ce domaine et à y persévérer. J’y suis et j’y reste maintenant depuis plus de 20 ans. Je ne regrette pas d’avoir quitté un emploi stable, dans le secteur public, pour vivre ma passion », affirme Magali. « Mon mari a toujours été à mes côtés pour me soutenir dans mes décisions. Certaines personnes ont eu des réactions surprenantes face à mon choix. Une collègue m’a interpellée pour me lancer : Ou aret travay pou al koud ? », se rappelle la quinquagénaire.

Selon Magali, l’activité de couture a une consonance péjorative à Maurice. « Certaines personnes croient que si l’on fait ce métier, c’est parce qu’on manque d’éducation. Or, ce n’est pas du tout le cas. Il faut un bon niveau académique pour se lancer dans ce domaine. Il faut du temps pour calculer, prendre les mesures et réaliser les patrons », précise cette mère de famille.

Une robe cousue en une heure

Magali habille toutes les morphologies « Avant mes clients étaient âgées de plus de 30 ans, maintenant elle s’est rajeunie et je me suis fait une clientèle étrangère », affirme-t-elle fièrement. « Je confectionne des robes de sortie, des robes du soir, des robes de mariée, des tenues vestimentaires pour le travail et des coussins. Selon les cas, les modèles, cela prend entre une heure ou une semaine pour coudre une robe. Pour les robes de mariée, j’offre du sur-mesure, des modèles uniques. Je réalise des modèles différents de ceux qu’on voit dans les magasins. »

Qu’en est-il de la concurrence ? « Sur ce marché, il y a de la place pour tout le monde et chacun a sa spécialité. Je ne pense pas en termes de concurrence, mais en termes de qualité de service à offrir aux clients », soutient Magali Potage. Aujourd’hui, l’entrepreneure ambitionne de faire de son atelier un hub pour les jeunes diplômés en couture et d’organiser davantage de défilés.

Participation dans deux défilés

« J’ai participé à un défilé à Dubayy en 2015 et un autre à New York en 2016. Nous avons été financés par diverses organisations. Cela m’a permis de côtoyer des stylistes et couturiers de renom et de projeter l’île Maurice sur la carte internationale de la mode », déclare Magali Potage. « Toutefois, il faut un financement énorme pour organiser des défilés en terres étrangères. Il est primordial d’évoluer et d’organiser des défilés dans d’autres pays, pour montrer que Maurice a bien sa place lors des Fashion Weeks tenues à Paris et à Londres.»

Investissement initial de Rs 40 000

« Pour un couturier disposant d’environ 10 clients, il faut compter un investissement de quelque Rs 40 000 et deux machines à coudre pour se lancer dans ce créneau », affirme Magali Potage.

Vêtements pour femmes aux formes généreuses

Magali Potage se démarque des autres couturières. Elle confectionne des vêtements haut de gamme pour femmes de forte taille. « Aujourd’hui, il est difficile pour les personnes aux formes généreuses de trouver des vêtements modernes à leur goût et à leur taille. Aux personnes rondes, on propose souvent du bleu marine, du noir, du gris et non des couleurs pastel. Ces personnes aiment s’habiller, mais elles ne trouvent pas les vêtements appropriés sur le marché. À cette clientèle, je propose une ligne de vêtements chic et haut de gamme.»