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Lutte contre le harcèlement scolaire : Mahend Gungapersad veut rendre le civisme obligatoire dès 2026

Face à l’ampleur du ‘bullying’ dans les établissements scolaires, le ministre de l’Éducation, Mahend Gungapersad, annonce l’introduction du civisme comme matière obligatoire dès la rentrée 2026. Une réponse directe à un phénomène qui continue de miner la scolarité et la santé mentale de nombreux élèves.

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Le bullying ne doit plus être une fatalité. C’est le message martelé samedi dernier par Mahend Gungapersad lors d’un échange ouvert avec des acteurs du monde éducatif – enseignants, recteurs, membres des PTA et parents – venus nombreux pour partager leurs préoccupations et expériences.

« Je souhaite de tout cœur que dès la rentrée 2026, on puisse introduire dans toutes nos écoles, même dès le pré-primaire, le civisme, le sens des valeurs, au-delà des matières académiques », a déclaré le ministre, lui-même pédagogue de formation.

En dénonçant un phénomène qui peut conduire au drame, voire au suicide, le ministre ne mâche pas ses mots. Pour lui, il est crucial de « mettre le doigt là où ça fait mal » et de « traquer le harcèlement de la part de pairs, ces élèves qui imposent leur loi dans les cours de récréation ».

Le projet est clair : intégrer un module de civisme obligatoire dans le cursus, à égalité avec les autres matières académiques. Objectif : inculquer, dès le plus jeune âge, les valeurs de respect, de tolérance et de vivre-ensemble.

« L’idée première est d’enseigner l’importance de bien se comporter, d’accepter la différence, et d’avoir de la compassion pour ses camarades. Le bullying peut pousser à des actes désastreux », a-t-il insisté.

Le ministre a également lancé un appel aux enseignants, directeurs, membres de la PTA et surtout aux parents : « Il faut apprendre à nos enfants à sortir de leur cocon familial, à s’enrichir de la différence des autres, et à devenir de bons citoyens. »

Le ministère prévoit de mettre en place des cellules de conseil et des rencontres régionales, avec l’objectif de créer un lien fort entre parents, éducateurs et élèves, et ainsi renforcer la prévention.

Des initiatives locales qui inspirent

Lors de cette rencontre, plusieurs intervenants ont présenté des initiatives originales et prometteuses, nées sur le terrain.

Nusreen Mamodkhan Mohamadhosen : « Un Bullying Bench »

À l’école gouvernementale Mohunlall, dans le nord du pays, Nusreen Mamodkhan Mohamadhosen a mis en place un concept qui, au départ, a surpris : un Bullying Bench. L’idée ? Offrir un espace identifié où un élève victime de harcèlement peut s’asseoir pour signaler sa détresse, sans avoir à parler.
« Ce banc permet aux éducateurs, psychologues et camarades d’intervenir. Cela donne du courage à ceux qui n’osent pas s’exprimer », explique-t-elle.

L’initiative ferait déjà ses preuves. 

« Nous avons décidé de mettre en place ce ‘banc du harcèlement’ pour donner du courage à ceux qui se sentent brimés, mais qui n’osent pas en parler. S’asseoir sur ce banc, c’est un signal silencieux. Cela permet aux éducateurs, au psychologue scolaire, mais aussi aux camarades, d’intervenir, d’écouter et parfois même de dénoncer ceux qui cherchent à imposer leur loi dans l’école. Et je peux dire que ça fonctionne », souligne Nusreen Mamodkhan Mohamadhosen.

Dr Ruksana Moreea : « Tolérance zéro au Bocage »

Le Dr Ruksana Moreea, membre de la PTA du Bocage et ancienne résidente du Royaume-Uni, a rappelé que son établissement applique une politique de « tolérance zéro » envers le harcèlement. « Nous assurons un suivi psychologique et travaillons à inculquer le respect de l’autre, car nos élèves viennent de milieux très différents », soutient-elle.

Pour elle, la responsabilité parentale est essentielle. « Les parents doivent assumer leurs responsabilités. Il existe, chez certains, un manque d’implication éducative, souvent lié à des obligations professionnelles. Pourtant, c’est à eux de poser les bases : l’école ne vient qu’en relais. On accuse souvent les réseaux sociaux d’empoisonner la vie de nos jeunes – et c’est vrai qu’ils y contribuent –, mais ce n’est pas la seule cause. C’est ensemble, parents, éducateurs, élèves et tous les adultes qui les entourent, que nous devons agir, solidairement », fait-elle ressortir.

Miselaine Joseph : « Le mépris des autres, une forme de violence »

Du côté de Vieux Grand-Port, Miselaine Joseph s’est montrée enthousiaste à l’idée du Bullying Bench : « Je n’y avais jamais pensé, mais c’est une piste à explorer. Le mépris entre élèves est une forme de violence de plus en plus courante. »

Marie-Michèle Agathe : « Les élèves se disputent parfois pour une 35 »

Enfin, Marie-Michèle Agathe, de l’école primaire Elsie Prele à Ste-Croix, a évoqué une situation étonnante : « Les élèves se disputent parfois... pour une ‘35’, une copine. Cela commence dès le ‘Standard III’ ! Nous avons dû installer des caméras de surveillance pour mieux encadrer ce qui se passe durant les récréations. Le phénomène de bullying s’était fortement aggravé, mais depuis l’arrivée de la nouvelle maîtresse d’école, la situation s’est nettement améliorée. On estime que le problème est désormais résolu à 90 %, même s’il reste encore du travail à faire. »

 

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