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L’état de santé de Junaid Fakim au cœur des débats judiciaires

L’avocat Junaid Haroon Fakim lors de sa comparution au tribunal de Rose-Hill. Nasser Osman Beekhy devra retourner en cour le 10 novembre 2025. La FCC s’oppose à la motion de David Jean Christian Thomas.
  • Un avis médical attendu quant à une éventuelle intervention chirurgicale

Au centre de l’enquête sur les présumées malversations liées à l’homme d’affaires malgache Maminiana Mamy Ravatomanga, trois protagonistes ont été appelés ce lundi 3 novembre 2025 devant différentes instances judiciaires. La motion de remise en liberté de Nasser Beekhy a été rejetée par le tribunal de Port-Louis, tandis que l’ancien commissaire de la FCC, Junaid Haroon Fakim, reste hospitalisé. La Financial Crimes Commission (FCC) s’est en outre opposée à la demande de remise en liberté de David Jean Christian Thomas.

Arrêté le 30 octobre 2025, Junaid Haroon Fakim, âgé de 41 ans et ancien commissaire de la FCC, est actuellement admis à la clinique C-Care Wellkin où il a subi une angiographie, dans l’attente d’un avis médical pour une éventuelle intervention chirurgicale à la suite de problèmes cardiaques. C’est ce qu’a expliqué le Chief Investigator (C.I) de la FCC, Khemrajsingh Jokhoo, précisant que Junaid Fakim était hospitalisé depuis sa dernière comparution.

Le sergent Bernard Mongélard, détaché à la FCC depuis le Central Criminal Investigation Department, a indiqué que, suivant l’ordre du tribunal pour que Junaid Fakim soit examiné à l’hôpital Victoria à Candos, il l’avait escorté sur place. En l’absence du médecin de la police, le Dr Muhammad Feizal Timol, médecin traitant de Fakim, a, avec l’accord du Dr Deenoo, responsable du Cardiac Centre, transféré le patient à C-Care Wellkin pour l’angiographie. Le policier a dit ignorer pourquoi cet examen médical n’a pas été fait à Candos. 

Le sergent a précisé qu’aucune contrainte physique n’avait été exercée sur l’ancien commissaire, celui-ci n’ayant pas été menotté aux pieds pendant son séjour en High Dependency Room. Ce lundi, en allant interroger le patient à la clinique, il a appris que celui-ci avait été transféré vers une « Serenity Room ». 

Le magistrat Arun Ruhomally a décidé de mettre en attente la demande de remise en liberté de Junaid Fakim et a fixé un suivi pour le 6 novembre afin d’évaluer son état de santé. Ce dernier fait l’objet de deux accusations provisoires : « Public official using his office for gratification » et « breach of confidentiality » en vertu du FCC Act. Il est reproché à l’ancien commissaire d’avoir rencontré Mamy Ravatomanga lors d’une réunion à Quatre-Bornes le 14 octobre 2025, et d’avoir divulgué des informations confidentielles 

La demande de Beekhy rejetée

La motion de remise en liberté de Nasser Osman Beekhy a également été rejetée par le tribunal de Port-Louis, en son absence et celle de ses avocats, Mes Samad Golamaully et Ashley Hurhnagee. Accusé d’entente délictueuse, Nasser Beekhy aurait conclu un accord avec David Jean Christian Thomas, proche de Mamy Ravatomanga, pour rencontrer Junaid Fakim et tenter d’interférer dans l’enquête en cours. 

Me Trishul Naga, avocat de la FCC, a précisé que Nasser Beekhy, après avoir obtenu son autorisation de sortie de la clinique où il était admis, avait dû être réexaminé pour un malaise. L’avocat a critiqué l’absence des conseils de Beekhy lors de l’audience, qualifiant leur comportement « d’irrespectueux » et exigeant des explications écrites. Me Samad Golamaully a évoqué un malentendu et affirmé que les tentatives de contacter la Cour avaient échoué, malgré la présence des enquêteurs. Nasser Beekhy sera de nouveau entendu le 10 novembre 2025. 

David Jean Christian Thomas, 38 ans, a comparu ce lundi devant la magistrate Dr Bibi Zeenat Cassamally au tribunal de Mapou, pour sa demande de remise en liberté sous caution. La FCC, représentée par Me Fayyaad Arzamkhan, s’y est opposée, invoquant le risque d’interférence avec des témoins et de manipulation de preuves.

Le C.I Khemrajsingh Jokhoo a rappelé que l’enquête était toujours en cours et que d’autres déclarations de Thomas étaient à recueillir. L’audience sur la motion de remise en liberté a été fixée au 6 novembre 2025. David Thomas est défendu par Me Arassen Kallee.

Réunion secrète : le gendre du magnat malgache nie toute participation

« J’ai simplement conduit mon beau-père à une réunion, je n’y ai pas participé. » C’est ce qu’a déclaré Andry Patrick Rabekotokany, gendre de l’homme d’affaires Mamy Ravatomanga, aux enquêteurs. Entendu comme témoin au siège de la FCC, lundi 3 novembre, il a quitté les lieux à l’issue de son audition.

Auditionné pendant trois heures en présence de son avocat, Me Kooshal Bansoodeb, Andry Rabekotokany a affirmé ignorer l’identité des autres participants à la réunion du 14 octobre, tenue au domicile d’un proche de l’ex-commissaire Junaid Fakim, à Quatre-Bornes. Andry Patrick Rabekotokany a précisé être resté dans une pièce voisine et n’avoir eu aucune connaissance des échanges. Confronté aux versions des autres protagonistes concernant cette rencontre qualifiée de « secrète », il a répété s’être limité à conduire son beau-père sur place et à l’attendre. 

Andry Rabekotokany a également confirmé avoir accueilli son beau-père à l’aéroport de Plaisance dans la nuit du 12 octobre, à l’arrivée du jet privé transportant Mamy Ravatomanga et ses proches, précisant que cela relevait d’une pratique normale. Il a indiqué résider à Maurice depuis plusieurs années, où il vit avec sa famille et exerce comme homme d’affaires.

Mamy Ravatomanga, placé sous arrestation par la FCC depuis le 24 octobre, reste hospitalisé à la clinique Premium Care, à Phoenix. Il est soupçonné de blanchiment d’argent à la suite d’importants transferts de fonds en octobre 2025 de Madagascar vers des comptes mauriciens, selon le FCC Act. 

Khushal Lobine assume la défense de Mamy Ravatomanga

Le député et leader des Nouveaux Démocrates, Khushal Lobine, justifie sa participation à l’équipe d’avocats du milliardaire malgache Mamy Ravatomanga, malgré les critiques sur un possible conflit d’intérêts.

Dans un communiqué publié lundi, l’élu invoque le Cab Rank Rule, principe déontologique du common law obligeant tout avocat compétent et disponible à accepter un mandat, quelle que soit la réputation du client. Refuser un dossier pour des raisons extérieures reviendrait, selon lui, à « compromettre l’intégrité de la justice ».

Khushal Lobine précise que défendre un client ne signifie pas approuver ses actes : il s’agit de garantir un procès équitable. Citant Lord Bingham, ancient juge britannique, il rappelle que « la défense des droits fondamentaux ne dépend pas de la popularité de la cause ».

L’élu assure enfin qu’il respecte une séparation stricte entre ses fonctions politiques et professionnelles, soulignant agir « avec rigueur, transparence et dans le respect absolu de la déontologie ».

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