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Madagascar: gaz lacrymogènes contre des manifestants dénonçant coupures d'eau et d'électricité

Gaz lacrymogènes, balles en caoutchouc, domiciles de deux personnalités politiques pris pour cible: la tension est vive jeudi dans la capitale malgache où les forces de sécurité tentent d'empêcher un mouvement de protestation contre les coupures incessantes d'eau et d'électricité.

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Reprenant à leur compte le drapeau pirate tiré de la série japonaise "One Piece" et signe de ralliement de mouvements de contestation anti-régime, y compris en Indonésie ou au Népal, les manifestants répondent à un appel à manifester lancé sur les réseaux sociaux.

Le rassemblement a été interdit mercredi sur ordre du préfet d'Antananarivo, arguant du risque de troubles à l'ordre public, et la capitale vit depuis jeudi matin au son des détonations de grenades lacrymogènes et des sirènes des forces de l'ordre.

Malgré des richesses naturelles exceptionnelles, Madagascar reste l'un des pays les plus pauvres de la planète. Près de 75% de la population vivait sous le seuil de pauvreté en 2022, d'après la Banque mondiale.

A la mi-journée, la maison de la sénatrice Lalatiana Rakontondrazafy, nommée au Sénat en début d'année par le président Andry Rajoelina, a été incendiée par les manifestants à Antananarivo. Les pompiers sont parvenus à maîtriser l'incendie tout en étant la cible de jets de pierres par des manifestants en colère.

Un peu plus tard, c'est le domicile d'un député de la capitale qui était saccagé.

Le président malgache Andry Rajoelina, 51 ans, a été réélu fin 2023 lors d'un scrutin boycotté par l'opposition et auquel moins de la moitié des électeurs inscrits a pris part. Il avait accédé pour la première fois au pouvoir en 2009, à la tête d'un mouvement populaire et à la faveur d'une mutinerie qui avait chassé l'ex-président Marc Ravalomanana.

Jeudi, dès les premières heures de la matinée, le centre d'Antananarivo était quadrillé par un important dispositif des forces de sécurité.

Les manifestants, par petits groupes d'une centaine de personnes, ont tenté de déjouer les barrages installés par les forces de sécurité pour rallier le point de rendez-vous dans le quartier d'Ambohijatovo, dans le centre de la capitale.

 

- "Y'en a marre" -

Peu avant 11H00 (08H00 GMT), les forces de l'ordre, composées de plusieurs unités de la police et de la gendarmerie, ont commencé à tirer des grenades lacrymogènes pour disperser les protestataires.

La correspondante de l'AFP a été témoin de l'arrestation de trois manifestants.

Sur les banderoles brandies par ces derniers, on pouvait lire: "Laissez-nous faire entendre nos droits", "Stop à une vie faite de bidons jaunes et de noirceur" ou encore, "nous ne voulons pas de troubles, nous voulons juste nos droits".

Une manifestante d'une soixantaine d'année ayant requis l'anonymat par peur d'être arrêtée expliquait à l'AFP que la situation de l'approvisionnement en eau et en électricité était "devenue insupportable", critiquant "l'arbitraire", la "corruption" et "le manque de transparence de nos dirigeants".

De fait, aucune personnalité politique, y compris de l'opposition, n'a été aperçue par l'AFP parmi les manifestants.

Des hommes cagoulés du GSIS, une unité de la gendarmerie, ont été vus se déplaçant à vive allure dans leurs 4x4 blancs et tirant des lacrymogènes et des balles en caoutchouc sur les protestataires.

"Depuis 10H00 du matin, on n'arrête pas de crier pour revendiquer juste des droits. Et ils nous tirent dessus avec des balles en caoutchouc", déplore Aina, une étudiante de 20 ans qui elle-aussi a souhaité garder l'anonymat de peur de représailles.

"Ce mouvement a été mené pour ramener l'eau et l'électricité à Madagascar. Ici, on a à peu près 12 heures de délestage (d'électricité) par jour. Ça veut dire que pendant 12 heures de la journée, on sort de la maison, on va travailler, on paye les impôts et on retourne à la maison. Toujours pas d'électricité", ajoute l'étudiante, une pancarte à la main avec l'inscription "leo be" (Y'en a marre, Ndlr).

© Agence France-Presse

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