Laureats Cuvee 2017

Luciano Azor, lauréat : «Pourquoi pas devenir PM un jour ?»

À  19 ans, il fait la fierté de Résidence Mère-Teresa, Triolet, et du collège SSS Triolet Boy. Lundi matin, le nom de Luciano Azor a été prononcé par la ministre de l’Éducation, Leela Devi Dookun-Luchoomun. C’était la joie et les pétarades ont retenti. « Azor lauréat , Azor lauréat », laissent entendre ses camarades dans l’enceinte du collège.

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Les rêves de Luciano n’ont pas de limites. Il veut devenir avocat. A-t-il des ambitions politiques ?

« Pourquoi pas devenir Premier ministre un jour ? » lâche-t-il. Le lauréat est porté en héros au collège. Les enseignants, la rectrice et les étudiants lui font une haie d’honneur, tous veulent le féliciter. Sa mère Farida le serre dans ses bras, des larmes de joie perlent sur son visage. Luciano se dirige vers ses camarades. Il exprime sa gratitude envers la rectrice, les enseignants et sa mère. « Merci bondie monn gayn ban paran formidab », dit Luciano, dont la mère est cleaner et le père, maçon. Et d’ajouter : « C’est une grande fierté d’être arrivé là aujourd’hui. Ne baissez pas les bras. Je suis tombé, je me suis relevé. Ma mission accomplie, je dis fièrement adieu au collège. C’est une fierté d’avoir été des vôtres.»

Yeshwantee Jeetoo, la rectrice, fait l’éloge de Luciano. « Se zanfan lepep, dans colez isi. Li ti pe donn ban prof koudme  fer counselling ». Si  Luciano a pu atteindre ce niveau de réussite, les autres élèves le peuvent aussi. Elle a rappelé une phrase de l’étudiant : « If I don’t become a laureate in third year, this will at least make me a better person. »

La grand-mère Lindy Brasse n’a pas manqué de le féliciter. « Luciano e so mama inn ne le 21 avril, parey kouma la reine Elizabeth. Mo patronn ti deza dir mwa Luciano pu vinn enn gran dimoun ».

Luciano nous raconte l’expérience vécue aux États-Unis en mars 2015. Il participait à une compétition sur l’African Leadership Award. La grand-mère ajoute : « Demain, c’est mon anni-versaire. C’est un cadeau inoubliable qu’il m’a offert », lâche-t-elle avant de nous confier une petite anecdote sur son petit-fils amateur de pizzas : « Souvan li dir mwa donn li ene ti kass ou amenn li manz pizza ». Luciano l’interrompt : « Nou pa pou fer fet, pou ena la pryerr avan.»

Nous le conduisons ensuite à son domicile, à Résidence Mère-Theresa, Triolet. « Bravo Luciano », crient les habitants qui l’aperçoivent au passage. Dans sa ruelle, petit attroupement devant la maison. Après les accolades, Luciano entre enfin. Face à sa mère, il lâche : « Après mes études, je deviendrai vos parents et vous, mes enfants ». Son frère aîné et son père sont au travail, sur des chantiers.

Le lauréat confie qu’au primaire, il était un slow learner, peu brillant en mathématiques. « L’ironie veut que je sois lauréat grâce aux mathématiques. Il faut foncer dans la vie, s’adapter à son monde. Je raflais tous les prix au collège, mais être lauréat aujourd’hui, c’est le couronnement de la réussite ».

Il dit vouloir étudier en Angleterre, si sa mère l’approuve. « Je suis le seul espoir de la famille. Ils sont tous maçons et femmes de ménage ». Sa mère, cleaner, nettoie les plages dans la journée.

Farida Azor nous dit toute sa fierté : « Je m’y attendais, il s’était tellement investi dans ses études. En attendant ses études supérieures, Luciano se consacrera à la guitare. »

L’encouragera-t-elle à étudier à l’étranger ? Farida répond : « Même si je dois me séparer de mon fils, ce sera pour son bien. Mwa kinn met dir lor li pu aprann, mo ti dir li si li pa pase mo met li deor dan lakaz ».  Sourire aux lèvres, elle explique que c’était pour le motiver. Notre jeune laureat, selon sa maman aime « ban bon manze ».

 

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