
Treize employés du Central Electricity Board et huit de la Tourism Authority ont vu leur contrat brusquement interrompu, souvent à quelques jours de leur première année de service. Reaz Chuttoo, de la Confédération des travailleurs des secteurs public et privé, fustige une stratégie de « nettoyage silencieux ». Le syndicat réclame une réforme législative.
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Après les cas recensés à la Local Government Service Commission, une nouvelle vague de licenciements vient, cette fois, frapper le secteur parapublic. Treize employés du Central Electricity Board (CEB) et huit de la Tourism Authority ont perdu leur emploi. La Confédération des travailleurs des secteurs public et privé (CTSP) monte au créneau. Joint au téléphone dans la soirée du dimanche 1er juin 2025, son porte-parole, Reaz Chuttoo, tire une nouvelle fois la sonnette d’alarme.
« Nous assistons à une épuration politique ! », a-t-il déclaré sans ambages. Il dénonce une stratégie de « nettoyage silencieux » au sein des institutions parapubliques. Selon lui, ces suppressions d’emplois concernent principalement des employés manuels. Or, il s’agit souvent de travailleurs qualifiés, avec plusieurs mois de service à leur actif mais dont les contrats ne sont pas renouvelés sans la moindre explication.
Ruptures de contrat
Ces nouvelles ruptures de contrat surviennent à quelques jours seulement de leur premier anniversaire de service. Une coïncidence ? Le syndicaliste n’y croit guère. « C’est une manœuvre délibérée pour éviter d’offrir une quelconque compensation ou continuité d’emploi. On interrompt le contrat juste avant qu’il n’ouvre droit à des avantages supplémentaires », a-t-il ajouté.
Le phénomène dépasse largement les cas du CEB et de la Tourism Authority. Ainsi, le syndicaliste évoque une tendance généralisée touchant, selon lui, « une cinquantaine de coopératives et d’institutions parapubliques ». Il estime que le flou juridique autour du statut des employés permet ces abus. « En réalité, ce qu’on appelle souvent un poste ‘permanent’ n’en est pas vraiment un. Il s’agit plutôt de contrats renouvelables, sans aucune garantie. »
Reaz Chuttoo a évoqué des situations inquiétantes également au sein de la CWA, du SENA et d’autres entités de la Tourism Authority. Dans ces organismes, des travailleurs auraient été remerciés malgré leurs qualifications et leurs performances satisfaisantes.
La CTSP souligne la dimension politique de cette situation. À moins d’un an après les élections générales, des décisions suspectes de recrutement et de licenciement soulèvent de sérieuses interrogations. « Il est clair que certains sont écartés pour faire de la place à d’autres, souvent choisis selon des critères politiques ou clientélistes », estime Reaz Chuttoo.
Réforme législative réclamée
Face à cette situation alarmante, le syndicat réclame une réforme législative d’envergure. « Nous avons besoin de lois solides sur la méritocratie dans le secteur parapublic. Il ne suffit plus de parler de transparence. Il faut des textes qui encadrent réellement les recrutements et les fins de contrat », a insisté Reaz Chuttoo.
Parallèlement, une rencontre est prévue cette semaine entre la CTSP et des représentants du Pay Research Bureau (PRB). L’objectif : discuter des conditions de travail, des critères d’engagement, mais aussi de la précarité grandissante des travailleurs sous contrat temporaire dans les organismes parapublics. Le syndicat espère obtenir des garanties pour protéger les employés les plus vulnérables.
Mais Reaz Chuttoo déplore le silence de plusieurs victimes de licenciement, qui n’osent pas témoigner : « Certains ont peur de représailles, d’être traités d’ingrats ou de subir des sanctions s’ils parlent. Ce climat de peur est indigne d’un État de droit. » Il a rappelé que ce vent de licenciements affecte des centaines de familles. « Si rien n’est fait, c’est toute la crédibilité de la fonction publique qui sera remise en cause », a-t-il prévenu.
Les ministres Assirvaden et Duval sollicités, en vain
Dans le cas des 13 employés du CEB, pourquoi ont-ils été licenciés ? Les raisons de cette décision demeurent floues. Pour tenter d’y voir plus clair, Le Défi Quotidien a sollicité une déclaration du ministre de l’Énergie et des Services publics, Patrick Assirvaden. Il n’a toutefois pas répondu aux appels téléphoniques jusqu’à la mise sous presse.
Néanmoins, une source bien placée au sein du ministère a livré un élément d’explication. Cette décision serait motivée par la situation financière critique du CEB, dont la dette s’élèverait à environ Rs 4,8 milliards. « L’institution est dans une phase de restructuration. Elle ne peut malheureusement pas conserver certains employés à cause de contraintes budgétaires sévères », dit cette source.
Le même flou entoure le cas des huit employés de la Tourism Authority concernés par le non-renouvellement des contrats. Là encore, les tentatives du Défi Quotidien pour obtenir une réaction officielle du ministre du Tourisme, Richard Duval, sont restées vaines.
Un des ex-employés lésés : « Je me retrouve sans rien du jour au lendemain »
Parmi les huit employés remerciés récemment par la Tourism Authority, plusieurs témoignent d’un profond sentiment d’injustice et d’abandon. L’un d’eux, père de famille, raconte son parcours de manière anonyme : « Cela faisait 11 mois que je travaillais à la Tourism Authority. J’avais fait ma demande d’emploi en 2023. Je n’avais reçu ma lettre d’embauche qu’en juin 2024. J’étais affecté comme General Worker, avec un salaire mensuel de Rs 17 500. » L’homme soutient n’avoir jamais reçu le moindre avertissement ni aucun reproche sur sa performance. « Tout se passait normalement. Je faisais mon travail avec sérieux. Mais le 15 mai, sans le moindre signe avant-coureur, j’ai reçu une lettre m’informant que mes services ne seraient plus requis. »
Une décision brutale qui l’a plongé dans une profonde incertitude. « Je suis père de famille. J’ai des engagements financiers et des factures à régler. Aujourd’hui, je me retrouve sans revenu, sans explication et sans recours clair. Je suis complètement perdu », confie-t-il.
Son témoignage fait écho à plusieurs autres cas signalés au sein de diverses entités parapubliques ces dernières semaines. Face à l’absence de communication officielle, ces travailleurs s’interrogent : quelles sont les véritables raisons de leur départ ? Au-delà des statistiques, ce sont des vies entières qui sont bouleversées et des familles fragilisées par un système de gestion du personnel perçu comme opaque, arbitraire et déshumanisé aux yeux des victimes.

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