Le Premier ministre a fait plusieurs vœux dans son message à la nation le 1er janvier. Si certains les accueillent favorablement, même avec de grosses pincettes, d'autres le clouent au pilori et disent ne plus croire au Père Noël. Clin d'œil sans complaisance.
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Law & order et drogue
Kunal Naik de Cut : « Il fallait remplacer la Natresa »
Il jette une grosse pierre dans le jardin de l'ex-ministre de la Santé, Anil Gayan. Pour le président du Collectif Urgence Toxida (CUT), Kunal Naik, l'idée d'introduire un National Drug and HIV Council annoncée par le Premier ministre est une bonne chose, car « depuis que la Natresa a été dissoute, il n'y avait plus aucun organisme pour s'occuper tout ce qui est de la drogue et du VIH/Sida, il fallait remplacer la Natresa ».
Il se dit heureux que ce conseil tombera sous l'égide du PMO, « mais il faut qu'il ait les pouvoirs appropriés pour mener à bien sa tâche ». Kunal Naik espère que ce conseil « prend tous ceux concernés de près ou de loin à ces problèmes soient partie prenante, que ce conseil soit multisectoriel » et qu'il faut une politique qui prend en compte le problème de la drogue à long terme.
Il dit espérer que l'intention du PM ira dans la bonne direction pour le combat contre la drogue et le VIH/Sida. Il dit espérer que le law and order prévaudra cette année, quoi qu'il y a beaucoup de crimesqui choquent.
Aly Lazer : « Ce conseil sera un bouledogue sans dents »
Lui, il ne croit aucunement à ce nouveau conseil que veut mettre sur pied le Premier ministre. « J'en ai marre d'entendre des voeux pieux. Depuis la dernière commission d'enquête Rault, il y a eu un rapport détaillé et si le gouvernement de l'époque avait pris des mesures, il n'y aurait pas fallu une deuxième commission. Après 40 ans de lutte, de travail social, je ne crois plus aux discours creux, je veux des actions qui ne sont jamais venues et qui ne viendront pas », dit-il.
Le travailleur social s'insurge contre ce qui se passe dans ce pays : « Tout fout le camp, la drogue se vend comme des petits pains aux yeux de tous, les synthétiques, n'en parlons pas, et qui touche les jeunes étudiants et même des écoliers et personne ne réagit à ce fléau? Les crimes crapuleux ne cessent de nous miner la vie et on parle de Law & Order, avec toutes ces caméras qui sont installées pour rien ».
Il se demande ce qui va se passer avec le rapport Lam Shang Leen : « Les recommandations seront encore mises au frigo ? ».
Économie et croissance
Pierre Dinan : « Une croissance doit être de qualité »
Qu'y a-t-il dans un chiffre ? se demande l'économiste Pierre Dinan. Pour lui, atteindre le seuil de 4 % ne veut rien dire : « Le Premier ministre a annoncé une croissance de 4 % pour cette année. Il se base sur de gros projets comme le Metro Express, les Smart Cities, les hôtels, les projets privés. L'économie mondiale se reprend. Il a pris en considération les facteurs interne et externe. Cela est le côté positif ».
Il met toutefois un bémol : « Il y a des risques que les prédictions du PM ne se réalisent pas, car du côté externe, ces deux dernières années, notre exportation a freiné et il s'agit de savoir s'il y aura des améliorations au niveau de l'industrie manufacturière ».
Pierre Dinan ajoute que côté interne, les projets identifiés qui vont pomper notre économie peuvent prendre du retard « et cela pourrait affecter le taux de croissance ». Et il lâche sans ambages : « La croissance n'est qu'un chiffre, il faut avoir de la qualité, une croissance basée sur les projets à long terme, avec de nouveaux secteurs qui vont favoriser l'exportation, comme l'économie maritime dont le PM n'en a pipé mot, nous avons besoin d'une économie soutenable ».
