L'Inde espère mercredi réaliser le premier alunissage sur le pôle Sud de la Lune et intégrer le club très fermé des grandes puissances spatiales, quelques jours après le crash d'une sonde russe dans la même région.
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Quatre ans après une tentative ratée, le pays le plus peuplé du monde espère rejoindre les États-Unis et la Russie parmi les nations qui ont réussi un alunissage maitrisé, en menant pourtant nombre de ses missions à des coûts bien moindres.
Chandrayaan-3, qui signifie "vaisseau lunaire" en sanskrit, devrait se poser peu après 18H00 locale (12H30 GMT) près du pôle Sud lunaire peu exploré.
Cette nouvelle tentative du programme indien, en plein essor, intervient quatre ans après un échec cuisant, l'équipe au sol ayant perdu le contact avec l'engin peu avant l'arrivée sur la Lune.
Développé par l'Organisation indienne pour la recherche spatiale (ISRO), Chandrayaan-3 comprend un module d'atterrissage baptisé Vikram, signifiant "vaillance" en sanskrit, et un robot mobile, appelé Pragyan ("sagesse" en sanskrit) pour explorer la surface de la Lune.
Cette mission se déroule quelques jours seulement après que Luna-25, la première sonde à être lancée par la Russie vers la Lune depuis 1976, s'y est écrasée.
Chandrayaan-3, lancée il y a six semaines, a été plus lente à atteindre la Lune que les missions américaines habitées Apollo des années 1960 et 1970, qui y étaient parvenues en quelques jours.
- "Confiants" -
La fusée indienne est en effet beaucoup moins puissante que la Saturn V, la fusée du programme lunaire américain. Elle a dû effectuer cinq ou six orbites elliptiques autour de la Terre pour gagner en vitesse, avant d'être envoyée sur une trajectoire lunaire d'une durée d'un mois.
Vikram s'est détaché de son module de propulsion la semaine dernière et transmet des images de la surface de la Lune depuis son entrée en orbite lunaire le 5 août.
Une fois qu'il aura atterri, un rover fonctionnant à l'énergie solaire explorera la surface et transmettra des données à la Terre pendant deux semaines.
L'ancien chef de l'espace indien, K. Sivan, estime que les dernières photos transmises par la mission indiquent que la dernière étape du voyage devrait être couronnée de succès.
Selon M. Sivan, les ajustements apportés après l'échec d'il y a quatre ans devraient permettre que "tout se passe bien".
"Chandrayaan-3 va s'y prendre avec plus de robustesse", a-t-il dit à l'AFP ajoutant être "confiant".
- Navigation "en douceur" -
A la veille de l'atterrissage, l'ISRO a indiqué sur les réseaux sociaux que le processus en vue de l'alunissage se déroulait comme prévu et que le centre de contrôle "vibrait d'énergie et d'excitation".
"La navigation se poursuit en douceur", a précisé l'agence spatiale sur X (ex-Twitter).
Le programme aérospatial indien est doté d'un budget relativement modeste mais qui a été considérablement augmenté depuis sa première tentative de placer une sonde en orbite autour de la Lune en 2008.
Cette mission indienne, d'un coût de 74,6 millions de dollars (66,5 millions d'euros), selon les médias, bien inférieur à celui des autres pays, témoigne d'une ingénierie spatiale frugale.
Selon les experts du secteur, l'Inde parvient à maintenir des coûts bas en reproduisant et en adaptant la technologie spatiale existante à ses propres fins, notamment grâce à l'abondance d'ingénieurs hautement qualifiés bien moins payés que leurs confrères étrangers.
La précédente tentative d'alunissage en 2019, qui coïncidait avec le 50e anniversaire de la première sortie sur la Lune de l'Américain Neil Armstrong, avait coûté 140 millions de dollars (124 millions d'euros), soit près du double du coût de la mission actuelle.
Premier pays asiatique à placer un satellite en orbite autour de Mars en 2014, l'Inde devrait lancer une mission habitée de trois jours en orbite terrestre d'ici l'année prochaine.
Pour M. Sivan, les efforts de l'Inde pour explorer le pôle sud lunaire apporteraient une contribution "très, très importante" aux connaissances scientifiques.
Seuls la Russie, les Etats-Unis et la Chine ont déjà réussi un atterrissage contrôlé à la surface lunaire.
© Agence France-Presse
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