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Lindley Couronne : «Les dynasties Ramgoolam - Jugnauth nous ramènent au moyen âge...»

Lindley Couronne

Dans cette entrevue Lindley Couronne, directeur du Secrétariat régional de Droits Humains Océan Indien (DIS-MOI) passe en revue l’actualité de la région Sud-Ouest Océan Indien et locale.

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Quelle est votre analyse de la situation des droits humains dans le Sud-Ouest de l’océan Indien ?
On pourrait dire qu’il y a un léger mieux. Madagascar a eu des élections présidentielles relativement ‘fair and free’ avec une stabilité post électorale appréciable. Aux Seychelles on entrevoit un vent de changement et la chape de plomb politique qui pesait sur le pays commence à disparaître. Évidemment, nous ne sommes pas satisfaits des méthodes du prestidigitateur politique qu’est Azali Assoumani aux Comores où il reste encore beaucoup à faire. Et Mayotte reste Mayotte, un vol en plein jour commis par l’État français avec tous les problèmes qui en découlent.

Vous ne parlez pas de Maurice ?
Ah Maurice ! Même si superficiellement nous pouvons dire que nous avons une alternance démocratique depuis l’indépendance, rare sur le continent africain, nous avons des problèmes systémiques qu’il nous faudra résoudre. Les dynasties Ramgoolam-Jugnauth nous ramènent au moyen âge et il est grand temps que le peuple ne se laisse pas abrutir et se révolte contre cette sclérose politique.

Et quid de vos filiales Dis-Moi dans la région?
Nous sommes pleinement satisfaits de l’équipe jeune et dynamique en place à Madagascar emmenée par le duo Rado-Landy (respectivement directeur et présidente de Dis-Moi Madagascar). Ils ont institué un certain nombre de commissions, ont organisé un team building et avec peu de moyens jusqu’ici ont commencé à se faire connaître de la société civile. Il nous faudra être patient, mais je suis convaincu que cette équipe s’installera dans le temps. Aux Seychelles, nous venons tout juste de débuter et là aussi avec Eline Moses à la tête de l’équipe la mayonnaise devra prendre. Nous sommes en retard sur notre planification pour les Comores, mais il nous faudra juste un peu plus de temps.

Le pays n’est pas intéressé par cette lutte à mort dynastique et nous citoyens devrons le dire haut et fort.»

Certains ne comprennent pas l’exclusion de Mayotte et la Réunion dans votre planification ! Pourquoi les ostraciser ?
Nous n’avons rien évidemment contre les citoyens réunionnais ou mahorais. D’ailleurs, nous avons la volonté de les intégrer dans notre Amicale des peuples de l’océan Indien. Disons que notre motivation de les exclure de la grande stratégie Dis-Moi dans le Sud-Ouest de l’océan Indien est idéologique.

Revenons à l’actualité locale et politique de Maurice. Vous êtes très critique du gouvernement, mais si vous aviez à choisir une bonne mesure de ce présent mandat ?
Incontestablement le revenu minimal est fixé à Rs 9 000. Il ne faut pas oublier que sous Ramgoolam et les précédents gouvernements des travailleurs mauriciens bossent pour Rs 1 500 à temps plein ! Ce qui était scandaleux! Mais je voudrais vous reprendre au sujet de ma position critique.

Ah vous y venez ! Que reprochez-vous au gouvernement ?
Ce que je reproche à ce gouvernement, en tant que citoyen, c’est qu’il a été élu pour améliorer la gouvernance de ce pays et consolider nos institutions démocratiques, mais en réalité, il l’a affaiblies. Le EOC du gouvernement Ramgoolam était nettement plus performant que l’actuel. Bon, la NHRC, n’en parlons pas ! Ils ont enlevé Lassémillante et Ramanjooloo et ont employé la femme d’un membre du MSM qui est allergique aux prisons alors qu’elle est payée pour améliorer les conditions des prisons mauriciennes ! Ce gouvernement a été désespérant souvent !

Et avec votre expérience que voyez-vous dans votre boule de cristal pour les élections législatives ?
Je ne vais pas vous dire pour quel parti je vais voter quand même ! Et je ne ferai pas de commentaires de politique partisane. Mais j’avoue que j’ai peur que le pays ne s’embarque dans une longue aventure de vendetta politique. J’ose espérer que la sagesse prévaudra et que l’intérêt supérieur de notre république sera dans la tête de ces animaux politiques.

Comment en est-on arrivé là, selon vous ?
Voyez-vous, il y a eu pendant longtemps dans ce pays ce que j’appelle un pacte avec les loups, c’est-à-dire qu’il y avait un accord tacite entre politiciens pour ne pas déterrer les ‘scandales’ du précédent régime et surtout de ne pas s’attaquer entre eux. On a oublié qu’en fait, c’est Ramgoolam qui rompt le pacte en faisant arrêter Pravind Jugnauth pour les propos de ‘gouvernement pédophile’ à l’époque du scandale MITD. Son avocat Roshi Bhadain le défendra et prouvera que des centaines de sms avaient été effectivement envoyés par l’enseignant. Lorsque les Jugnauth prennent le pouvoir Ramgoolam sera aussi arrêté et humilié.

Le pays n’est pas intéressé par cette lutte à mort dynastique et nous citoyens devrons le dire haut et fort.

Le mot de la fin ?
À Maurice, les partis politiques viennent avec leurs programmes à la veille des élections. Dis-Moi viendra bientôt avec un manifeste électoral où nous ferons des propositions concrètes pour améliorer l’État de droit dans ce pays. Souhaitons que les politiciens de tous partis confondus viennent nous proposer le type de société qu’ils veulent nous offrir. Et que les citoyens sachent exiger un programme qui installera Maurice dans la modernité au lieu de nous engluer dans le marécage moyenâgeux de la vendetta.

Propos recueillis par Ny Onja Hon Fat

 

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