Swadicq Nuthay : « Il y a des risques avec le Brexit »
L'économiste, Swadicq Nuthay, est tout aussi critique dans son analyse du taux de croissance. « Le taux de croissance dépend de la projection de différents secteurs. Les 4 % sont basés sur les infrastructures publiques, alors que les investissements du secteur privé seront concentrés sur la construction avec divers projets. Le taux de croissance va dépendre de la vitesse de la mise en chantier de ces projets, car dans le passé, on a enregistré des retards », dit-il.
Pour lui, il y a des facteurs endogènes « mais l'aspect exogène, il y a des signes de reprise de l'économie mondiale, mais il y a le Brexit, avec la Grande-Bretagne qui est l'un de nos plus gros marchés d'exportations de textile et de thon ». Il ajoute que si on perd cet accès préférentiel, on devra négocier un nouvel accord bilatéral.
« Puis, il y a le prix du baril avec un taux de taxation élevé qui aura un effet direct, car cela entre de plein pied dans le coût de production et notre balance commerciale qui se détériore, la compétitivité qui est en berne, il nous faut une croissance de qualité et de high value, comme l'implantation de compagnies de logiciels qui apportent de la valeur ajoutée, même si les investissements ne sont pas énormes, mais c'est à long terme », conclut Swadicq Nuthay.
Formation
Pradeep Joosery : « Formation égale croissance économique »
Le directeur du MITD est tout heureux de l'annonce du PM de mettre de l'accent sur la formation. Pour lui, c'est la base même de tout développement.
« C'est un engagement positif que le PM a pris concernant la formation. Il faut viser l'excellence et la qualité. Fini le temps où on faisait dans l'à-peu-près. Ce processus a démarré depuis deux ans et la réforme de la formation se fait dans le temps ».
Il ajoute que tout le programme de la formation est revu « avec l'achat d'équipements neufs et modernes et principalement avec la nouvelle technologie, il faut s'adapter. Il nous faut aussi rendre l'environnement des établissements de formation accueillants pour attirer les jeunes et sans oublier la formation des formateurs qui doit se faire on-going », souligne Pradeep Joosery.
Le directeur du MITD précise que « tous ces éléments vont faire que nous pourrions compter sur la formation pour une main-d'œuvre qualifiée dans des métiers comme les techniciens, la technologie nouvelle, entre autres ».
Reshad Sayfoo : « C’est un bouche-trou »
Pour lui, c'est un échec total et que tous les responsables de la formation passent à côté de la plaque. « Notre façon de faire de la formation, c'est comme si on porte des visières. Un bouche-trou. La vision est sur le court terme et on va se casser la gueule. Après une formation de quelques années, que fait-on de ces jeunes ? J'ai suggéré 20 points sur le site du Vocational Training Institute (VTI) et sur Facebook, ceux intéressés peuvent piquer mes idées pour le bien de la formation », suggère-t-il.
Le directeur du VTI trouve étonnant que les jeunes qui suivent une formation ne sont pas sanctionnés par un examen digne de ce nom et certifié : « Le National Certificate 3 du MITD se fait sans aucun syllabus, sans suivi, sans aucun grade ? »
Reshad Sayfoo ajoute que le programme de formation du MITD avec quatre jours de pratique et un jour de théorie « qui se fait sans agenda, sans des matières comme les maths, les sciences qui sont pourtant obligatoires ». Pour lui, on se concentre sur l'hôtellerie et les call centres, « sans plus ». Il ajoute qu'il ne croit pas dans cette philosophie à court terme.
Éducation
Yahya Paraouty : « Une campagne contre le Psac »
Il est furax. Contre la ministre de l'Éducation qui est pourtant membre du MSM auquel il appartient. Le président de l'Upsee, Yahya Paraouty, n'a pas sa langue dans sa poche. Il tire plus vite que son ombre. La preuve, il s'en va-t-en guerre contre la réforme de l'éducation et du Psac.
« La ministre de l'Éducation ne connaît pas la réalité du terrain, une réforme s'est faite sans consultation, imposée aux syndicats et les directeurs. Voyez les autres ministres de l'Éducation qui sont devenus. Tous à la poubelle. Elle finira pareille. On se dirige vers le précipice », dit le syndicaliste.
