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L’extrême pauvreté pousse une mère à se séparer de son nourrisson de 12 jours - Gäelle : «Je ne l’ai pas abandonné, je l’ai protégé» 

Gaëlle ne voulait pas que son bébé soit placé dans un refuge.
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La pauvreté pousse parfois certaines personnes à commettre des actes « inacceptables » pour les autres. C’est justement l’histoire d’une femme de 31 ans, qui vit dans une maison délabrée. Il y a 13 jours, elle a accouché d’un garçon, mais ne pouvant pas s’occuper de lui, elle a décidé de le confier à une journaliste. Retour sur un après-midi mouvementé à la rue Labourdonnais… 

C’est une histoire qui fait couler beaucoup d’encre depuis vendredi soir. Et pour cause, cela n’arrive pas tous les jours. Gäelle, 30 ans, une jeune femme en détresse, s’est pointée au siège du Défi Media Group à la rue Labourdonnais, Port-Louis, avec un bébé d’à peine quelques jours dans les bras et un gros sac, à la recherche d’une journaliste de l’équipe Xplik ou K. 

Dans une lettre, elle demande à cette journaliste de prendre soin de l’enfant jusqu’à ce que sa situation s’améliore.  Les journalistes du Défi Media Group ont emmené le bébé chez le pédiatre avant de se rendre à la police. Sur place, ils ont appris que pour que le petit soit examiné, il fallait absolument que la mère soit présente. C’est ainsi qu’ils se sont lancés à sa recherche. Celle-ci les accompagner au poste de police. Sur place, elle a  précisé qu’elle ne souhaitait pas reprendre l’enfant et a demandé à la journaliste de bien vouloir s’en occuper pendant quelques mois. 

La mère du nourrisson met en avant des conditions de vie difficiles et l’état d♪élabré de sa maison pour expliquer son geste.
La mère du nourrisson met en avant des conditions de vie difficiles et l’état d♪élabré de sa maison pour expliquer son geste.

Dans le meilleur intérêt du bébé

Devant l’insistance de la jeune femme, la journaliste, qui est mère de deux enfants, a accepté de prendre soin de l’enfant jusqu’à ce qu’une solution soit trouvée. Elle insiste sur le fait qu’il ne faut pas blâmer Gäelle : « Il est vrai que c’est une situation qui vient tout chambouler dans ma vie, mais si je peux apporter mon aide pourquoi pas ? De mon côté, je suis prête à coopérer avec les autorités dans le meilleur intérêt de l’enfant. Si la mère n’a pas voulu qu’il soit placé dans un shelter, je me vois mal accepter que le bébé y soit placé. En attendant, je m’occuperai bien de lui avec le soutien de mon mari et des autres membres de ma famille, mais aussi avec celui de mes collègues. » 

Elle ajoute que des officiers de la Child Development Unit (CDU) sont venus à son domicile samedi après-midi, pour faire un état des lieux. Elle a aussi été convoquée par la Central Investigation Division de Port-Louis pour expliquer les circonstances de cet événement. Elle se rendra de nouveau au bureau de la CDU ce lundi. 

Nous avons voulu en savoir plus sur les raisons qui ont poussé cette mère à se séparer de son bébé. Gäelle explique qu’elle connaît la journaliste depuis 2012. Celle-ci l’avait aidée. « Et, puis tout récemment, lorsque j’ai eu des problèmes, je me suis dit qu’elle pourrait m’aider une fois de plus. Je sais que ce n’est pas simple, mais je n’avais pas le choix. J’ai longuement réfléchi à ce que je pourrai faire de cet enfant. Ma maison n’est pas en état pour accueillir un nouveau-né. Vous pouvez dire que je suis une mauvaise mère, mais je ne l’ai pas abandonné, j’ai seulement voulu le protéger. Quand on est pauvre, il n’y a pas que la maison qui compte. Cet enfant a besoin de couches, de vêtements, et d’autres accessoires... Je n’ai pas les moyens de lui procurer tout ça. Je ne travaille pas et mon mari non plus. Nous aurons bientôt une nouvelle maison. Entre-temps, il fallait bien que je protège mon bébé », dit-elle. 

Gäelle explique qu’elle n’a pas voulu se rendre à la CDU pour que son fils ne soit pas placé dans un shelter : « Malheureusement lorsque l’on vit dans la pauvreté et qu’on va chercher de l’aide, les autorités ne nous encadrent pas suffisamment. Par exemple dans mon cas, si j’étais allée vers la CDU pour leur dire que j’ai des difficultés à m’occuper de mon fils, ils n’auraient rien fait pour moi, mis à part le prendre. Le bébé aurait alors passé plusieurs mois à l’hôpitall. » 

« J’ai fait ce qu’il y avait de mieux pour lui »

Elle insiste sur le fait qu’elle n’a pas commis aucun acte d’abandon ni de maltraitance sur cet enfant. « J’aurais bien pu le laisser dans une poubelle, sur la rue ou ailleurs, mais j’ai choisi de m’adresser à une personne qui pourrait me comprendre et tenter de trouver une solution à mon problème », poursuit la jeune mère. 

Elle montre du doigt les autorités en affirmant que depuis que cette nouvelle a été ébruitée, elle se sent persécutée : « Quel crime ai-je commis ? J’ai demandé à quelqu’un de s’occuper de son enfant pendant quelques temps. Et que va-t-il se passer maintenant que je dis publiquement que je suis une mère en détresse ? Est-ce que l’État va m’aider ? Va-t-on me donner une maison convenable pour vivre où je pourrai m’occuper de mes enfants ? Non ! Au contraire, on ne cesse de m’appeler maintenant pour me menacer de m’enlever la garde de mes enfants. C’est ainsi que les mères en détresse sont traitées… comme des criminelles. Mais moi je sais que j’ai fait ce qu’il y avait de mieux pour lui ».

La police s’est rendue à son domicile samedi après-midi pour lui demander de venir au poste de police de Bain-des-Dames pour qu’elle s’explique. Elle a été autorisée à rentrer chez elle.

 

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