À l’hôpital ENT : des antibiotiques périmés aggravent l’état de santé d’un patient

Un patient soigné à l’hôpital ENT découvre qu’on lui a délivré des antibiotiques périmés, provoquant vomissements et douleurs. Son épouse a déposé une plainte. Ce grave manquement soulève de sérieuses questions sur la sécurité pharmaceutique dans les établissements publics.

C’est à la suite de maux de gorge que R.T. s’est présenté à l’hôpital ENT le lundi 16 juin à 9 h, accompagné de son épouse, S.T. Après avoir été consulté par un médecin, il s’est vu prescrire des médicaments à récupérer à la pharmacie de l’établissement. Ce sont du paracétamol, une solution pour gargariser la gorge, ainsi que des antibiotiques. Une fois rentré chez lui, R.T. a commencé son traitement, mais dans la nuit, il a souffert de crampes abdominales et de vomissements. Ce n’est que le lendemain matin qu’il a découvert le pot aux roses : les médicaments que le pharmacien lui a remis sont expirés depuis mai 2025. Sans tarder, le couple est retourné à l’hôpital ENT.

Sur place, le personnel médical a confirmé que les médicaments sont bel et bien périmés. « Le personnel a donné des traitements pour soulager ses douleurs et les effets néfastes des médicaments qu’il avait pris », explique l’épouse, indignée. Elle a aussitôt porté plainte auprès du surintendant de l’hôpital ENT.  « Comment des médicaments expirés peuvent-ils encore se trouver dans la pharmacie d’un hôpital ? », s’insurge-t-elle. Quand elle a posé cette question à certains membres du personnel, ces derniers lui auraient indiqué qu’ils ignoraient comment un tel incident a pu se produire. Ils ont ensuite ajouté qu’une enquête serait initiée et que le ministère de la Santé se chargerait du suivi. S.T. espère néanmoins que sa plainte ne restera pas lettre morte. C’est d’ailleurs pour cette raison qu’elle a choisi de médiatiser l’affaire. « Dimoun bizin kone ki pe ariv parski lot dimoun kapav inn gagn medikaman la ek kapav ariv li pli grav ki sa », déclare-t-elle. Son mari, confie-t-elle, reste affaibli et doit retourner à l’hôpital dans quelques jours pour une évaluation

Un ancien pharmacien du service public, interrogé sur les procédures en place, affirme que les médicaments doivent être retirés des étagères un mois avant leur date de péremption. Il rappelle que la prise de médicaments périmés peut entraîner la dégradation du produit, rendant celui-ci inefficace, voire dangereux. « Dans le cas des antibiotiques, cela peut provoquer des éruptions cutanées ou, dans des cas plus graves, un choc anaphylactique pouvant être fatal », avertit-il.

Il nuance, toutefois, en expliquant que certains effets secondaires comme des vomissements ou de la diarrhée peuvent aussi se produire avec des antibiotiques même non périmés. Pour lui, seul un examen approfondi permettrait de confirmer le lien entre les symptômes de R.T. et la péremption du médicament. Ce professionnel souligne que la responsabilité de la vérification des dates revient au pharmacien en charge. Selon lui, l’incident survenu à l’ENT révèle un manque de vigilance.

« Tous les centres de santé appliquent normalement le même protocole : les médicaments non utilisés ou périmés sont systématiquement retirés du stock », ajoute-t-il. Un pharmacien du secteur privé, Arshad Saroar, interrogé sur ce cas, insiste sur le danger que représente la consommation de tels produits. Selon lui, certaines pharmacies ont mis en place des systèmes automatisés pour identifier les médicaments périmés, accompagnés de contrôles réguliers. Il explique : « Un médicament expiré peut devenir inefficace, voire toxique. Il faut éviter d’en consommer ».

En outre, il ajoute que les réactions peuvent varier d’une personne à l’autre, rendant les risques imprévisibles. Le ministère de la Santé a été sollicité pour une prise de position à la suite de cet incident. Nous attendons toujours leur réponse.