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Ludovic Luchmun emporté par la COVID-19 à 34 ans : la Santé ordonne une enquête

Ludovic Luchmun laisse derrière lui, une fillette d’un an, une veuve, une maison inachevée et plein de rêves qui ne se réaliseront jamais.

Ludovic Luchmun, 34 ans, est mort sur un brancard devant la maison de ses parents alors qu’il attendait l’arrivée du Samu. Il  a été emporté par la COVID-19, lundi dernier, le 25 octobre 2021. Pourtant, sa veuve, Manuella, dit avoir supplié pour obtenir de l’aide du service de santé publique. La Santé a ouvert une enquête.

«Je vais devoir vivre sans Ludovic. » Manuella Luchmun est anéantie, le couple allait fêter trois ans de vie commune en janvier avec de leur fille d’un an. La petite famille devait emménager dans sa nouvelle maison en décembre, mais le destin en a décidé autrement. Ludovic Luchmun s’est battu pendant des heures pour échapper à la mort. Il n’était pas vacciné, car il attendait de savoir quel serait le meilleur vaccin. « Ma fille le réclame sans arrêt… Je tente de rester forte pour surmonter l’absence de Ludovic, mais quand je pense que mon petit ange grandira sans son père…» Les propos de Manuella Luchmun sont interrompus par des sanglots. Une semaine après ces événements tragiques, elle arrive difficilement à aligner deux mots. La douleur est  vive.

C’est le 18 octobre que Ludovic Luchmun a su qu’il était positif à la COVID-19. Cet habitant de Curepipe a préféré se rendre chez son père à Clairfonds, Vacoas, car ce dernier avait également attrapé le virus. « Il est parti pour protéger notre enfant », affirme la jeune veuve. 

Manuella Luchmun raconte que le lundi 25 octobre, vers 5 heures du matin, sa belle-mère lui a demandé de venir rapidement car son époux allait mal. « Depuis la veille, il se sentait mal. Il avait de la fièvre et éprouvait des difficultés à respirer », explique la jeune femme. Durant la journée de dimanche, des médecins de la Domiciliary Monitoring Unit (DMU) sont venus l’examiner. Ils ont affirmé que son état était grave. 

Vers 6 heures lundi, Manuella Luchmun a appelé le service d’urgence. « On m’a dit d’attendre le changement de shift à 8 heures. Ensuite un médecin de la DMU est arrivé », raconte-t-elle. Cette dernière a suivi les consignes du médecin à la lettre. « J’ai dû soulever Ludovic et je lui ai administré des médicaments », se souvient-elle. 

Le patient devait être transporté d’urgence à l’hôpital. Commence alors une longue bataille pour trouver une ambulance. Cela a pris au médecin plus de 45 minutes avant de pouvoir obtenir une ambulance. « Il criait sur les personnes au bout du fil. Il essayait de leur faire comprendre que c’était urgent », affirme Manuella Luchmun. 

Une ambulance de l’hôpital Victoria est arrivée vers 11 heures avec une bouteille d’oxygène. Les infirmiers ont tenté d’aider le patient. Pendant ce temps, l’épouse de celui-ci était au téléphone avec une opératrice du Samu. « J’étais en larmes. Je la suppliais d’envoyer une ambulance plus équipée car son mari ne pouvait pas respirer. Elle m’a dit qu’il fallait attendre, car les médecins doivent s’habiller avant de sortir », dit-elle. 

Cette scène, Manuella Luchmun ne peut l’oublier. Elle revit les derniers instants de son époux en boucle. Il était installé sur le brancard de l’ambulance de l’hôpital Victoria devant la maison de ses parents quand il a fait un premier arrêt cardiaque. Les médecins sont parvenus à le réanimer. Il était agité et n’arrivait pas à respirer. Puis, il y a eu un deuxième arrêt cardiaque. Les médecins ont une fois de plus tenté de le ramener à la vie, mais rien à faire… Ludovic Luchmun ne réagissait pas. Il était 11 heures, le lundi 25 octobre et Manuella venait de perdre son époux. Le Samu est arrivé à 11 h 30. Le rapport post-mortem a attribué le décès à une pneumonie causée par le virus. 

Pour quoi la Samu a mis autant de temps à arriver alors que l’hôpital Victoria est à dix minutes ?, s’interroge Manuella Luchmun.  Une fois son deuil accompli, la jeune femme compte porter plainte auprès du ministère de la Santé et devant la justice.

Une enquête ouverte 

Le ministère de la Santé a ouvert une enquête sur le décès de Ludovic Luchmun. L’affaire a été référée au Medical Negligence Standing Committee (MNSC). Selon un rapport préliminaire de la Santé, un médecin aurait refusé de se rendre au domicile du malade. Cependant, au Samu, on explique qu’il y a eu une confusion dans la communication entre la DMU, la Rapid Response Team et le Samu. 

Le mardi 2 novembre, les responsables des hôpitaux et de ces trois unités ont eu une réunion. Le but étant de trouver une solution afin qu’il y ait une meilleure synchronisation entre les différentes unités. L’amélioration de la communication à travers l’Operations Room est à l’agenda. 

En l’espace d’une dizaine de jours, sept personnes dans la fleur de l’âge sont décédées après une contamination. Elles avaient 31 ans, 40 ans, 22 ans, 44 ans, 34 ans, 32 ans et 43 ans, respectivement. La COVID-19 ne fait plus de distinction.

 

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