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Madagascar: manifestations en région dans l'attente d'un Premier ministre

Des manifestants antigouvernementaux à Antsiranana, Madagascar, se sont rassemblés le 2 octobre 2025 pour des manifestations et ont appelé à une grève générale, cherchant à contraindre le président Andry Rajoelina à démissionner, après près d’une semaine d’actions menées par un mouvement dirigé par des jeunes. Les appels à la démission de Rajoelina se sont intensifiés après une violente répression et des pillages généralisés au cours desquels au moins 22 personnes ont été tuées et des centaines blessées, selon l’ONU — un bilan que le gouvernement conteste. (Photo par FITA / AFP)

Des milliers de manifestants ont encore défilé jeudi dans plusieurs grandes villes de Madagascar en attendant l'éventuelle nomination d'un nouveau Premier ministre, le président s'étant donné lundi trois jours pour recevoir des candidatures.

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L'île particulièrement pauvre de l'océan Indien est le théâtre depuis le 25 septembre de manifestations qui réclament désormais le départ du président Andry Rajoelina, après avoir débuté comme l'expression d'un ras-le-bol contre les coupures incessantes d'eau et d'électricité.

A la différence d'Antananarivo où pour la première fois depuis dimanche le mouvement Gen Z, à l'origine de la contestation, n'a pas appelé à manifester, des milliers de jeunes ont défilé à Antsiranana, la grande ville du nord du pays, a constaté une équipe de l'AFP.

Des rassemblements de centaines de personnes au moins ont aussi été signalés par les médias locaux à Mahajanga (nord) et à Toliara (sud), où des manifestants hilares ont été filmés en train d'organiser une fausse cérémonie de funérailles du président.

A Sambava (nord), située au coeur de la région productrice de vanille de la Grande Île, des habitants sont descendus dans la rue pour la première fois depuis le début du mouvement. Un couvre-feu nocturne y a ensuite été décrété par la préfecture.

- "Une vie meilleure"

On ignorait jeudi si le président Rajoelina nommerait son nouveau Premier ministre dans la soirée. Il avait annoncé lundi le renvoi du gouvernement pour tenter de calmer les manifestations, sans succès.

De son côté, le mouvement Gen Z, qui avait décidé d'une pause dans les manifestations à Antananarivo jeudi, a diffusé une courte vidéo où plusieurs de ses membres, présentés comme des porte-parole, expliquent les motivations et revendications de leur contestation.

"Vous êtes nombreux à vous demander qui sont la génération Z. Nous ne sommes que des jeunes prêts à changer l'histoire de Madagascar", explique un jeune homme coiffé d'une casquette de base-ball, entouré de sept de ses camarades.

Un autre affirme plus loin: "Madagascar mérite une vie meilleure, de loin meilleure que celle-ci. Car actuellement, nous sommes des pauvres" malgré la "richesse" du pays, c'est le moment de se mettre debout".

Après une semaine de manifestations, six pays dont la France ont appelé jeudi à un "dialogue constructif", au lendemain d'une rencontre au palais présidentiel avec le chef de l'Etat.

"Nous appelons toutes les parties prenantes à s'engager dans un dialogue constructif afin de surmonter la situation actuelle de manière pacifique", ont déclaré jeudi dans un communiqué commun les ambassades d'Allemagne, de Corée, de France, du Japon, du Royaume-Uni et de Suisse ainsi que la délégation de l'Union européenne à Madagascar.

- Appel à la grève -

La répression des manifestations ainsi que les violences ayant éclaté lors de pillages généralisés "perpétrés par des individus et des gangs sans lien avec les manifestants", selon l'ONU, avait fait au moins 22 morts et des centaines de blessés d'après un bilan de son Haut-Commissariat aux droits de l'homme lundi. Des chiffres contestés par le ministère des Affaires étrangères malgache.

L'ONG Amnesty International a estimé jeudi que le "droit de manifester pacifiquement (était) violemment attaqué".

Plusieurs syndicats, dont celui de la société nationale de distribution d'eau et d'électricité, ont appelé à la grève générale et l'opposition, dans une rare prise de position commune, a elle aussi demandé le départ de l'ancien maire d'Antananarivo et magnat des médias, Andry Rajoelina, 51 ans.

Installé une première fois au pouvoir par les militaires en 2009 à la suite d'un soulèvement populaire, il avait présidé une période dite de transition jusqu'en 2014, s'était ensuite mis en retrait avant de se faire élire en 2018 et réélire en 2023 lors d'un scrutin boycotté par l'opposition.

Malgré ses immenses ressources naturelles, Madagascar, ancienne colonie française devenue indépendante en 1960, figure encore parmi les pays les plus démunis au monde.

En 2022, près de 75% de sa population vivait sous le seuil de pauvreté selon la Banque mondiale. La corruption y prolifère aussi selon l'indice de l'organisation Transparency International qui place le pays au 140e rang sur 180.

© Agence France-Presse

 

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