Bon nombre de livres d’auteurs mauriciens ou de sujets traités méritent d’être lus. Celui-là un peu plus, car il dépasse la simple démarche de curiosité. C’est la première fois qu’un ex-membre-fondateur du MMM se livre. Pas trop quand même, à son épouse, dans ce qu’on désigne comme une biographie autorisée.
L’auteur, c’est Loga Virahsawmy, le sujet, Dev Virahsawmy. L’ouvrage, The Lotus Flower, a pour sous-titre trompeur ‘A Conversation with Dev Virahsawmy’. Car de questions-réponses, il n’y en a point !
Le livre a été lancé, le 29 mai, à la résidence de Dev Virahsawmy, à Beau-Bassin, en présence d’un petit carré d’amis très proches, dont l’abbé Sullivan, qui s’est fendu d’un discours entièrement en français. Un paradoxe gros comme le nez au milieu du visage alors que Dev est connu pour être un fin lettré du kreol qu’il s’est employé à enrichir, mais aussi en anglais qu’il a étudié en Grande-Bretagne.
Bon, Dev, sage comme une image cet après-midi-là, n’a pas bronché, validant ainsi les propos du prêtre catholique. Le fil conducteur était axé sur l’amour fertile, sans ombres ni concessions, du couple Virahsawmy, qui imprègne toute la pensée de Dev ainsi que ses actions. Soit son engagement dans le champ politique, son éloignement, puis son récent retour aux cotés du Parti travailliste.
Existe-il une incohérence entre le jeune Dev, ce ‘païen’ du Collège St-Joseph, qui essuie des propos racistes de certains Blancs, mulâtres et autres afro-créoles, et son engagement, bien des années plus tard, aux cotés du Cardinal Jean Margéot, qui lui demande de traduire la liturgie catholique en kreol ? Non, si l’on croit le Cardinal qui lui fit la réflexion suivante : « Une personne qui a écrit Lasours (ndlr : un poème de Dev) ne peut être athée. ». À l’exception de deux personnes, Paul Bérenger et sir Anerood Jugnauth, parce qu’il les cite et qu’il s’en tient toujours à ses opinions sur eux, Dev Virahsawmy a tourné la page sur certains adversaires d’hier. Concernant l’assassinat d’Azor Adelaïde, il finira par dire que « les torts sont partagés » (entre le MMM et le PMSD) et il deviendra un ami et proche collaborateur de sir Gaëtan Duval, ami de JM Le Pen et de la France.
Quant à ses convictions idéologiques, il a admis la figure du Christ à coté de celui de Marx - il ne le dit pas dans le livre - mais il est toujours scandalisé par la possession des terres mauriciennes par une petite communauté dont la richesse trouve ses origines dans la colonisation. S’il y a un combat qui traverse toute sa vie, c’est bien celui de son engagement culturel dont il a érigé l’expression de la manière la plus éclatante, honnête et constante, en se vouant à la promotion et la reconnaissance de la langue créole. Ses ouvrages, poèmes, traductions, pièces de théâtre, servent tous un objectif : l’édification et l’épanouissement d’un pays qui aspire à être pleinement souverain, désaliéné, socialiste. Mais cette réalité, dit-il, ne peut être atteint sans la ‘mauricianisation’ de notre système éducatif, qui perpétue les inégalités sociales pour reproduire les mêmes « valeurs » chères à des élites/communautés dirigeantes, aux affaires de l’État et dans la vie économique.
‘The Lotus Flower, A conversation with Dev Virahsawmy’, par Loga Virahsawmy
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