Dans le monde du ciel, où les nuages sont des routes et les étoiles des points de repère, deux sœurs exceptionnelles ont trouvé leur véritable destin en tant qu’hôtesses de l’air. Leurs noms, Anaïs et Félicia, sont devenus synonymes d’aventures au-delà des horizons. Et, surtout, d’espoir pour ceux qui sont issus de milieux défavorisés.
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L’histoire de ces deux sœurs a commencé comme un rêve partagé dans leur enfance. C’est Anaïs, l’aînée de la fratrie, qui a toujours voulu voler parmi les oiseaux majestueux. La cadette, Félicia, a ensuite suivi le pas. Ce rêve s’est transformé en réalité lorsque, après avoir complété leurs études supérieures en Tourism and Hospitality Management, elles ont été embauchées pour travailler au sein de deux compagnies aériennes de renom, à savoir Qatar Airways pour Anaïs et Emirates Airlines pour Félicia.
C’est à leur domicile, situé à Ducray street, Sainte-Croix, que Le Dimanche/L’Hebdo est allé à leur rencontre. La complicité entre Anaïs et Félicia est palpable à chaque instant. « J’ai fait mes études primaires à l’école de la Montagne des Signaux de Port-Louis. J’ai ensuite poursuivi mes études secondaires aux collèges London, Adventiste et finalement au St-Mary’s West. Après ma scolarité, j’ai entamé mes études supérieures, tout en envoyant ma candidature à la prestigieuse compagnie aérienne Emirates Airlines », raconte Félicia, qui est âgée de 22 ans. \
Le quartier de Sainte-Croix a toujours été stigmatisé par un bon nombre de personnes. ‘Domaz dimoun nek get zis seki pa bon ek bliye seki bon la’ »
C’est dans le courant de l’année, soit il y a environ six mois, qu’elle a été embauchée par la compagnie. Devenir hôtesse de l’air, poursuit Félicia, était plutôt le rêve de sa sœur Anaïs. « Mais comme nous sommes très complices, nous faisons tout ensemble. Tout ce qu’elle fait, je le fais », confie-t-elle en souriant.
Anaïs, qui est à l’aube de ses 25 ans, est tout aussi bavarde que Félicia. « J’ai fréquenté la même école primaire que ma sœur. Puis j’ai été scolarisée au London College de Port-Louis et au collège Adventiste. C’est en septembre 2022 que j’ai intégré la compagnie Qatar Airways en tant qu’hôtesse de l’air. Devenir hôtesse de l’air, comme l’a si bien dit ma sœur adorée, était mon rêve d’enfant. Il n’y avait que deux compagnies qui me faisaient rêver : Emirates Airlines ou Qatar Airways. Mais mon cœur battait pour la compagnie Emirates Airlines. Disons que ce choix a quelque chose à voir avec l’uniforme de la compagnie », dit-elle.
Les deux sœurs ont eu l’occasion de visiter de nombreux pays en un laps de temps remarquable. Félicia, bien qu’ayant seulement six mois d’expérience dans le domaine, a eu l’opportunité de découvrir des destinations telles que l’île de Gorée au Sénégal, Montréal au Canada, le Royaume-Uni, la France, le Vietnam, la Chine, le Danemark, le Bangladesh, l’Afrique du Sud, et bien d’autres.
« J’ai exploré plusieurs pays du monde en un temps record. Le Vietnam a été le pays qui m’a le plus marquée. L’Asie, à mes yeux, renferme une culture riche et une histoire profonde. Hanoï, la capitale vietnamienne, est magnifique ! » s’enthousiasme Félicia.
Anaïs se dit fascinée par l’Asie et l’Afrique aussi. « En l’espace d’une année, je me suis rendue dans au moins 25 pays, dont la Chine, l’Australie, l’Inde, la Thaïlande, Singapour, l’Indonésie, la France, le Royaume-Uni, Zanzibar, l’Afrique du Sud, la Norvège, l’Allemagne, la Suisse, l’Irlande, les Seychelles et les Maldives », se réjouit-elle.
