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Litige MK/Yogita Babboo-Rama en toile de fond : le Travail étudie le cas des employés non vaccinés interdits d’accès 

Yogita Babboo-Rama et d’autres syndicalistes sortant de leur réunion avec le ministre du Travail lundi.

Le ministère du Travail prévoit des consultations avec celui de la Santé afin de trouver une solution à la situation qu’endurent des membres du personnel de bord d’Air Mauritius depuis février 2022. Ayant refusé de se faire vacciner contre la COVID-19, ces derniers sont en congé sans solde depuis. Parmi se trouve Yogita Babboo-Rama. 

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Quinze membres du personnel de bord d’Air Mauritius sont en congé sans solde depuis février 2022 pour avoir refusé de se faire vacciner contre la COVID-19. Parmi eux figure Yogita Babboo-Rama, présidente de l’Air Mauritius Cabin Crew Association (AMCCA), qui a été licenciée par la compagnie le 10 juillet 2023. Aucune solution n’a été trouvée à leur situation jusqu’à présent. Pourtant, dans tous les autres domaines d’activité, y compris le tourisme, les personnes non vaccinées ont pu reprendre le travail. Les touristes eux-mêmes ne sont plus obligés d’être vaccinés contre la COVID-19 pour entrer sur le territoire mauricien.

Le ministère du Travail a pris en main ce dossier et prévoit des consultations rapides avec celui de la Santé afin de trouver une solution. Les discussions porteront sur l’amendement des Quarantine (COVID-19 Restrictions) Regulations de 2022 selon lesquelles « aucun employé d’une institution spécifiée ne peut y accéder s’il ne présente pas sa carte de vaccination contre la COVID-19, certifiant qu’il a été complètement vacciné ». 

À défaut, l’employé doit présenter un certificat de test négatif de moins de sept jours. Air Mauritius figure parmi ces institutions. En février dernier, la validité de ces règlements a été prolongée jusqu’au 31 août. L’AMCCA a porté plainte contre Air Mauritius devant l’Employment Relations Tribunal (ERT), il y a environ deux ans, au sujet de ce dossier. Le syndicat attend toujours une décision de l’ERT. 

Si Radhakrishna Sadien, négociateur syndical pour l’AMCCA et Yogita Babboo-Rama, estime qu’on peut comprendre que ces personnes n’aient pas pu travailler pendant la pandémie, il fait néanmoins ressortir qu’aujourd’hui, on peut entrer partout sans vaccin, y compris dans les hôpitaux et les aéroports. « Ce n’est pas normal d’empêcher ces personnes de travailler. Nous avons soulevé leur cas durant la réunion que nous avons eue avec le ministre Soodesh Callichurn lundi (31 juillet 2023 ; NdlR). Lui non plus n’a pas trouvé cela normal. Pour nous, c’est un cas flagrant de discrimination », soutient-il. 

Limogeage de la présidente de l’AMCCA 

Air Mauritius maintient avoir agi dans son bon droit

Air Mauritius maintient avoir agi dans son bon droit en limogeant Yogita Babboo-Rama. La compagnie l’accuse de ne pas s’être présentée à un conseil disciplinaire suivant des propos tenus dans une émission radio. Par contre, la direction précise qu’elle « respectera et coopérera avec toutes les procédures légales initiées ». Elle se dit prête à fournir toutes les informations supplémentaires demandées par l’autorité compétente. Dans un communiqué émis lundi, elle rappelle que Yogita Babboo-Rama « a enfreint son contrat de travail lorsqu’elle a fait des déclarations diffamatoires, non fondées, erronées, trompeuses, inexactes et/ou incorrectes » à la radio. La direction précise que cela « a causé de graves préjudices à la réputation d’Air Mauritius ». Elle précise qu’elle a offert de nombreuses occasions à la syndicaliste pour qu’elle s’explique. « Cependant, elle a refusé. La société n’a donc eu d’autre choix que de mettre fin à son emploi, conformément à la loi. » Air Mauritius indique que sa priorité est de maintenir les normes les plus élevées de professionnalisme et d’intégrité au sein de son organisation et dans la gestion de cette affaire.

Une cause au-delà d’un bras de fer  

L’affaire, selon l’avocat Dev Ramano, dépasse le simple cadre d’un bras de fer entre une syndicaliste et une société d’État. « Ce qui est fondamental dans cette affaire, c’est le respect des articles 12 et 13 de la Constitution et des articles 29, 30 et 31 de l’Employment Relations Act (ERA) », affirme-t-il. Les deux sections de la Constitution auxquelles il fait référence parlent de liberté d’expression et de liberté d’association, tandis que les trois articles de l’ERA portent sur le « right to workers to freedom of association », la « protection of trade union of workers against acts of interference » et la protection contre la discrimination et la victimisation. « Air Mauritius reconnaît une série de syndicats, dont l’AMCCA. Elle vient dire à la présidente de ce syndicat que sa déclaration faite en tant que syndicaliste est une entorse. Cela signifie-t-il qu’au sein des compagnies d’État, tout ce qui est dit par les syndicalistes doit être contrôlé ? Pour moi, on bafoue la Constitution et l’ERA », dit-il. Il affirme que dans cette affaire, il est beaucoup question de rapport de force. « Plus le rapport de force est en faveur de Yogita Babboo-Rama à travers la pression du public et de la presse, plus les autorités et Air Mauritius devront reculer. » Le fait que le ministre Callichurn transmette l’affaire à l’ERT permettra « au tribunal de statuer qu’on ne peut pas limoger une personne sur la base de ses actions syndicales. Il est temps de mettre un frein aux entraves ».

Manifestation maintenue à Port-Louis 

Ce mercredi 2 août 2023, à 11 heures, au centre Marie Reine de la Paix, Port-Louis, le comité de soutien à Yogita Babboo-Rama compte sur une bonne mobilisation. La marche est maintenue même si une ligne de communication a été ouverte entre la syndicaliste et le ministère du Travail. « Il faut que nous maintenions la marche car elle vise à sensibiliser les gens à propos de ce cas mais aussi au sujet d’autres. Puis, faisons ressortir qu’Air Mauritius maintient sa position jusqu’ici. Elle a la tête dure », affirme Radhakrishna Sadien, négociateur syndical.

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