Lida O'Reilly : de fil en aiguille...

Cette semaine nous nous sommes arrêtés à Curepipe. Plus précisément dans l'atelier de haute couture de Lida O'Reilly. La styliste nous raconte son métier, une passion qui date de son enfance.

« Je me suis mise à la couture après la naissance de mon fils. De bouche-à-oreille, j'ai commencé à me faire un nom »

Dans la pénombre de son atelier qui fait aussi office de magasin, Lida converse avec des clients. Et dans de pareils endroits, on parle toujours et encore chiffons. C'est d'ailleurs inévitable quand chaque recoin de la pièce est drapé de tissu tantôt sur les mannequins tantôt sur des cintres.

Si Lida O'Reilly a pu se faire un nom à Maurice comme à l'étranger, c'est grâce à la passion qui l'anime depuis son enfance. « Je viens d'une famille modeste. J'étais la benjamine d'une famille et j'ai deux soeurs. Du coup, on me refilait toujours les vêtements de mes grandes soeurs. Et quand c'était à mon tour de les porter, je les personnalisais. C'est de là que m'est venue cette passion créatrice pour la mode », raconte-t-elle.

Ce n'est qu'en 1999 que Lida se mettra sérieusement au stylisme. « Je me suis mise à la couture après la naissance de mon fils. De bouche-à-oreille, j'ai commencé à me faire un nom, notamment grâce à mes amies clientes. Au bout de quelque temps, j'ai même ouvert un magasin sur le Sunset Boulevard à Grand-Baie. Puis, je l’ai fermé pour venir m'installer aux arcades Currimjee à Curepipe.»

Depuis, la styliste habille les corps pour mieux les mettre en valeur: « C'est ça la magie du sur-mesure, dans le sens qu'on peut sublimer les corps en adaptant le vêtement à la morphologie du client. C'est justement là que réside tout le savoir-faire de la styliste.»

Et il y a le souffle créateur. « La création, ça ne se passe pas toujours dans la tête. Dans mon cas, c'est plus dans les yeux. Mais le plus souvent il faut tout simplement se laisser porter sur l'instant présent. C'est toujours difficile pour un créateur de mettre les mots sur ses inspirations. J'en suis incapable, mais il y a une parcelle divine dans ce que je fais.»

« Quand on crée on attache peu d’importance aux heures passées sur un vêtement encore moins sur la cherté du tissu utilisé »

D'autre part, quand il en vient à la confection, un bon styliste sait gérer son temps et faire le bon choix de matériau. « La confection d'une robe peut me prendre 100 heures de travail et parfois même plus. Quand on crée on attache peu d'importance aux heures passées sur un vêtement encore moins sur la cherté du tissu utilisé. C'est la réputation qui prime.»

Elle estime que la styliste doit mettre l'accent sur la qualité. « C'est très important de toujours offrir des vêtements de qualité à ses clients. Il y a des impairs à ne jamais commettre.»

Et quand on parle de créations avec Lida O'Reilly, elle dit qu'elle est une touche-à-tout: « Contrairement à d'autres stylistes je n'ai pas une signature, dans le sens que je préfère laisser vaquer mon imagination et créer à ma guise. Et d'ailleurs c'est ce qui fait ma force.»

Académie de couture

Avec 18 ans de métier, Lida O’Reilly veut maintenant partager son savoir-faire avec les autres. « Je suis une autodidacte, qui a su faire carrière dans la mode. Je veux mettre mon savoir-faire à la disposition des femmes vulnérables, afin de leur permettre après une formation gratuite d’un an, d’ouvrir leur propre atelier de couture. Je compte prochainement former dix femmes chaque année.»

Appel à l’aide

Pour partager son savoir-faire Lida O’Reilly a besoin d’un local. Cette dernière lance ainsi un appel au groupe Currimjee. « Il y a un local inoccupé à côté de mon magasin aux l’Arcades Currimjee. Il aurait été idéal pour offrir des cours gratuitement. Je sais que le groupe Currimjee s’engage beaucoup dans le social », explique-t-elle.