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Lindsey Collen : « ReA n’est pas un parti de gauche » 

La réforme de la pension de vieillesse ravive les lignes de fracture entre Lalit et Rezistans ek Alternativ. Lindsey Collen accuse ReA d’avoir abandonné la gauche et fustige le ciblage social prôné par le gouvernement. Lalit affiche une opposition ferme par rapport à la réforme du Basic Retirement Pension (BRP), notamment au projet de repousser progressivement l’âge d’éligibilité de 60 à 65 ans. 

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Lindsey Collen, dirigeante du parti, dénonce cette mesure comme une atteinte au droit à la pension de vieillesse - un terme qu’elle juge plus juste et approprié que celui de Retirement Pension. « Une femme au foyer ou un laboureur qui n’a pas de retraite formelle a quand même droit à cette pension à 60 ans. Ce n’est pas une retraite, c’est un droit lié à l’âge », dit-elle. Elle évoque, à titre d’exemple, les laboureurs des compagnies sucrières, qui peuvent cesser leur activité dès 45 ans, mais doivent attendre quinze années pour bénéficier de cette pension. 

« Ce décalage est injuste », insiste-t-elle. Pour Lalit, la pension doit rester universelle, sans condition de ressources ni de statut professionnel. « Nous sommes contre toute tentative de ciblage. » La dirigeante s’insurge contre une logique de ciblage social qui, selon elle, stigmatiserait les personnes vulnérables. 

« Enn dimoun vilnerab ou bien ki mizer, ou pa fer siblaz kont li », dit-elle. Pour elle, si le gouvernement manque d’argent, la solution ne doit pas passer par une restriction de l’accès à la pension, mais par une révision des recettes. Elle propose ainsi un système de « clawback » : un mécanisme permettant de récupérer, par la taxation, l’argent distribué à ceux qui n’en ont pas besoin. « Kan ou pe sible dimoun ris, li pe amenn la zistis sosyal à la manière de Robin des bois », affirme-t-elle. 

Lindsey Collen met également en garde contre les lourdeurs bureaucratiques qu’impliquerait un tel système de ciblage. Selon elle, les plus vulnérables n’auraient ni les moyens ni les connaissances nécessaires pour naviguer dans un dispositif aussi complexe. « Ce qui coûtera plus cher finalement. » 
Pour Lindsey Collen, l'injustice réside dans le fait que, depuis quarante ans, les plus riches se sont enrichis sans payer leur juste part d’impôts, tandis que les plus pauvres se sont appauvris. C’est dans ce contexte qu’elle revient à la charge contre Rezistans ek Alternativ (ReA) et son ministre, Ashok Subron. « La population est en colère contre eux parce qu’ils connaissent cette réalité », dit-elle. Elle rappelle que ReA est né d’une scission avec Lalit il y a une vingtaine d’années. À ses yeux, les fondateurs de ReA ont quitté non seulement le parti, mais aussi « la lutte pour le socialisme ». 
Elle affirme que ReA n’a jamais réellement parlé le langage de la gauche, mais a préféré un discours « populaire » qui englobe indistinctement le patronat et la population. « Le mauricianisme, tel que défendu par ReA, inclut aussi les patrons. Ce n’est pas un positionnement de gauche », déclare-t-elle. Enfin, elle reproche à ReA de n’avoir pas abordé la réforme de la pension dans son programme électoral, tout en réclamant aujourd’hui une large consultation. Pour elle, cette posture manque de cohérence.

Jean Marie St-Cyr

 

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