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Licenciements au diocèse de Port-Louis : à quel saint se vouer ?   

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Lors de la visite du pape François à Maurice le 9 septembre prochain, la Fédération Progressive des Unions (F.P.U) procèdera à une manifestation pour attirer l’attention de l’Église catholique en ce qu’il s’agit des quatre licenciements des employés par le diocèse de Port-Louis. Elles seront 11 personnes avec des pancartes à la main lorsque le pape se rendra au Château du Réduit. 

Marie Dolores Armoogum.
Marie Dolores Armoogum.

âgée de 49 ans, Marie Dolores Armoogum est originaire de la rue Guy Rosemont à Beau-Bassin. Son mari est portier dans un établissement scolaire tandis qu’elle travaille comme « office attendant» depuis plus d’une décennie à l’Institut Cardinal Margéot de Maurice (ICJM). Avant, c’est au Thabor qu’elle travaillait, nous dit-elle. Mais cette femme qui n’a pas eu la chance d’aller à l’école, a aussi fait des petits boulots à droite et à gauche pour subvenir aux besoins de sa famille et assurer l’éducation de ses deux enfants. 

L’an dernier, Dolores Armoogum apprend que l’ICJM la suspend de ses fonctions. Sa vie bascule en une seconde. « J’étais sous le choc. Je marchais sans savoir comment annoncer cette nouvelle à ma famille. C’est bien plus tard que je l’ai fait. Et, depuis, je me retrouve dans une situation difficile. On m’a informée qu’aucun département du diocèse ne souhaite travailler avec moi. Ça fait vraiment mal, car je me suis dévouée pendant toutes ses années à bien faire mon boulot au quotidien. Souvent, j’ai été appelée à faire bien plus », confie Dolores Armoogum. Et d’expliquer qu’à l’ICJM, son lot de travail consistait à faire le thé, de préparer les salles pour les formations et cours, ou encore de nettoyer les bureaux, les toilettes et la cuisine, entre autres. 

« Souvent, je me suis retrouvée à faire le travail d’une autre personne en sus du mien. On me demandait de cirer ou de laver le sol, de bouger les tables et bien d’autres choses encore. Ce n’était pas évident de faire seule tout ce boulot. Et je ne percevais aucune allocation additionnelle pour le travail que je faisais en plus. »  Frustrée de cette situation, Dolores Armoogum se fait entendre, mais elle tombe des nues lorsqu’elle est suspendue de ses fonctions en décembre dernier. Et le 29 mai 2019, elle reçoit une lettre officielle de l’Évêché de Port-Louis évoquant les raisons de son licenciement. Cette instance lui dit qu’elle n’était pas satisfaite de son travail à l’ICJM, malgré les rappels à l’ordre et que tenant compte de la relation négative entre ses supérieurs et elle, l’Évêché de Port-Louis estime ainsi que son comportement frise l’insubordination. Tout cela a culminé à sa suspension, en attendant une action disciplinaire pour son licenciement. 

Dans la lettre, le Head of Finance de l’Évêché de Port-Louis affirme avoir fait des efforts pour la redéployer dans les autres départements du diocèse de Port-Louis et que malheureusement nul ne souhaite qu’elle y travaille. D’où son licenciement avec une offre d’une compensation de Rs 400 000 pour son temps de service. Face à cette décision de l’Évêché de Port-Louis, Dolores Armoogum a sollicité Jack Bizlall de la FPU pour que l’Évêché de Port-Louis lui paye sa Severance Allowance conformément à la loi. Selon le syndicaliste, l’offre de l’Évêché n’est pas suffisante. « Le cas a été référé au ministère du Travail et des négociations sont actuellement en cours », indique Jack Bizlall. Pour sa part, Dolores Armoogum laisse entendre que sa vie est devenue un calvaire après son licenciement. « D’un côté, il y a mon incapacité à subvenir financièrement aux besoins de ma famille et, de l’autre, je dois me battre pour avoir mon dû. Cela tout en faisant face aux commentaires à mon égard alors que j’ai toujours fait mon travail correctement. »  Et de conclure : « Mo pann fauté. Monn fer mo travay ek travay emplis. Zott dir moi okun departement dioces pas le mwa. Mo deman ziss paye moi mo temps service. Mo enn humain avant tou. » 


