
Savoir lire et écrire ne garantit pas toujours la compréhension ni l’application d’un texte dans la vie quotidienne. C’est ce que les spécialistes appellent l’illettrisme fonctionnel.
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« Une personne peut savoir déchiffrer quelques mots ou écrire son nom, mais avoir de grandes difficultés à remplir un formulaire de banque ou administratif, voyager par le bus, comprendre une ordonnance médicale, lire une consigne ou encore envoyer un message simple », explique Josian Labonté, responsable du Service formation et coordonnateur du programme d’alphabétisation fonctionnelle au sein de Caritas Île Maurice.
es difficultés touchent des domaines essentiels du quotidien. « Les principales difficultés apparaissent dans les démarches administratives, le domaine de la santé, le numérique et parfois dans leur environnement professionnel », précise Josian Labonté. Remplir un formulaire, comprendre une prescription ou utiliser une application mobile devient un véritable défi pour beaucoup d’apprenants.
Pour accompagner ces personnes, les formateurs adoptent des méthodes sur-mesure. « Nous adoptons une pédagogie inclusive, une méthode qui reconnaît que les apprenants ont besoin de supports adaptés à leur rythme et à leurs besoins », explique Laurenza Ross, enseignante à l’Association d’alphabétisation Fatima.
L’approche est résolument pratique. « Les séances partent de situations vécues par les apprenants : compléter un formulaire, faire une liste de courses, lire une facture ou encore comprendre un SMS », ajoute Josian Labonté. L’objectif est clair : donner un sens immédiat à l’apprentissage grâce aux exercices pratiques, jeux de rôle et supports visuels.
Des progrès concrets
Les résultats, bien que progressifs, sont encourageants. « Les évolutions sont encourageantes : plus de confiance en soi, plus d’autonomie dans les démarches quotidiennes, et une meilleure estime personnelle », constate Josian Labonté. Certains apprenants osent ainsi, après quelques mois, signer leur nom pour la première fois, utiliser un téléphone ou se rendre seuls dans une banque. Pour Laurenza Ross, « chaque étape franchie est une grande occasion de valoriser et reconstruire l’estime de soi ».
Les éducateurs en sont convaincus : la clé réside dans la patience et le suivi personnalisé. « La patience est l’essence même de notre vocation. Chaque apprenant arrive avec son vécu et une estime de soi souvent bafouée », fait comprendre Laurenza Ross. Selon elle, des classes à effectif réduit permettent un apprentissage plus ciblé et efficace.
Mais l’illettrisme fonctionnel dépasse le cadre scolaire. « Il faudrait sensibiliser davantage sur ce problème encore trop méconnu et parfois stigmatisé, multiplier les programmes de proximité et adapter les formations aux réalités quotidiennes », recommande Josian Labonté. Il souligne l’ampleur de l’enjeu : « L’illettrisme fonctionnel n’est pas seulement une question d’éducation, c’est aussi une question de dignité et d’inclusion sociale. »

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