Société

L’impact de la technologie sur la génération Z

Plus qu’une simple échappatoire, la technologie dirige la vie de nombreux jeunes. Téléphones portables, tablettes tactiles et autres gadgets électroniques les suivent partout dans leur quotidien. Une forme d’addiction qui peut, à la longue, devenir néfaste, soutiennent certains experts, car beaucoup sont souvent déconnectés de la réalité... Un enfant de 11 ans s’est fait filmer nu par ses amis de classe. Ce qui pousse à remettre en question l’utilisation de la technologie et surtout des téléphones portables par les jeunes. Certains l’utilisent pour rompre la solitude, d’autres pour faire comme les autres. Face à la pression des amis et l’influence de la publicité, la jeune génération s’y prend de plus en plus tôt et donne une place de choix à la technologie dans leur vie. Les accessoires technologiques, synonymes de statut social, envahissent les salles de classes. « Plus il est grand et moderne, plus vous avez une meilleure réputation », explique Jeff, 15 ans. De nos jours, il semble que c’est la technologie qui dirige leur vie. Alors que les SMS commencent à disparaître, il existe de nos jours d’autres moyens plus simples pour les jeunes de socialiser, notamment à travers les réseaux sociaux ou encore des applications nécessitant Internet qui leur permettent d’envoyer des messages et de téléphoner gratuitement. « Ma fille ne me parle plus, elle reste collée à son portable, matin, midi et soir. Et pendant les vacances, elle préfère regarder des séries en ligne ou chatter avec ses amis plutôt que sortir avec la famille », déplore Geneviève, mère d’une adolescente de 14 ans. Face à cette montée en puissance de la technologie, certains parents se sentent « dépossédés », difficile pour eux de suivre le rythme. « Je n’ai plus aucun contrôle sur mon fils Atish. J’ai essayé à maintes reprises de lui confisquer son portable, mais il en a besoin lorsqu’il a des leçons jusqu’à tard. J’ai finalement cédé », raconte un père qui, malgré son autorité, a dû lâcher prise. « Il a déjà des problèmes au collège à cause de l’utilisation abusive de son portable même pendant les heures de classe. Mais, à ce niveau, ce sont aux enseignants d’être plus sévères », estime-t-il.

« Perte de la notion des priorités »

Manque d’autorité parentale ou génération en déphasage? Les enseignants se posent la question. « Les jeunes sont tellement subjugués par leurs téléphones, tablettes tactiles qu’ils perdent la notion des priorités. Les études passent après leur vie en ligne. Bannir les téléphones ne changera rien parce qu’ils sont attirés par les interdits et trouveront quand même un moyen de les utiliser en douce », explique Rachel Ah Kee, enseignante en langues. Notre interlocutrice blâme pour sa part les parents. « Je pense que certains parents devraient s’impliquer davantage dans l’éducation de leurs enfants », ajoute-elle. Idem pour Zaira, enseignante de français au niveau secondaire : « Ce sont les parents que je blâme dans l’histoire. Ils ne devraient pas acheter des téléphones portables aussi sophistiqués pour leurs enfants. Les jeunes en Form III et V sont les plus difficiles à gérer. Les portables devraient être interdits à l’école. Nous avons eu droit à plusieurs incidents, notamment des élèves visionnant des films pornographiques sur leur portable et se masturbant ou un autre qui a été renvoyé pour avoir filmé sous la jupe de son enseignante ». Le manque de maturité est un facteur qui entre en jeu. Beaucoup ne savent pas faire la différence entre les moments adéquats pour utiliser leur téléphone et les moments où il faut le ranger. « J’emmène mon portable partout, sous la douche et même aux toilettes. Je me réveille avec et m’endors avec. Dès que j’ouvre les yeux, je consulte mes notifications sur Facebook », avoue une élève de Form 4. Elle affirme être prête à braver les interdits pour pouvoir utiliser son téléphone portable en classe. « J’ai déjà caché mon portable dans ma chaussure lors d’une inspection », nous confie-t-elle. Pour Roselyne Thomas, rectrice dans le métier depuis 33 ans, l’importance est que l’élève utilise la technologie à bon escient. Elle soutient qu’il existe d’autres dangers, même si les portables sont interdits. « Les élèves persistent et continuent à emmener leurs téléphones portables et autres gadgets électroniques à l’école et cela engendre des problèmes de vols. Plus ceux-ci sont sophistiqués, plus cela crée des tentations auprès de ceux qui n’ont pas les moyens de s’en procurer », explique celle qui a vu passer plusieurs générations d’élèves sous ses yeux. Cependant, elle est aussi d’avis que la technologie a aussi ses avantages, notamment pour les parents qui doivent communiquer avec leurs enfants qui étudient à l’étranger.

Et même dans le primaire !

