Ils sont une dizaine de Mauriciens à posséder des appartements et des villas dans cette ville des Émirats Arabes Unis. Parmi, l’on retrouve les proches d’un membre de l’ancien gouvernement. Ce couple a quatre propriétés enregistrées en son nom.
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Ils se la jouent discrets. Hommes d’affaires pour la plupart, une dizaine de Mauriciens sont propriétaires d’appartements et de villas de luxe dans les quartiers les plus huppés de Dubaï, aux Émirats Arabes Unis. Ces nouveaux riches côtoient une communauté cosmopolite dans une ville où l’immobilier atteint des sommets et où la location mensuelle est à peu près les mêmes que pour les villas cossues du littoral mauricien.
Les noms des 129 000 propriétaires de 181 nationalités de ces villas sont tombés entre les mains de l’Organized Crime and Corruption Reporting Project (OCCRP), une plateforme de journalisme d’investigation à laquelle nous appartenons. Baptisée 'Dubai’s Golden Sands', une enquête a été ouverte au niveau international afin d’identifier ceux qui se sont installés en ces lieux à la faveur d’un pot-de-vin ou d’autres malversations politiques.
L’enquête, que nous avons menée au niveau local, indique que les Mauriciens de Jumeirah Palm sont des gens connus dans le monde des affaires et que la Mauritius Revenue Authority (MRA) ignore tout de ces biens. Cette dernière indique qu’elle ne s’intéressera à eux que lorsqu'ils perçevront une location de ces biens sur un compte à Maurice.
Qui sont-ils?
Parmi, il y a famille de commerçants ayant fait fortune dans un produit alimentaire très prisé par les locaux ainsi que la diaspora. L’une des membres de cette famille s’est offerte, il y a quatre ans, une villa au lieu-dit Old Town, un complexe résidentiel étendu sur 500 hectares et un appartement au Al Sahab 2 situé devant la marina de Dubaï.
Son choix est également partagé par un proche qui siège au conseil d’administration de la société familiale. On retrouve également un homme connu sur la place pour avoir travaillé pendant un temps sur le dossier du British American Investment après l’élection du gouvernement de l’Alliance Lepep.
Il possède un appartement dans l’immeuble Golf Tower 2 The Greens. Un des voisins immédiat est le directeur d’une grosse multinationale qui a cessé ses opérations à Maurice il y a quelques années.
Un proche d’une personnalité politique de l’ancien gouvernement, connu dans le monde médical, est, quant à lui, présent à l’immeuble DM Mesk, quasiment à l’entrée de Jumeirah Palm. Celle, qui semble être l’épouse de cet homme, possède une propriété sur place ainsi que deux appartements au Bay Central, près de la marina.
Un autre Mauricien vit sur le Jumeirah Palm, qui est considéré grand archipel artificiel au monde où a été érigé l’Atlantis, un complexe hôtelier cinq étoiles de 1 600 chambres abritant d’immenses centres commerciaux, un parc aquatique et un aquarium. Un couple, installé à Dubaï depuis quelques années, est présent dans le ghetto de luxe qu’est l’Arabian Ranches, situé à proximité du Plantation Equestrian and Polo Club.
Non loin, un autre couple a pris ses quartiers à Al Furjan, une « gated community » sur 560 hectares réalisée par Nakheel, la société ayant sorti le Jumeirah Palm des eaux. Deux autres Mauriciens habitent dans ce même secteur tandis que deux autres noms sur la liste de l’OCCRP ne sont pas enregistrés au niveau des autorités mauriciennes.
Dans l’enquête qu’il a publiée quelques jours, l’OCCRP évoque la présence du terroriste indien Dawood Ibrahim à la tête du gang D Company sur place. De même que l’afflux de 5 000 millionnaires aux Émirats Arabes Unis en 2017, ce qui a augmenté sa population de nababs de 6%.
Sous l’entête Klepto Hills, l’OCCRP fait référence au quartier d’Emirates Hills qui est communément appelé le Beverly Hills de Dubaï où des villas surplombant des greens parfaitement entretenus sont vendues jusqu’à 52 millions de dollars pièce. Des journalistes aux quatre coins du globe ont cependant découvert que cette zone est non seulement habitée par des hommes d’affaires ayant du succès mais aussi des kleptocrates.
Hommes corrompus
Nombre d’entre eux sont liés à de gros scandales de corruption, tel que Dan Etete, ancien ministre nigérian du Pétrole accusé de blanchiment en Italie. En 2011, sa société Malabu Oil and Gas a obtenu plus de 800 millions de dollars de Royal Dutch Shell et de la société italienne Eni pour la vente d’un puits de pétrole. Il l'avait octroyé à sa société en 1998 alors qu’il était ministre.
Leurs voisins immédiats sont des proches de l’ancien Président pakistanais, Asif Ali Zardari. Ils sont devenus propriétaires d’une villa à travers la société Tempo Global Gains qui appartenait à l’ancienne Première ministre pakistanaise, Benazir Bhutto. On y trouve aussi un ancien ministre des Finances pakistanais, Mohammed Ishaq Dar, accusé par le bureau de l’Audit de son pays d’avoir dilapidé les fonds publics.
L’enquête sud-africaine sur la famille Gupta démontre qu’elle a négocié l’achat d’une villa de 10 chambres, décorée d’or et de marbre, et dotée d’un garage pour 11 véhicules pour l’ex-président Jacob Zuma en 2015. Déjà soupçonné de corruption dans l’affaire Thales, Zuma prévoyait, avant son élection, de s’y installer en quittant le pouvoir.
À côté, se trouvent des despotes africains, à l'exemple de Grace Mugabe, la femme de l’ex-président zimbabwéen, Robert Mugabe. Aussi l’ancien Premier ministre, Thaksin Shinawatra, ancien propriétaire de Manchester City, qui s’est réfugié aux Émirats Arabes Unis pour éviter la prison dans son pays.
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