Depuis que sa fille a été tuée par un mari violent, une femme s’est retrouvée avec les trois enfants de la disparue sur les bras. Pour Anita Devi Samy, ce n’est pas une contrainte, puisqu’elle aime ses petits-enfants. Cependant, l’amour n’apaise ni la faim ni comble les besoins essentiels de la vie.
Le 2 mai dernier, Anjani Devi Bhayraw, 28 ans, a été tuée par son mari. Femme battue depuis longtemps, elle a fini par succomber sous les coups violents de son conjoint, laissant derrière elle trois enfants, âgés respectivement de 10, 3 et 1 an. Un double drame épouvantable : une jeune femme tuée et trois enfants qui sont privés de leur mère.
Depuis ce tragique événement, c’est la mère d’Anjani qui s’occupe des enfants. Qui dit s’occuper des enfants dit aussi subvenir à leurs besoins matériels. Il faut les nourrir, les habiller, leur acheter des choses propres et les envoyer à l’école avec tous les frais que cela impose. Veuve et sans ressources, Anita Devi Samy, 50 ans, qui habite Montagne Longue, n’arrive pas à joindre les deux bouts. Le manque de produits de première nécessité se fait de plus en plus pressant.
Je ne pourrai jamais remplacer leur mère, mais je fais du mieux possible"
Jadis, la famille d’Anita se composait de quatre personnes et aujourd’hui il n’en reste plus que deux, après la mort de son époux il y a une quinzaine d’années et le décès tragique d’Anjani. On imagine facilement la situation de cette femme qui, n’ayant jamais refait sa vie, doit lutter seule contre les difficultés que lui impose son existence. Sans mari, sans sa fille et avec trois petits innocents à sa charge qui regardent constamment dans sa direction, la vie d’Anita n’est pas de tout repos. Le cœur meurtri, elle peut lire toute la tristesse du monde dans les yeux de ses petits-enfants. Ces derniers, eux aussi, peuvent lire l’angoisse dans les yeux de leur grand-mère qui doit se démener pour essayer de leur arracher un sourire. Ces trois petits êtres ne méritaient pas cela. D’ailleurs, aucun enfant ne mérite cela.
Pour beaucoup de grands-mères, c’est un pur bonheur de s’occuper de leurs petits-enfants et c’est aussi le cas pour Anita, sauf que, pour cette dernière, la situation est complètement différente. « Quand je regarde mes petits-enfants, je pense à leur mère », dit Anita. Elle raconte : « Quand mon époux est décédé, Anjani n’avait que 13 ans et je l’ai élevée toute seule. Maintenant, je suis en train de refaire tout cela, mais elle n’est plus là et ne pourra pas voir ses enfants grandir. Vous rendez-vous compte ? Si un gosse de 10 ans a toujours besoin de sa mère, que dire pour un gosse de trois ans et un bébé âgé seulement d'un an ? Tous les mots du monde ne peuvent décrire ce que doivent ressentir ces trois petits. De surcroît, ils ne sont pas privés que de leur mère… ». Elle ajoute que, pour Anjali, ses enfants étaient sa vie.
« Malgré mon amour et mon affection pour mes petits-enfants, je ne pourrai jamais remplacer leur mère, mais je fais du mieux possible », avoue Anita avec une tristesse infinie dans la voix.
Elle croit toujours que le drame aurait pu être évité si Anjani avait écouté ses conseils. En effet, elle avait à maintes reprises demandé à sa fille de quitter son mari qui la maltraitait. Cependant, Anjani ne voulait pas, car elle nourrissait l’espoir que son mari allait changer.
Auparavant, Anita travaillait comme machiniste pour subvenir aux besoins de ses deux enfants, sa fille Anjani et son fils, âgé maintenant de 26 ans. Aujourd’hui, elle ne peut plus travailler, car elle doit veiller sur ses trois petits-enfants qui ont besoin d’elle.
Anita survit grâce à sa pension de veuve et l’allocation que touche chacun des trois enfants, soit Rs 5 000 + Rs 3 400 (Rs 810 par tête et une allocation de Rs 600 pour elle), ce qui fait Rs 8 400 au total. « Cela est insuffisant. Un bébé d’un an a besoin de lait et de couches, entre autres. Cela me chagrine de voir que je ne peux offrir à mes petits-enfants tout ce dont ils ont besoin. Ils sont privés de plusieurs choses… », déclare Anita avec un soupir. Elle avoue que, parfois, elle doit compter sur l’aide de ses proches, même si son fils la soutient financièrement autant qu’il le peut. « La cadette de mes petits-enfants est entrée à l’école maternelle en août dernier. Je dois trouver Rs 925 mensuellement, sans oublier les frais de transport qui sont de Rs 700 par mois », explique-t-elle.
Anita lance un appel à la solidarité des Mauriciens. Tous ceux qui souhaitent lui venir en aide peuvent la contacter sur le 5921 9522.
Un rappel des faits
Anjani Devi Bhayraw a été poignardée mortellement par son époux, Omesh Bhayraw, dans la maison conjugale, à la rue Inkermann, Plaine Verte, le 2 mai 2018. Le drame s’est produit tôt le matin sous l’œil impuissant de leur fille de trois ans et de leur bébé.
La victime s’était mariée le 29 avril 2007 après être tombée éperdument amoureuse d’Omesh. Alors qu’elle s’imaginait vivre le parfait amour, l’homme avec lequel elle avait commencé une nouvelle étape de sa vie s’est révélé être un tyran. « Lundi chawtaree fini, mardi meme linn komans envoy plats lor mo tifi. Linn blesse li dan so li pied », raconte la mère d’Anjani.
Ce n’était que le début du calvaire pour la jeune mariée. Mais cette dernière a préféré souffrir en silence et se taire sur son bourreau de mari. Au fil des ans, la situation s’est envenimée au sein du couple. Puis, Omesh commença à avoir des ennuis avec la justice et il a été arrêté pour vol. Selon ses voisins, il est également devenu accro à la drogue.
La mère d’Anjani lui a conseillé de se séparer de son mari, mais la jeune femme a persisté pour vivre ensemble avec lui jusqu’à ce qu’elle trouve la mort.
Leur fille de trois ans, qui a assisté au drame, reste profondément marquée par ce qu’elle a vu. Selon sa grand-mère, elle ne cesse de faire des cauchemars et pose sans cesse des questions sur sa mère. « Li dire moi ça : jour Divali, mama pou vine cherche moi. Li pou mette la lumiere la bas. Mo pou alle guete li », raconte la grand-mère.
Elle déplore que ses petits-enfants ne reçoivent aucun suivi de la part d’un psychologue du ministère. Pourtant, on lui avait promis que quelqu’un allait venir visiter les enfants à domicile.
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