[[{"type":"media","view_mode":"media_large","fid":"3781","attributes":{"class":"media-image alignright wp-image-5705","typeof":"foaf:Image","style":"","width":"400","height":"267","alt":"Technologie"}}]]Ce phénomène s’étend de plus en plus dans le primaire, indique Vinod Seegum, président de la Government Teachers Union. « La majorité des élèves de Std IV et V ont des téléphones portables. Les enfants sont de plus en plus précoces. L’enseignant passe son temps et son énergie à rappeler ses élèves à l’ordre à longueur de journée. Je pense que le ministère devrait émettre une circulaire pour informer qu’il y a des téléphones dans les bureaux qui sont à la disposition des élèves en cas d’urgence. L’association des parents élèves, les parents et des représentants du ministère doivent se réunir pour discuter de ce problème », martèle notre interlocuteur. [row custom_class=""][/row]
 

Surendra Nowbuth, sociologue: « Cela a un effet néfaste sur l’enfant »

La technologie a pris une place prépondérante dans la vie des jeunes… Qu’est-ce qui explique un tel phénomène ? Chaque génération apporte son lot d’innovations. Avec la capitalisation, les experts ont identifié leurs ventes et la technologie a été le bon filon. Les smartphones ont touché plusieurs générations, mais, ce sont surtout les jeunes qui ont été ciblés. Au début, l’objectif était de permettre de communiquer. Mais, avec l’arrivée des réseaux sociaux qui répondaient aux besoins et aspirations des jeunes, bon nombre d’entre eux qui se sentaient alors perdus ont commencé à s’identifier aux réseaux sociaux. Cela leur a permis d’affirmer leur identité. Est-ce que la technologie, portables, tablettes et autres contribuent à former une génération d’insociables ? Bien sûr. Une cybercommunauté s’est créée, les jeunes passent tout leur temps sur Internet au détriment des interactions physiques. Passer plus de trois heures sur un cellulaire diminue la qualité de la vie et laisse moins de temps aux jeunes d’assimiler les valeurs inculquées par les parents. La technologie a un effet néfaste sur le développement de l’enfant et le rend insociable. Je pense aussi que cela joue sur les nerfs et contribue à la violence, les gens sont plus agressifs et moins courtois. Comment les contrôler lorsque cela devient un abus ? Cela dépasse le concept du droit de l’enfant. Ni les parents, ni les enseignants n’ont de contrôle sur les enfants, leur autorité est érodée. Mais ce sont les parents les plus grands fautifs. Au fil des années, et avec l’avancée de la technologie, les jeunes n’ont plus la notion des valeurs. C’est facile pour un enfant de connaître les faiblesses des parents. Je pense que l’État a passé l’éponge sur les problèmes familiaux et s’est concentré sur l’éducation. Nous vivons dans un monde en constante évolution. À quel âge est-ce qu’un parent peut offrir un portable à un enfant ? Cela dépend du degré de maturité de l’enfant et de la culture de la famille. Si un parent utilise lui-même la technologie devant son enfant, comment lui interdire d’en faire de même ? Au début, nous les autorisons à utiliser pour jouer, par la suite, ils veulent découvrir autre chose et c’est difficile pour un adulte de tout surveiller. Est-ce que la technologie devient une arme de destruction sociale ? Oui, si elle est utilisée abusivement. Elle est la cause de la fragilisation de la société. À un jeune âge, l’enfant ne sait pas faire la différence entre le bon et le mauvais. La technologie contribue à ce que les jeunes se mettent en retrait de la vie sociale. Quelle est la limite ? Tout individu a le choix. Comme leurs parents, pour certains jeunes, le portable est le reflet de leur statut social. Certains parents ont pour perception qu’un portable aidera un enfant dans son développement intellectuel. De nombreux jeunes ne connaissent pas leurs limites et l’impact psychologique de leurs actes. Tout cela va s’aggraver avec le temps si nous n’agissons pas.
 

Sandrine, enseignante: « J’ai peur qu’on fasse une vidéo de moi »

L’utilisation de la technologie peut aussi franchir d’autres frontières. Comme dans le cas du jeune garçon qui s’est fait filmer nu par ses camarades, ou encore de celui d’une jeune ado dont une vidéo d’elle se faisant tabasser par ses amies en classe avait créé le buzz sur les réseaux sociaux et dans la presse. Sandrine nous raconte son expérience à ses débuts dans le professorat. « C’était un stress perpétuel pour moi d’écrire au tableau, je craignais qu’un élève sorte son portable et fasse une vidéo de moi. J’entendais des rires au fond de la classe », nous confie-t-elle. Mesquinerie, moquerie, les messages fusent entre élèves pendant les heures de classe aussitôt que le professeur a le dos tourné, indique-t-elle.
 

Lindsay Thomas, vice-recteur au Collège du Saint-Esprit: « Il faut dédiaboliser la technologie »

« Nous mettons entre les mains des jeunes des outils sans faire d’abord leur éducation en matière de technologie. Il est impossible de contrôler l’utilisation des portables, malgré la discipline. C’est seulement quand il y a quelque chose de répréhensible que nous sévissons. Si nous devons courir après les jeunes, nous allons nous épuiser. Il ne faut pas voir que l’aspect négatif toutefois, il faut que nous puissions développer un protocole et dédiaboliser la technologie ».
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