« Les politiques publiques qui maintiennent les jeunes mères dans le statut de femmes au foyer m’interpellent », commente Lillka Cuttaree, en réaction à l’allocation de Rs 2 000 pour les femmes au foyer proposée dans le manifeste électoral de l’Alliance Lepep. « Dans les environnements toxiques, il faut doublement s’assurer que les femmes conservent cette autonomie économique pour sortir du cycle de violence », ajoute la diplômée de l’université de Harvard, économiste, entrepreneuse et consultante en politique de développement.
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Comment définit-elle une femme au foyer ? Il s’agit d’une femme qui se consacre à l’harmonie familiale et qui ne participe à aucune forme de travail rémunéré, explique la directrice de la JKC Foundation, qui est très investie dans les initiatives à impact social. Si des raisons diverses, dont culturelles, peuvent pousser certaines femmes à rester au foyer, Lillka Cuttaree constate que ce rôle apparaît souvent après la maternité, conduisant un certain nombre de femmes à sortir du marché du travail.
« On estime que les femmes effectuent des tâches non rémunérées quatre fois plus souvent que les hommes. Cela englobe aussi bien les tâches ménagères que le suivi scolaire et parfois même le ‘Silver Care’ », souligne-t-elle. Certaines se lancent également dans des activités génératrices de revenus informelles, devenant ainsi entrepreneuses à temps partiel.
Raison : beaucoup de ménages ne peuvent vivre d’un seul revenu, d’où l’importance des activités informelles.
Quelle est la valeur économique et sociale du travail non rémunéré des femmes au foyer ? « Ce qui est certain, c’est qu’elle représente une valeur économique non négligeable, mais souvent méconnue et pas du tout mesurée. On sait qu’à Maurice, le niveau de travail non rémunéré pour une femme qui travaille représente environ quatre heures de plus que pour un homme, donc nous pouvons calculer les heures de travail », souligne Lillka Cuttaree.
La femme au foyer est-elle suffisamment reconnue dans notre société ? À cette question, Lillka Cuttaree répond que la femme au foyer est souvent invisible, car son rôle est fréquemment défini uniquement par l’insertion professionnelle. Pourquoi ? « Parce que la femme au foyer, au sein du couple, est celle qui réalise la majeure partie des tâches qualifiées de ménagères, de l’épanouissement des enfants aux activités de divertissement. » D’ailleurs, elle estime que l’invisibilité est le plus grand défi auquel sont confrontées les femmes au foyer en situation de précarité. « C’est parfois très dur, mais ce sont souvent des choix de vie », dit-elle.
C’est pourquoi elle pense que le rôle des politiques publiques est d’encourager les femmes à regagner leur autonomie en les réinsérant dans le cycle économique. Quels types de mesures pourraient avoir un impact plus durable pour améliorer la vie des femmes au foyer ? Il faut surtout revaloriser la responsabilité parentale tant au niveau familial que social, affirme Lillka Cuttaree. « Il est nécessaire de faire des campagnes de sensibilisation et de travailler avec le secteur privé. Beaucoup de femmes se retrouvent femmes au foyer parce que les structures de soutien comme les crèches ne leur permettent pas de travailler à temps plein. Donc, parfois, il faut faire des choix. Nous devons créer des écosystèmes qui fonctionnent pour les femmes. »
Comment une femme au foyer issue d’un milieu aisé percevrait-elle l’allocation de Rs 2 000 proposée par l’Alliance Lepep ? « Je pense que nous aurions dû proposer cette mesure de façon ciblée. Évidemment, la femme issue d’un milieu aisé sera très peu concernée par cette mesure », conclut la candidate indépendante dans la circonscription n°19 (Stanley/Rose-Hill).
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