Elle affirme avoir été éblouie par un aspect unique de chaque pays qu’elle a visité. « Les plages de Zanzibar et des Seychelles m’ont enchantée. Le panorama de Phuket, en Thaïlande, est absolument ensorcelant… » souligne Anaïs.
Nous sommes plus que des hôtesses de l’air. Nous sommes des exploratrices du monde, des conteuses d’histoires et des inspiratrices»
Avec son charme calme et son professionnalisme inné, Anaïs semble être devenue le mentor de Félicia. Les deux sœurs regardent l’avenir la tête haute. Anaïs, qui vient tout juste de démissionner de Qatar Airways, a passé son entretien d’embauche pour Emirates Airlines. Elle est confiante d’intégrer la prestigieuse compagnie aérienne. Et si ça se trouve, elle pourrait se retrouver sur le même vol que sa sœur cadette un de ces jours.
« Être hôtesse de l’air est avant tout synonyme de fierté. Le quartier de Sainte-Croix a toujours été stigmatisé par un bon nombre de personnes. Domaz dimoun nek get zis seki pa bon ek bliye seki bon la. Mais nous avons démontré qu’il y a quand même de bons éléments qui peuvent émerger. L’important n’est pas de savoir où nous avons commencé le voyage, mais plutôt où nous le terminons », assurent les deux soeurs.
Félicia et Anaïs veulent servir d’exemple pour les générations à venir. « Nous voulons être une source d’inspiration pour les jeunes. Tout repose sur le sérieux et la volonté inébranlable devant l’effort. Nous sommes à la place que la vie nous a offerte. Nous sommes fières de notre parcours. Nous sommes originaires de Sainte-Croix. Nous sommes domiciliées dans une région stigmatisée. Nou fier nou sorti dan enn geto ek nou pou kontign marse latet leve ! » clament-elles.
Leur plus grand rêve ? « L’un de nos plus grands rêves est de travailler à bord du même avion. Nous aurons, certes, l’occasion de retourner à Maurice très rarement. Travailler ensemble sera une bénédiction. Cela nous permettra de rester connectées même lors de nos voyages à travers le monde », avance Anaïs.
Chaque vol, poursuit Félicia, est une aventure unique avec des passagers de toutes nationalités et des destinations qui varient, du glamour des métropoles aux mystères des contrées lointaines. « Nous sommes plus que des hôtesses de l’air. Nous sommes des exploratrices du monde, des conteuses d’histoires et des inspiratrices. Et nous voulons continuer sur cette lancée car nous avons encore et encore à découvrir », poursuit Félicia.
Cette dernière se dit toutefois consciente que cette profession a une date d’expiration. « Nous n’avons aucune visibilité sur l’avenir. Mais en même temps la profession de personnel navigant est addictive. Le travail est exténuant mais nous sommes plus qu’heureuses. On se réveille à Paris et on se couche à Melbourne. Quoi de mieux ? »
Elle adore être hôtesse de l’air. « En même temps, je ne pense pas rester hôtesse de l’air toute ma vie. Je pense miser sur les autres opportunités qui se présenteront à l’avenir », précise Félicia. Quant à Anaïs, l’idée de faire carrière dans l’aviation lui trotte déjà en tête. « Mais rien n’est sûr pour le moment », lâche-t-elle.
Quel est leur message d’espoir aux jeunes issus de quartiers stigmatisés ? « On vous demande de foncer sans baisser la tête. Des gens disent que nous sommes leur source d’inspiration. C’est le genre de compliments qui fait plaisir. La vie n’a pas toujours été rose pour nous. Nous sommes originaires de résidence La Cure et nous avons habité dans une bicoque en tôle. Mais grâce à la persévérance et à la détermination, nous avons fait de notre rêve une réalité », terminent les deux soeurs.
L’histoire d’Anaïs et de Félicia Lagrosse est bien plus qu’une simple chronique de carrière. Les deux sœurs hôtesses de l’air ont trouvé leur place parmi les étoiles, naviguant à travers les défis du ciel et écrivant chaque jour une nouvelle page de leur histoire extraordinaire.
Fernando Thomas
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