Xavier-Luc Duval a pris la parole dans le cadre des débats sur le Dangerous Drugs (Amendment) Bill à l’Assemblée nationale jeudi 10 novembre. Le leader de l’opposition a proposé l’organisation d’une conférence qu’il a intitulé « des Assises de la toxicomanie » en janvier 2023. Le but : dégager une nouvelle dynamique dans la lutte contre la drogue.
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Son intervention a duré une trentaine de minutes. Xavier-Luc Duval a énuméré les sujets qui doivent être, selon lui, évoqués lors de ces « Assises de la toxicomanie ». Il souhaite que cette conférence s’étale sur une semaine, voire plus. Selon lui, elle devrait réunir les autorités compétentes, mais aussi des professionnels, des chercheurs, des ONG, la police, les politiciens de tout bord, et tous les gens directement concernés par la lutte contre la drogue.
« Montée de la drogue synthétique et baisse considérable des prix de l’héroïne »
Quatre ans après la publication du rapport Lam Shang Leen sur la drogue, Xavier-Luc estime que nous sommes témoins d’une « montée fulgurante » de la drogue synthétique à Maurice. Il parle également d’une « sur-présence » de l’héroïne sur le marché mauricien. Malgré les saisies valant des milliards, le marché est inondé, selon lui. La preuve de ce « over supply », explique-t-il, est la baisse considérable des prix de l’héroïne dans le « retail ». Selon le leader de l’opposition, les gens sont témoins d’une baisse de près de Rs 2000 par gramme, sortant de Rs 5100 le gramme à Rs 3500 le gramme ; ce qui veut dire, selon Xavier-Luc Duval, soit à peu près Rs 100 par dose, dépendant des régions ainsi que des périodes.
«Les jeunes délaissent le cannabis»
En revanche, constate Xavier-Luc Duval, le cannabis prend une direction opposée. Avec une augmentation considérable des prix, note le leader de l’opposition. Autrefois, explique-il, le prix était apparemment de Rs 1500 le gramme, aujourd’hui il faut débourser Rs 2500 pour un gramme soit Rs 300 le « pouliah ». Il explique qu’aujourd’hui, les jeunes délaissent le cannabis, « c’est trop cher », pour de la drogue synthétique. La drogue synthétique se vend à Rs 100 « par poket » soit trois fois moins chère que le pouliah de cannabis.
Citant le rapport du National Drug Observatory (NDO) de 2019, 62 % des personnes admises dans les soins publics pour overdose avaient consommé de la drogue synthétique. L’Africa Organised Crime Index en février 2021, a classé Maurice en tête de liste en termes de consommation de drogue synthétique par tête d’habitant. Revenant sur le rapport du NDO, 16% des admissions dans les centres de désintoxication sont des jeunes de 15 ans à 19 ans et 2% des admissions ont moins de 14 ans, affirme Xavier-Luc Duval.
Dépénalisation à usage personnel
Xavier-Luc Duval souhaite que les Assises se penchent sur la dépénalisation à usage personnel et récréatif comme le font, selon le leader de l'opposition, de plus en plus de pays qui se trouvent tous dans une situation où il faut essayer d’endiguer la montée de la drogue synthétique. Il cite l’exemple des pays tels que le Canada, l’Afrique du Sud, la Hollande l’Espagne, 19 États des États-Unis, ou l'Allemagne entre autres.
Environ 50 lits pour 60 000 à 120 000 toxicomanes
Le leader de l’opposition affirme que dans une question parlementaire en avril 2022, le ministre de la Santé, Kailesh Jagutpal avait évoqué l’existence de 62,000 toxicomanes à Maurice. Or, déclare Xavier-Luc Duval, selon les professionnels du secteur, il en existerait deux fois plus, soit 120,000. Pour lui, les Assises doivent discuter des actions « nécessaires » pour endiguer cette augmentation dans le nombre de consommateurs.
Les Assises devront également se pencher sur toute la problématique de la désintoxication et la réhabilitation des toxicomanes, affirme Xavier-Luc Duval. Évoquant les chiffres de la Santé, Xavier-Luc Duval affirme que le secteur public dispose d’environ 50 lits aux gens qu’il faut désintoxiquer et réhabiliter. 50 lits pour 60 000 à 120 000 toxicomanes ? s’interroge le leader de l’opposition. Ce qui est encore plus surprenant selon lui, c’est que ces lits sont vides.
«Un toxicomane ne doit pas hériter d’un casier judiciaire»
Xavier-Luc Duval a plaidé pour la cause des toxicomanes lors de son intervention. La politique de criminaliser la consommation, selon lui, n’est pas acceptable et condamne les toxicomanes à une vie de vol et de crime. « Il ne faut pas qu’ils héritent d’un casier judiciaire, c’est contre-productif, cela détruit leur vie », a déclaré le leader de l’opposition. Xavier-Luc Duval affirme qu’il faut qu’ils aillent tous s’il le faut dans les centres de réhabilitation.
« L’accès au traitement ne devrait pas être une option mais une obligation »
Pour le leader de l’opposition, l’accès au traitement ne devrait pas être une option mais une obligation, Malgré les nombreuses saisies, le trafic de drogue se poursuit dans le pays, souligne Xavier-Luc Duval. Il semble beaucoup plus « facile de déraciner les plants de gandia que d’appréhender des producteurs et vendeurs de drogue synthétique », constate le leader de l’opposition.
Il insiste qu’un plan d’action est nécessaire. Il dit avoir évoqué la proposition de ces Assises avec des dirigeants des partis de l’opposition. La réaction du ministre de la Santé et celle du Premier ministre sont attendues, a conclu Xavier-Luc Duval.
Xavier-Luc Duval évoque le dossier ti papier, Callichurn apporte une clarification
L’importation de Rs 22 millions de « ti-papier » qui avait fait l’objet d’une PNQ la semaine dernière est revenue sur le tapis au cours de cette intervention du leader de l’opposition. Selon Xavier-Luc Duval, il y a quelque chose de « très louche » avec un gouvernement qui, selon lui, « autorise sur la base d’un pro-‘forma invoice’ datée de sept ans auparavant, l’importation de Rs 22 millions de « ti-papier » d’une valeur marchande de Rs 460 millions que le ministère « prétend, à l’époque être pour usage personnel » et quand « nous savons nous que ces « ti papiers servent principalement à fumer la drogue synthétique », a soutenu Xavier-Luc Duval. Ce qui a poussé le ministre du Commerce Soodesh Callichurn à apporter un « point of clarification » : « I never mentioned for usage personnel, it was for personal storage there is a difference between personal storage and usage personnel, personal storage was mentioned in the letter provided by the company », a rétorqué le ministre.
À la suite de quoi Xavier-Luc Duval sur un ton cynique devait répondre « je remercie le ministre pour cette pointless explanation ». « Usage storage pour quoi ? », a-t-il lancé, pour regarder toute la journée ? Pour faire quoi avec ça ? Il va regarder c’est une décoration chez lui ça ? Expliquez, ça veut dire quoi personal storage d’après vous ? 460 millions de roupies qu’on va emmener chez soi, une valeur marchande pour personal storage ? Enfin faut pas exagérer sur le ridicule monsieur le ministre » a déclaré Xavier-Luc Duval
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