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Lettre ouverte d’un proche de la présidente : don’t shoot the President

Mubarak Sooltangos Mubarak Sooltangos

Le pays vit une période cruciale de son histoire et les prochains jours devraient nous démontrer si nous avons la capacité et la maturité de faire face à des crises, tout en maintenant notre attachement aux valeurs démocratiques. Ou alors ils nous montreront la face cachée de la politique, celle qui pousse à sacrifier nos valeurs pour des gains politiques et des avantages personnels.

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À l’évidence, la Présidente n’a aucunement l’intention de démissionner. Elle n’a pris aucune mesure pour le faire et ceux qui le prétendent et diffusent cette nouvelle dans les médias devront assumer leurs responsabilités. Ses détracteurs lui ont demandé de démissionner afin qu’elle puisse partir avec dignité. Mais quelle dignité ? On lui demande de partir comme une coupable, alors qu’elle n’a rien à se reprocher sur le plan de l’honnêteté, mis à part quelques erreurs de jugement, notamment celui d’avoir un peu précipitamment cru en la bonne foi de Sobrinho et d’avoir utilisé la carte Platinum de Planet Earth Institute (PEI). Ce dernier écart, que l’on pourrait qualifier de fausse manœuvre, est d’ailleurs sans conséquence, puisqu’elle a tout remboursé et qu’elle ne doit rien à personne.

Si nous étions objectifs et honnêtes, nous reconnaîtrions le fait qu’elle a remboursé la PEI après trois mois, contrairement à d’autres VVIP qui n’ont remboursé Air Mauritius, après les largesses dont ils ont été les bénéficiaires, selon le carnet de Gerard Tyack, qu’après avoir subi des pressions pendant plusieurs années. Et il n’y a eu aucune autre conséquence pour eux. La Présidente n’a pas attendu qu’on lui force la main pour se mettre en règle avec la PEI.

Dans l’affaire Sobrinho, les uns et les autres ont agi selon leur instinct naturel. La Présidente y a vu une occasion pour les étudiants mauriciens d’obtenir des bourses d’études pour faire leur doctorat. D’autres ont vu la possibilité de bénéficier de la fontaine Sobrinho. On a agi vite, offrant des permis a Sobrinho après un « due diligence » et des enquêtes financières, dont la profondeur et l’efficacité restent à démontrer. Est-ce la responsabilité d’une Présidente de faire preuve de « due diligence » ? C’est aux régulateurs et à ceux auxquels les demandes de permis sont adressées de faire leur KYC et leurs enquêtes de moralité. Pis, l’administration et l’exécutif du pays ont failli dans leur devoir de protéger leur présidente car ils n’ont pas fait d’enquête en profondeur qui leur aurait permis de lui conseiller de faire marche arrière. C’est ainsi que cela se passe dans les pays avancés. Donald Trump et Emmanuel Macron ne sont pas des Lieutenant Colombo. Pourquoi s’attendre à cela de la Présidente ? Les coupables cités plus haut ont non seulement failli à leur tâche qui consistait à protéger la présidente, mais ils se sont aussi débinés de manière lâche et veulent maintenant donner des leçons de moralité à cette même présidente. On aura tout vu.

La bataille contre la Présidente n’est pas une bataille légale mais une bataille de communication et de crédibilité aux yeux du public.»

Valeur du jour, la bataille contre la Présidente n’est pas une bataille légale. C’est une bataille de communication et de crédibilité aux yeux de l’opinion publique. La Présidente est en train de gagner cette bataille, selon les observateurs politiques avertis. Le peuple n’arrive pas à croire que l’opposition et le gouvernement font front commun contre elle. Les politiciens trainent bien trop de casseroles derrière eux pour que leur défense de la moralité soit crédible.

Le paysage politique va changer dans les jours à venir. Trois partis politiques de l’opposition se sont déjà manifestés, soit directement soit par des intermédiaires, pour offrir leur soutien à la présidente. Ils ont réalisé que la roue a tourné et, en bons stratèges, ils veulent tirer leurs avantages politiques. C’est leur droit et ils agissent de manière sensée. En 48 heures, la présidente a renversé une forte tendance qui s’est dessinée après douze jours de violentes attaques et de pressions intenses. À vouloir « overkill », ses détracteurs sont allés trop loin et ont été maladroits.

Elle ne cédera que devant l’État de droit et la Constitution et pas face aux pressions. Nous sommes un pays de droit, avec des lois et une Constitution, et nous devons nous fier à ces lois. Si cela implique d’aller devant le Parlement et au tribunal, on doit s’y soumettre. La Présidente sera très certainement copieusement insultée sous le couvert de l’immunité parlementaire, mais elle aura l’occasion de se défendre devant le tribunal. Amender la Constitution pour assouplir la procédure de destitution et éviter de passer par un tribunal serait un suicide politique. Selon des politiciens avertis, une telle motion n’obtiendra pas la majorité voulue au Parlement et n’aura pas l’approbation de la population parce qu’elle visera à enlever à la présidente la possibilité et le droit de se défendre. Cela, le peuple admirable de Maurice ne le cautionnera pas. We must play by the rules and not change them to suit our whims. C’est cela la justice et la démocratie.

Mubarak Sooltangos

 

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