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Lutte contre le tabac - Cigarettes à l’unité, saveurs sucrées : les jeunes vulnérables

  • Bachoo annonce l’introduction de nouvelles lois contre le tabagisme

«Si cela ne dépendait que de moi, j’interdirais la cigarette. » Propos du ministre de la Santé, Anil Bachoo. Évoquant les ravages du tabac sur la santé publique, et notamment plus de 20 000 cas de cancer actuellement recensés à Maurice, il a annoncé l’introduction prochaine de nouvelles lois contre le tabagisme.

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Le ministre intervenait, lundi 2 juin, dans le cadre de la commémoration de la Journée mondiale sans tabac observée le 31 mai dernier, à l’Université de Maurice. Le theme choisi appelle à une action urgente pour protéger les jeunes contre les tactiques des industries du tabac et de la nicotine qui menacent leur santé et leur avenir.

Le ministre a souligné les mesures fortes déjà adoptées par le pays : interdiction de fumer dans les lieux publics, bannissement de la cigarette électronique – autant d’avancées qui font de Maurice un leader en Afrique dans la lutte contre le tabac. Cependant, les chiffres restent préoccupants : les ventes sont passées de 1 à 1,2 milliard l’an dernier, soit 1 000 cigarettes par Mauricien, selon le Dr Anne Ancia, représentante de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) à Maurice. Et malgré l’interdiction légale de la vente à l’unité, les cigarettes continuent d’être vendues à la pièce : « Le prochain rapport de l’Enquête mondiale sur le tabagisme chez les jeunes révèle que près de 60 % des jeunes de 13 à 15 ans achètent leurs cigarettes à l’unité à Maurice. » 

La représentante de l’OMS a dénoncé les nouveaux produits attractifs développés par l’industrie : dispositifs électroniques colorés et aromatisés, shishas, pipes à eau, bonbons et autres innovations conçues pour rendre les jeunes dépendants et les entraîner dans des comportements nocifs. Les produits aromatisés constituent un piège sournois selon elle. Le Dr Ancia a révélé l’existence d’environ 120 saveurs différentes, dont huit principales comme le menthol, le chewing-gum ou la barbe à papa, utilisées pour masquer l’amertume du tabac et faciliter la consommation. Ces additifs rendent les produits plus agréables et donc plus difficiles à abandonner.

L’industrie va jusqu’à créer des dispositifs trompeurs ressemblant à des tubes de rouge à lèvres ou des clés USB, facilement dissimulables même à l’école a-t-elle fait ressortir.
Maurice a interdit la fabrication, l’importation et la vente de produits contenant des saveurs telles que le menthol ou la menthe verte. Cette mesure, conforme aux articles 9 et 10 de la Convention-cadre pour la lutte antitabac (CCLAT), vise à réduire l’attrait des produits du tabac, notamment auprès des non-fumeurs et des plus jeunes. Le vapotage est pris au sérieux, considéré comme tendance par les jeunes. Bien que la vente de ces instruments et du liquide soit interdite sur le territoire, la présence de cigarettes électroniques chez les jeunes reste préoccupante. Bien que les données nationales manquent, des preuves anecdotiques montrent une utilisation parmi les collégiens et étudiants.

Le ministère de la Santé travaille sur du matériel de sensibilisation contre les méfaits du vapotage. Les sanctions restent identiques : avertissement, suspension ou transmission vers la police et la décision du chef d’établissement ou du comité disciplinaire. 

Baisse anticipée de 30 % de la prévalence du tabagisme d’ici 2030

Les Regulations on Public Health (Restrictions on Tobacco Products) de 2022 ont marqué un tournant. Elles ont instauré l’emballage neutre, imposé des avertissements graphiques couvrant 90 % des surfaces d’affichage, élargi les zones sans fumée et interdit la vente de tabac par de nouveaux vendeurs dans un rayon de 200 mètres autour des établissements scolaires et sportifs. En mai 2023, la fabrication, l’importation, la distribution et la vente de cigarettes électroniques et de produits de tabac chauffés ont également été interdites. Ces mesures sont soutenues par le National Tobacco Control Action Plan 2022-2026, qui met l’accent sur l’application des lois, l’accès aux programmes de sevrage et la réduction du tabagisme chez les jeunes. Des policiers ont été formés au respect de la loi et des campagnes de sensibilisation sont menées en continu. L’objectif est ambitieux : une baisse de 30 % de la prévalence du tabagisme d’ici 2030.

 

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