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L’influence des Fake News et Deep Fakes sur les élections - Raviraj Beechook : «Tous les coups seront permis et visibles»

De g. à d. : Abdallah Goolamallee, Raviraj Beechook et Akilesh Mungur.

Législatives 2024 : Les réseaux sociaux influencent-ils les élections ? C’était le thème de l’émission Au cœur de l’info sur Radio Plus, le 3 septembre. Élodie Domun et ses invités ont abordé l’impact des « Fake News » et des « Deep Fakes » sur la prochaine campagne électorale.

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Raviraj Beechook, responsable de la communication du Parti travailliste, estime que « la prochaine campagne électorale sera un prolongement de l’arène politique où tous les coups seront permis et visibles ». Il met en garde contre les potentielles manipulations de l’information et évoque l’impact des « Deep Fakes ». Dans ces vidéos, des images truquées utilisent l’intelligence artificielle pour remplacer le visage d’une personne par celui d’une autre.

Il explique que les auteurs de « Deep Fakes » sur les réseaux sociaux sont souvent difficiles à identifier. Car ils se cachent derrière de faux profils. Il est même possible, ajoute-t-il, que certains de ces individus soient à l’étranger. « Le temps nécessaire pour informer les internautes qu’il s’agit d’un Deep Fake peut permettre à la vidéo d’être visionnée jusqu’à 500 000 fois, voire 1 million de fois. De plus, les vidéos à connotation négative ont tendance à récolter plus de vues que les vidéos positives », estime-t-il.

Pour Raviraj Beechook, les procédures actuelles ne permettent pas une intervention rapide et efficace. « Le temps nécessaire pour porter plainte, en tenant compte des outils rudimentaires dont dispose la police à Maurice, le temps de retracer l’adresse IP de la personne qui a posté la vidéo et d’entreprendre une action, fait que c’est souvent déjà trop tard », explique-t-il.

Il fait observer qu’en Inde, où des élections ont eu lieu récemment, les autorités ont mis en place des directives pour réguler ce type de contenu. « Mais à Maurice, la commission électorale n’a pas encore abordé ce sujet. Elle aurait pu, par exemple, convoquer les secrétaires généraux ou les présidents des partis politiques pour discuter du problème et élaborer une charte, ce qui n’a pas été fait », déplore-t-il.

Failles

L’universitaire et observateur Abdallah Goolamallee partage l’avis de Raviraj Beechook selon lequel tous les coups seront permis lors de la prochaine campagne électorale. Malheureusement, on ne pourra pas faire grand-chose. « Il y a trop de failles », estime-t-il.

Abdallah Goolamallee estime que la constance dans les discours fera la différence lors de la prochaine campagne électorale. « La constance dans les propos réduit naturellement le risque de dérapage. Elle met à l’abri des vidéos, sorties de leur contexte. En revanche, l’absence de constance ouvrira la porte à des modifications de vidéos et à des captures d’écran », ajoute-t-il.
Akilesh Mungur de Linion Moris a lancé un appel en faveur d’une « campagne propre » qui soit « libre et équitable ». « Privilégions les débats d’idées et ne tombons pas dans la bassesse », a-t-il exhorté. Akilesh Mungur précise que Linion Moris n’a pas recours à la création de « trolls ». Ce sont des contenus qui provoquent une réaction chez les autres. 

« Nous ne faisons que reprendre des paroles déjà prononcées. C’est pour cette raison que nous disons qu’il ne suffit pas de changer les personnes à la tête. Il est utile de réformer tout le système », explique-t-il. Il invite la population à ne pas croire à tout ce qui est avancé, mais uniquement à ce qu’ils voient et entendent

Impact 

Il a également été question de l’impact des réseaux sociaux lors de la prochaine campagne électorale. Raviraj Beechook estime que ces plateformes ne seront pas déterminantes lors des élections à venir. Il prévoit un « changement de paradigme » dans la communication des partis politiques et des politiciens. Et selon lui, les réseaux sociaux joueront un rôle clé dans la transmission et la réception de l’information.

Abdallah Goolamallee considère que les réseaux sociaux pourront influencer les élections « dans une certaine mesure ». Mais il ne croit pas que leur impact sera aussi significatif qu’en 2014. « La communication politique évolue, et nous avons franchi un cap. Les réseaux sociaux auront un rôle, mais ne seront pas au centre du processus. » Selon lui, la population privilégie le contact humain. 

Akilesh Mungur, de Linion Moris, est d’avis que 86 % de la population possède un smartphone et que 75 % des utilisateurs ont accès à Internet. « Lors d’un sondage, une grande partie des 18-25 ans a déclaré que, lors des élections de 2019, c’est grâce aux réseaux sociaux qu’ils ont pu décider vers quel parti s’orienter », précise-t-il. 

Akilesh Mungur indique également que les personnes qui craignent des « représailles » préfèrent éviter les meetings et les rassemblements politiques. Les réseaux sociaux leur offrent une plateforme pour s’exprimer sans peur ni contrainte. « Nous ne négligeons pas le terrain, mais il est tout aussi important de maintenir l’élan et d’utiliser les réseaux sociaux de manière appropriée », conclut-il.

Me Kailash Trilochurn : « Il faut un code de conduite »

Intervenant par téléphone, l’avocat et membre du Reform Party, Kailash Trilochun, a mis en avant que la section 46 de l’Information and Communication Technology Act prévoit de sanctionner une personne qui diffuse des mensonges portant préjudice à autrui. « Un parti peut engager une personne ou un groupe pour diffuser des mensonges sur quelqu’un. Et c’est une infraction. L’intelligence artificielle permet de créer des vidéos truquées dans lesquelles une personne semble dire des choses qu’elle n’a pas dites. »

Me Kailash Trilochun avance qu’il y a peu de chances que cette pratique soit efficacement contrôlée, en raison de la lenteur administrative de la justice. « Il est compliqué de solliciter une injonction auprès d’un juge. »  nMe Kailash Trilochun suggère que les partis politiques parviennent à un consensus pour mener une campagne propre. « Il est essentiel d’élaborer un code de conduite », recommande-t-il. Il admet néanmoins qu’il y aura toujours des dérapages individuels.

 

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