Economie

Letchis : une saison 2016 abondante, sauf mauvais temps et chauve-souris

La brise des derniers jours risque d’être fatale pour les litchiers. À moins d’arroser copieusement ces arbres fruitiers les plus surveillés et convoités à Maurice, d’abord par leurs propriétaires puis par les chauves-souris. Mais si les conditions climatiques sont favorables, l’on doit s’attendre à une surproduction de letchis en 2016, s’accordent à reconnaître producteurs et exportateurs de ce fruit.

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« Nous sommes encore en hiver et durant les deux prochains mois, il faudrait faire attention aux anticyclones », prévient Nirmala Seeburn, Principal Research Scientific à l’Agricultural and Research and Extensive Unit (AREU), qui précise que le changement climatique ne permet pas d’indiquer avec précision les différentes étapes par lesquelles passent les letchis avant d’atteindre avec succès la maturation. « Il ne faut pas non plus penser que le letchi mûrit mieux et plus vite dans certains endroits. Dans un même champ, ces arbres ont parfois des évolutions différentes », indique l’horticultrice.

Dans l’immédiat, il est encore trop tôt pour savoir comment sera la récolte 2016 des letchis. Mais, d’ores et déjà, explique Nirmala Seeburn, dans certains endroits des Plaines Wilhems, des petits letchis commenceront à apparaître la semaine prochaine et il faudra une bonne alternance de chaleur et d’humidité, sans oublier les arrosages pour la nouaison. « Si l’on n’arrose pas, les fruits risque de connaître ce qu’on appelle le stress hydrique », dit-elle. Cette année a été favorable à l’émission florale, mais si la brise persiste, elle risque d’assécher les fleurs. « Ces brises sont normales, mais il ne faudra pas qu’elles persistent », fait ressortir Nirmala Seeburn.

Ravages causés par les chauves-souris

À ce stade, il n’existe aucune certitude concernant le développement des litchiers, qui semblent néanmoins bien partis pour une bonne saison, tout comme les longaniers. « Il faudra des conditions d’alternance de climat équilibrées et maximales pour que se développe la peau des letchis, qui va assurer la croissance d’une pulpe assez grosse et sucrée, si l’arbre n’a pas bien arrosé, la peau peut éclater ». Il convient de souligner que les litchis sont des arbres très mellifères. La fécondation des fleurs est assurée par les abeilles. L’installation de ruchers à proximité de vergers de letchis permet à la fois d’améliorer la production fruitière et de récolter un miel de letchi, a la saveur douce et parfumée.

De manière générale, durant les 1re et 2e semaines de novembre, les fruits grossissent et la semaine suivante, ils arrivent à maturité. L’année dernière, le cycle de développement avait connu un déséquilibre et couplé aux ravages causés par les chauves-souris, la récolte avait été désastreuse. Cette année, la menace venant de ces chiroptères ne risque pas de changer. « Elles ont augmenté et dès qu’elles n’auront plus à manger, elles se fondront sur les arbres fruitiers à partir des prochains mois », fait observer Nirmala Seeburn.

Rappelons que le ministère de l’Agriculture ne compile pas de chiffres concernant la production des letchis, du fait qu’ils sont cultivés dans les cours et ensuite négociés et revendus à Maurice sans de déclaration au fisc. Pour l’exportation, l’AREU dispose des chiffres à l’exportation, calculés en moyenne et qui avoisinent les 300 tonnes. À Maurice, seule la sucrerie Médine produit à grand échelon des letchis pour le marché local, sous le label « Jardins de Médine », et ayant atteignant un volume de 500 tonnes en 2015. La production était attendue à environ 1 500 tonnes, comme ça a été le cas depuis 2012, date de la création du label. Cette baisse drastique est due aux dégâts causés par les chauves-souris et au nombre croissant de vols dans les vergers appartenant à la sucrerie.

Si les étapes de maturation suivent leur évolution régulière sans rencontrer de problèmes climatiques, la récolte 2016 des letchis sera très abondante, mais avec des prix revus drastiquement à la baisse pour les producteurs et exportateurs. Gros exploitant de fruits exotiques dans l’est et engagé dans l’exportation d’ananas et de letchis en France principalement Sudesh Proag, explique, que la superproduction verra certainement la chute des prix en France.

« En dépit du gros volume d’exportation de nos deux concurrents, Madagascar et l’Afrique du Sud, d’une part et, d’autre part, le marché préférentiel dont dispose La Réunion en France, notre label ‘Made in Maurice’ a su se faire un marché niche pour les letchis dans ce pays, parce que nos fruits sont livrés à l’état dit primaire 24 heures après la cueillette, ce qui n’est pas le cas pour Madagascar et l’Afrique du Sud. Mais, cette année, le marché du letchi, local et étranger, risque fort d’être inondé, et avec le coût du fret, nos bénéfices baisseraient drastiquement. Il faut espérer que les nouvelles lignes aériennes, notamment Turkish Airlines, nous permettent d’être sur les marchés européens dans les délais et à moindre frais », explique Sudesh Proag.

 

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