Un patient, admis à l’hôpital de Flacq mercredi, l’a échappé belle. Après avoir reçu un traitement antibiotique intraveineux, il a fait une réaction allergique. Depuis, il est intubé et se trouve aux soins intensifs.
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Navin, 27 ans, revient de loin. Admis à l’hôpital de Flacq le mercredi 12 septembre pour une infection pulmonaire, cet habitant d’un village de l’Est a dû être conduit d’urgence au département des soins intensifs (ICU) et placé sous respiration artificielle. Ce, après avoir reçu, par voie intraveineuse, une dose d’amoxicilline, un antibiotique, pour soigner son infection pulmonaire.
Selon nos recoupements, le ‘dose-test’ - administration sous-cutanée d’une infime quantité du médicament afin de déterminer si le patient ne fait aucune réaction allergique – n’a pas été effectué avant l’injection. Ce qui a entraîné un choc anaphylactique (ndlr : une réaction allergique exacerbée, entraînant dans la plupart des cas de graves conséquences et pouvant engager le pronostic vital. Il s'agit d'une manifestation d'hypersensibilité immédiate due à la libération de médiateurs vaso-actifs chez un sujet au préalable sensibilisé). Ce qui aurait pu engager le pronostic vital du patient, selon le Dr Bassoodev Goolaub, médecin généraliste du privé.
Protocole
« L’administration d’un antibiotique peut s’avérer dangereux pour un patient s’il est allergique au médicament. Il peut avoir des urticaires, éprouver des palpitations et même faire un arrêt respiratoire », dit-il. Pour lui, Navin a échappé à la mort. Si le ‘dose-test’ avait été effectué comme l’exige le protocole, cela aurait pu éviter au patient de se retrouver sous respiration artificielle, selon lui. Arshad Saroar, président de la Pharmaceutical Association of Mauritius (PAM), partage le même avis. « L’injection de certains médicaments requiert au préalable l’administration d’un ‘dose-test’ afin de s’assurer que le patient ne montre aucun signe d’allergie au bout de trente minutes. »
Avis partagés
Mais, tout le monde n’est pas du même avis. Un médecin travaillant à l’hôpital de Flacq explique que le protocole a changé à ce niveau et qu’il n’est plus nécessaire de faire le ‘dose-test’. Il s’appuie sur les indications données par un membre du SAMU de France lors d’une conférence donnée à Maurice. Selon lui, un patient peut faire une réaction allergique à un médicament, indépendamment s’il a fait un ‘dose-test’ ou pas. Un infirmier urgentiste au SAMU, travaillant dans un autre hôpital, abonde dans le même sens mais est plus nuancé dans ses propos.
A la question s’il faut faire un ‘dose-test’ avant l’administration de certains médicaments, il répond que la question est ambiguë et dépend du contexte. « Dans notre département, c’est une perte de temps de faire un ‘dose-test’, car nous opérons souvent dans l’urgence et il s’agit de la survie du patient. » Il précise toutefois que certains médicaments peuvent avoir des conséquences graves. Il cite en exemple un des médicaments utilisés pour calmer rapidement les douleurs. Un de ses effets secondaires c’est qu’il peut serrer les bronches du patient et donné des signes mimiques d’une crise d’asthme. « Dans le cadre de la spécificité de notre travail, cela a plus de bénéfices que de risques pour le patient », explique-t-il.
Il souligne cependant que, dans un environnement contrôlé comme l’hôpital, la question de faire un ‘dose-test’ peut être débattue. « L’amoxicilline va indubitablement engendrer une réaction si le patient y est allergique. Par voie intraveineuse, la réaction est systémique et peut être dangereuse pour lui », dit-il. Et d’ajouter que le protocole dit qu’il faut faire le ‘dose-test’.
Opacité
Un médecin, membre du Médical Council, partage le même avis même s’il considère que la question est difficile à répondre en raison des différentes écoles de pensée. « Certains disent que le ‘dose-test’ sensibilise les patients, d’autres pensent que la pénicilline est un médicament violent et qu’on ne peut s’amuser à faire un ‘dose-test’ pour vérifier si le patient est allergique ou pas. » Mais il précise que si le ‘dose-test’ n’a pas été effectué et que le patient à une réaction allergique, les membres du personnel risquent d’avoir des problèmes.
C’est ce qui pourrait expliquer l’opacité entourant cet incident. La direction de l’hôpital n’a pas souhaité commenter cette affaire en l’absence de la Regional Health Director qui n’est pas au pays actuellement. Au ministère de la Santé, on nous a répondu qu’une enquête a été initiée afin de faire la lumière sur ce qui s’est réellement passé.
Nous avons aussi pris contact avec les parents du jeune homme. Ils n’ont pas non plus souhaité faire de commentaires à ce sujet, n’étant vraisemblablement pas au courant de cet incident. Pour eux, leur fils avait des problèmes de bronche, c’est la raison pour laquelle il a été conduit à l’ICU.
Réactions graves
L’Amoxicilline est une pénicilline semi-synthétique. Avant l’administration du médicament, il est important d’interroger le patient sur ses antécédents allergiques ou réactions d’hypersensibilité au produit. Des réactions graves et parfois fatales ont été observées chez certains patients. L’arrêt immédiat du traitement avec le médicament est requis si des réactions indésirables ont été observées.
Source : doctissimo.fr
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