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L’ex-magistrat Seeburn : «Les politiques se comportent comme s’ils n’avaient pas de comptes à rendre»

Me. Ashok Radhakissoon, L’observateur politique, Malenn Oodiah et L’ex-magistrat, Noren Seeburn .

L’affaire « Sniffing » et l’assassinat de l’activiste du MSM, Soopramanien Kistnen, étaient au centre de l’émission ‘Au cœur de l’info’ animée par Nawaz Noorbux sur Radio Plus le jeudi 22 décembre. L’ex-magistrat Noren Seeburn a déploré « la lenteur » au niveau des enquêtes policières. Il a également plaidé en faveur d’un changement du système afin de prôner une bonne gouvernance.

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L’affaire « sniffing »

L’affaire « sniffing » a été abordée en première partie de l’émission. Lors de son intervention, Noren Seeburn, ancien magistrat, a commenté l’enquête initiée afin de faire la lumière sur cette affaire. « Les enquêtes traînent. Mais le plus grave, c’est que nous avons l’impression qu’il n’y a aucune volonté de faire ces enquêtes. Il y a, au bout du compte, des politiciens derrière. Et c’est un gros pro-blème. Les politiques se comportent comme s’ils n’avaient pas de comptes à rendre au public. Au contraire. Ils ont une obligation envers le public qui a le droit de savoir. ‘You govern for the people’ », a martelé l’ex-magistrat. 

Il a fait ressortir que le rapport de la firme FTI Consulting doit être rendu public. « Ce qui m’inquiète dans tout cela, poursuit Noren Seeburn, c’est le fait que les décideurs politiques peuvent prendre les décisions qu’ils désirent. Vous êtes là pour servir le peuple et vous êtes financés par la population. C’est la raison pour laquelle le rapport de la firme FTI Consulting doit impérativement être rendu public », dit-il. Et à l’ex-magistrat d’ajouter : « La population est en train d’être traitée de manière aberrante ».

Ashok Radhakissoon, ancien président de l’Independent Broadcasting Authority (IBA), est d’avis que « nous sommes en train de sniffer un problème géopolitique ». « Le gouvernement doit dévoiler les raisons derrière le « sniffing » qui a eu lieu à la Landing station du Baie-du-Jacotet », dit-il. Si l’étude a été commanditée par l’État mauricien, il doit y avoir un rapport. « Eski rapor la tel-man konfidansiel ki pa kapav kominike ? L’information, c’est l’or des temps modernes. Qu’est-ce qui nous garantit qu’il n’y a pas eu d’autres captures dans le passé ?  Ki sanla pa dir nou ankor ena zordi ? Ki garanti ki nou rezo sekirize ? Nous attendons une ré-ponse. Et l’élément de réponse n’est pas « enn kado Nwel », poursuit Ashok Radhakissoon, avant d’ajouter que « ce qui s’est produit à Baie-du-Jacotet est un mystère résonnant ».

L’observateur politique Malenn Oodiah a fait ressortir que « le pays est en train de vivre un moment extrêmement difficile sur le plan démocratique ». Il est important, selon lui, de lutter contre des dérives démocratiques. « L’affaire : « sniffing » gravite autour de plusieurs volets, dont la souveraineté nationale, l’intégrité territoriale et la sécurité des citoyens. Le rapport de la firme FTI Consulting a été finalisé. ‘Damning’ ou pas, le contenu du document doit être dévoilé par le gouvernement à moins qu’il ne soit question de sécurité de l’État », indique l’observateur politique.

Affaire Soopramanien Kistnen

Autre thème abordé : l’assassinat de Soopramanien Kistnen. Ashok Radhakissoon est d’avis que la question concernant « l’authenticité du rapport de l’enquête judiciaire ne devait même pas être posée ». « C’est évident. Les ‘findings’ sont authentiques. J’attire l’attention du public. La magistrate a souligné les termes « A new level of incompetence » dans son rapport. C’est-à-dire qu’il y avait déjà un certain niveau d’incompétence. La personne ciblée dans cette affaire doit maintenant donner sa version aux enquê-teurs », dit-il. 

Selon l’avocat, il s’agirait d’un problème d’intégrité de nos dirigeants politiques et de nos institutions. « Nos institutions sont-elles vraiment indépendantes ? C’est une question qui interpelle. Dans ce cas, comment assurer que nos institutions puissent être gérées par des gens indépendants ? »

Selon l’ex-magistrat Seeburn, il n’y aurait pas eu d’enquête « mais un sabotage d’une enquête afin de protéger un coupable ». « Un rapport d’une enquête judiciaire ne porte pas de sceau. C’est un rapport », indique-t-il, et « non un jugement ». « Mais la thèse de l’authenticité du rapport a été employée comme missile afin de noyer le poisson. La vraie question est de trouver le coupable qui a tué le mari de cette citoyenne. Cette dernière a le droit de savoir qui a tué son époux. On veut noyer le poisson avec une histoire de fuite et d’authenticité. Autrement dit, on enquête sur la fuite et non le meurtre », soutient-il.

« Le rapport de la magistrate comporte plusieurs volets. Le premier comprend l’enquête de la police. Li grav parski lapolis pa ti anvi kone kinn arive depi koumansman. Et c’est grave car la police doit assurer la protection des citoyens. Le deuxième volet con-cerne l’allocation des contrats durant la période de confinement », soutien Malenn Oodiah. Il a ensuite rappelé le dossier entourant les ‘Kistnen Papers’ ainsi que ou encore l’emploi fictif de Constituency Clerk.

Réforme

Une réforme est-elle nécessaire pour le bon fonctionnement de la force policière et l’Icac ? « Me. Rashid Ahmine, le nouveau DPP, est un homme de bonne volonté et un avocat très capable. Sur Radio Plus jeudi matin, il a fait ressortir qu’il veut servir le droit et l’intérêt public. Je salue très bas Me Ahmine pour avoir dit cela. J’invite tous les dignitaires occupant un poste constitutionnel, sur lequel dépend le bonheur des Mauriciens, à dire la même chose. Le problème est un manque de compétence des enquêteurs qui se laissent impressionner », déplore l’ex-magistrat Seeburn. Il souligne également qu’il y a « un gros problème de gouvernance dans le pays ». « Il faut changer le système », plaide-t-il. 

Ashok Radhakissoon est quant à lui d’avis que « toutes nos organisations de gouvernance manquent d’indépendance » et qu’il « ne faut pas laisser la culture de la médiocrité s’étendre ». « Il y a des signes que la peur change de camp. C’est bon signe. Nous croyons dans la démocratie. Nous devons concentrer nos efforts afin de changer la dynamique », termine Malenn Oodiah.

 

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