Il prévoit une admission en Lower VI difficile « avec ceux qui auront quatre Credits qui seront pénalisés pour avoir accès à l'université qui réclamera 5 Credits ».
Est-ce à dire qu'il nous faut un nivellement vers le bas ? « Pas du tout, avec les trois Credits en HSC, le projet portait ses fruits, on dit que j'ai une grande gueule, mais je suis syndicaliste avant d'être politicien, mon combat de syndicat avec mes 4 000membres passent avant tout et le secteur de l'éducation, je le connais du bout des doigts, car je n'ai pas été prof d'un star college, mais j'ai travaillé avec des enfants de niveau moyen, pas comme elle ».
Yahya Paraouty ajoute qu'il compte mener campagne contre le Psac qui est un échec pour lui : « Je vais mener une campagne d'affiches contre le Psac, si Mme Dookun cherche la confrontation, elle l'aura, car le Psac est un fiasco ».
Sutthydeo Tengur : « Toujours de la grogne »
Le président de la Government Teachers' Union est plutôt optimiste que le Psac et la réforme en général sur lesquels repose le Premier ministre vont réussir. Toutefois, il reconnaît que les changements apportent toujours des mécontentements. « Peut-on plaire à tout le monde ? Non, car il y aura toujours et encore des mécontents. Il n'y a pas de système parfait, le tout c'est d'aller tout doucement », avance-t-il.
Le syndicaliste et enseignant estime qu'il y avait « un consensus que le CPE tuait nos enfants et qu'il fallait le remplacer et l'Alliance Lepep dans son manifeste de 2014 avait promis de get away avec le CPE, elle l'ai fait et a travaillé une formule qui n'est pas parfaite, certes, mais qui a le mérite d'avoir éliminé le CPE ».
Il estime que c'est une « teething period » et de donner la chance à la ministre et au gouvernement de parfaire, là où il le faut la réforme.
Cependant, il dit regretter le taux d'échec en SC et en HSC, qui avoisine les 20 %, « c'est beaucoup, car ils ne pourront jamais aller àl'université ». Pour lui, il nous faut penser une éducation de qualité et que les études choisies par nos universitaires soient adaptées au monde du travail.
Logements
Désiré Guildhary : « Pas de maisons boîte d’allumettes »
Le président de la Free Democratic Union Federation croit en ce qu'a dit le PM. Désiré Guildhary se dit « satisfait » qu'une initiative de construire 4 000 unités de logements pour les plus pauvres est louable : « C'est un voeu du PM et c'est tant mieux, mais il faut le concrétiser tout en observant le critère social en offrant ces maisons aux méritants ».
Désiré Guildhary ajoute que le gouvernement devrait se pencher sur un sérieux problème que rencontrent beaucoup de personnes : « Le dépôt pour avoir ce genre de maisons ne devrait pas être hors de portée de la petite bourse, puis ces maisonnettes devraient avoir les nécessités basiques être accessibles facilement par autobus ».
Le syndicaliste soutient qu'une « maison n'est pas un luxe, mais une nécessité et qu'il ne ne pas construire des maisons comme une boîte d'allumettes et pas en hauteur ».
Roland Cotery : « 4000 maisons ? Le PM blague »
Il est d'un pessimisme à couper le souffle. Pour Roland Cotery, le syndic de La Résidence La Tour Koenig Alpha, « le PM blague quand il dit vouloir construire 4 000 maisonnettes en une année. Dir mwa 1 000, sinon pe reve ».
Pour lui, les maisons qui seront construites ne peuvent l'être sans qu'il y ait un suivi des autorités en termes d'entretien : « D'abord, il faut qu'il y ait un cahier des charges qui soit respecté, qu'il y ait un syndic pour chaque lot de maisons, qu'ils paient un minimum comme dépôt, qu'il y ait des infrastructures essentielles, même basiques ». Il précise que le GM ne devrait plus construire en hauteur, comme les appartements de La Tour Koenig, « mais des maisons évolutives que les occupants pourront agrandir au fil du temps et selon leurs moyens ».
« De grâce, ne donnez pas ces maisons à n'importe qui, mais à ceux qui le méritent, pas des colleurs d'affiches ».
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