Lame dan lame… L’île Maurice a vibré au rythme des Jeux des îles. On parle de solidarité, de fraternité et d’harmonie. Ce sont des sentiments similaires qui animent les inconnus qui ont sorti Tonton Poinen de la rue, pour lui donner une seconde chance. Aujourd’hui, il sourit à la vie…
Une maison, une chambre, un lit et des repas. C’est tout ce dont Tonton Poinen rêvait depuis de longues années. Sauf que les circonstances de la vie l’ont entraîné dans une spirale infernale. Emprisonné par les fléaux, il n’arrivait pas à s’en sortir.
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José Poinen, que tout le monde appelle Tonton Poinen, 59 ans, a vécu dans la rue depuis une dizaine d’années. Il revient sur ces moments pénibles de sa vie : « Je n’ai jamais connu mon père. J’ai toujours vécu avec ma mère. Elle est décédée il y a 10 ans ». C’est à ce moment-là qu’il se retrouve à la rue. « Nous habitions une bicoque en tôle sur un lopin de terre et au décès de ma mère, le propriétaire m’a expliqué qu’il avait besoin de son terrain. Il m’a donné un délai pour partir, mais à chaque fois je devais lui demander du temps supplémentaire, car je n’arrivais pas à trouver de logement. Puis, un jour, j’ai démoli la maison, laissant tout derrière moi. J’ai pris un sac et j’ai marché jusqu’à Rose-Hill. Là-bas, j’ai rencontré un agent de sécurité qui m’a autorisé à passer la nuit derrière le Plaza. Ainsi, tous les jours, j’allais travailler, puis j’allais dormir là-bas. Par la suite, j’ai été chassé par d’autres personnes ».
C’est ainsi que Tonton Poinen débarque à Quatre-Bornes. Encore une fois, de bons Samaritains le laisseront dormir dans la cour de la municipalité, mais pas pour longtemps. Il y a un peu plus de deux ans, il a commencé à dormir devant un magasin renommé à Quatre-Bornes. « Je me réveillais tous les jours à 5 heures et je m’en allais. Un jour, la propriétaire des lieux a débarqué un peu plus tôt et elle m’a vu sur place. Elle m’a demandé si j’étais bien celui qui dormait ici tous les soirs. Au lieu de me chasser, elle m’a dit que je pouvais rester là, du moins tant que le magasin était fermé ».
Il s’y sentait bien, jusqu’à son accident survenu à l’avenue Draper. « J’ai passé un mois à l’hôpital. On m’a mis des vis et je pouvais ni marcher ni travailler. Je pensais que j’allais mourir dans le froid, sous ce magasin, sans personne autour de moi… », lâche Tonton Poinen.
Mais grâce à tous les volontaires qui ont partagé son histoire sur Facebook, plusieurs personnes se sont mobilisées pour lui venir en aide selon leurs moyens. Il n’y croit toujours pas. « Je n’arrive pas à croire que toutes ces personnes me sont venues en aide. Difficile de croire à tout cet amour. À chaque fois que je me regarde dans un miroir, je me dis que je vis un rêve. Mo pa rekonet mwa », dit-il, les yeux brillants. Lorsque nous l’avons rencontré, il regardait les Jeux des îles à la télé, en précisant que cela fait 5 ans qu’il n’avait ni regardé la télé ni pris un bon repas.
« Mo ena enn frer », ajoute-t-il. « Me li ek so madam zot bien strik. Mwa mo ti telma vakabon ki mo pann kapav res ar zot ». José Poinen explique aussi comment il est devenu alcoolique et s’est fait virer de l’abri de nuit. « Je buvais trop. Avant de me rendre au travail, j’avais déjà bu. J’ai même suivi un traitement à l’hôpital Brown-Séquard. Aujourd’hui, cela fait 17 jours que je suis là et je n’ai pas touché à une goutte d’alcool… »
La famille Julie aux petits soins
Cette famille de Plaisance partage avec Tonton Poinen plus qu’un toit et un repas chaud, mais aussi beaucoup d’amour. Sa joie d’être dans cette maison se lit sur son visage. Il les appelle affectueusement « Mama » et « Papa ». Avec beaucoup d’émotion, il nous raconte : « Mama kontan demann mwa ki mo pou manze. Kan mo anvi dite li fer enn termos li donn mwa. Li amen biskwi tou pou mwa et Papa met mwa asize koz ar mwa donn mwa konsey. Mo extra rekonesan anver sa fami la », dit-il.
Les deux enfants du couple expliquent que c’est tout naturellement que toute la famille se dévoue pour Tonton Poinen depuis qu’ils ont appris sur Facebook qu’un homme blessé dormait dans le froid sous un magasin à Quatre-Bornes. C’est Nathan Julie qui en a parlé avec ses parents, Florise et Jean-Luc. Par la suite, il est allé le chercher.
« Dès que nous sommes arrivés, mon frère l’a mis dans la salle de bains pour lui faire prendre un bon bain. Puis, un coiffeur est venu s’occuper de lui et mes parents ont ensuite pris la relève ».
Les deux garçons avancent qu’ils ont tout bonnement suivi les traces de leurs parents. « Depuis que nous sommes enfants, nos parents ne cessent d’accueillir des personnes en difficulté chez nous. Je me rappelle qu’une fois mon père a séparé ma chambre en deux pour y accueillir une personne en détresse ».
Désormais, Tonton Poinen prend le temps de se remettre sur pied. Son objectif est avant tout de se refaire une santé, de trouver un travail et d’avoir une maison. Et si pendant tout ce temps il s’est senti orphelin, aujourd’hui, il ne l’est plus, car Audrey, Davina, Nathan, Jean Luc Florise, Yannick et tant d’autres personnes sont là pour lui et eux ont aussi « enn rev ki fer tam dan zot leker pou Tonton Poinen… »
Vive la fraternité !
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