Lynette

Lynette Saintas : «Ma réintégration à la fabrique me permettra de prendre ma retraite»

« Autre intervention de la Fédération Progressive des Unions (FPU) est celle dans le cas de Lynette Saintas, une assistante secrétaire de la Fabrique Paroissiale de l’église Sacré Coeur à Beau-Bassin qui a été licenciée après avoir été accusée de ‘Lateness and non recording of attendance », indique Jack Bizlall. Selon le syndicaliste, le problème s’est présenté lorsque l’employeur de Lynette Saintas a voulu que celle-ci accepte ses torts, voire « for no valid reasons. » Et de préciser que devant un comité disciplinaire, d’accepter des faits, ce n’est pas en soi une faute ou d’accepter d’être fautif. D’où, dit-il, l’opposition de la FPU à cette demande estimée comme étant saugrenue, selon Jack Bizlall. « Un comité indépendant doit donc vérifier si la charge « for no valid reason » est prouvée par l’accusateur. Nous la soutenons pour sa réintégration au travail par son employeur, » dit-il. 

Âgée de 54 ans, Lynette Saintas habite à Beau-Bassin. Divorcée, elle a deux enfants. Elle explique qu’elle travaille à la fabrique paroissiale de l’église du Sacré Cœur depuis neuf années et demie. Et d’ajouter que depuis son licenciement, elle ne sait pas comment faire pour arrondir les fins de mois et rembourser le prêt qu’elle a contracté à la banque. C’est le 1er juillet dernier qu’elle a été remerciée pour ses services. Face à cette décision de l’Évêché de Port-Louis, elle a sollicité la FPU pour faire valoir ses droits à son employeur et trouver une entente pour sa réintégration à son poste de travail. « Certains jours, j’étais en retard pour 10 à 15 minutes. Comme je cours à mon poste, j’oublie de noter mes heures d’arrivée, mais je restais toujours un peu plus tard dans l’après-midi pour compenser mes retards. Mes fiches de présence en témoignent et je veux juste qu’on me réintègre dans mon boulot pour pouvoir prendre ma retraite », dit cette mère de famille qui s’interroge sur son avenir après sa perte d’emploi. 


Jack BizlallJack Bizlall : «Notre manifestation n’a rien à voir avec le Vatican »

Par ailleurs, la Fédération Progressive des Unions (FPU) demande aussi à l’Évêque de Port-Louis de considérer deux autres requêtes. Notamment la demande de transfert de Christine Meunier pour Rodrigues sans qu’elle ne perde son statut de DHM. « Cela peut se faire sans que les intérêts de quiconque ne soient lésés, » indique Jack Bizlall. Ce dernier demande également que l’Évêque de Port-Louis reconsidère le cas de Michel Arokium, qui a été licencié, selon lui, sans que les procédures légales ne soient respectées. « Nous sommes pour la négociation. Notre manifestation n’a rien à voir avec le Vatican. Mais nous veillerons à ce que l’Évêché de Port-Louis ne se comporte pas comme un appendice du Vatican, car il est un gros employeur et doit ainsi respecter les lois de la République. C’est cela que je veux faire comprendre au pape, » conclut le syndicaliste Jack Bizlall.

 

 

 

Michel Arokium.
Michel Arokium.

Version des faits

« Le diocèse de Port-Louis ne peut discuter des problèmes de son personnel en public, par respect pour les personnes. Chacun de ces cas est spécifique et doit être réglé dans le cadre des lois du travail, tout en étant attentif au dialogue et à la conciliation. »

Père Hervé de Saint-Pern. 

 

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