Les sœurs Choomka : les sept merveilles d’une famille de surdouées

Elles ont le rire facile. Une simple séance photos rassemblant les sœurs Choomka peut prendre des heures tellement les éclats de rire fusent et s’éternisent. En sus de leur bonne humeur communicative et des liens du sang, les sept sœurs ont aussi en commun d’avoir achevé leur scolarité… avant l’heure !

Leurs parcours scolaire et professionnel laissent bouche bée le commun des mortels. Les sœurs Choomka ont toutes réalisé ce que très peu d’enfants mauriciens parviennent à faire.

Les sept filles ont sauté des classes et certaines, si ce n’est la plupart d’entre elles, ont commencé leur ACCA et leur LLB en Lower 6. Si elles ont pu accomplir de tels exploits, c’est grâce au soutien indéfectible de leur papa Beeya Choomka.

Ce dernier, originaire de Plaine-Verte, a toujours cru dans l’ascension sociale à travers l’éducation. Il soutient avoir poussé ses filles à donner le meilleur d’elles-mêmes, tout en s’assurant qu’elles fassent ce qu’elles aiment avant tout. « Je les ai toujours motivées. Quand je voyais qu’elles travaillaient bien à l’école, je les encourageais à sauter des classes. Cela a commencé avec l’aînée. Les autres ont suivi et c’est, désormais, une tradition dans la famille », confie notre interlocuteur.

L’homme d’affaires, qui opère dans le textile, n’a pas toujours connu des jours heureux. « Je n’ai pas toujours évolué dans ce secteur qui, j’avoue, nous a permis de mener une vie plus ou moins confortable. J’ai été poissonnier à mes débuts, receveur d’autobus ou encore chauffeur de taxi. J’ai même vécu, à un moment de ma vie, dans une petite maison en tôle avec mon épouse et cinq enfants. Toutefois, le peu que je gagnais, je l’investissais dans l’éducation de mes enfants et en sacrifiant les petits plaisirs de la vie. »

Son épouse Nooresa, 54 ans, est tout aussi fière de ses filles. « Mon époux et moi avons été sévères envers nos enfants quand il le fallait. Nous leur avons montré le bon chemin à prendre. Aujourd’hui, quand nous voyons leur parcours, nous ne pouvons qu’être fiers d’elles. Nous rêvions de les voir réussir leur vie », dit l’heureuse maman des sept merveilles.

Sharmeen, 13 ans : Le petit génie

C’est celle qui a réussi ce que très peu, voire personne n’a pu faire jusqu’ici. Sharmeen Choomka a, elle, pris part aux examens du SC à l’âge de… 12 ans et s’en est sorti avec 10 unités ! Elève au City College, elle n’a pas fait la Form III, ni la Form IV. Après la Form II, elle a directement tenté sa chance aux examens du SC.

Ce n’est pas la première fois que l’adolescente saute des classes. Au primaire, la petite a pris part aux examens du CPE alors qu’elle est âgée de 9 ans seulement et avait créé l’exploit en obtenant 4 A+ et 2A. Sharmeen Choomka avait opté pour la littérature anglaise, le Computer Studies, l’Islamic Studies, l’Add Maths et la comptabilité.

Elle compte maintenant poursuivre son HSC en optant pour les matières principales suivantes : Maths, Accounts et Islamic Studies.

Youshreen, 32 ans : L’exemple à suivre

L’exemple vient d’en haut, dit-ton. Youshreen Choomka, 32 ans, s’est distinguée dans ce rôle. L’aînée de la fratrie a fait ses études primaires à la Jean Lebrun Government School, avant d’intégrer le collège Muslim Girls. Alors que Youshreen Choomka s’apprête à faire sa Form IV, son papa lui conseille de prendre part aux examens du School Certificate (SC). Une idée que la jeune fille accepte se basant sur ses excellents résultats de Form III.
Son coup d’essai finira par payer et Youshreen sera admise au Renganaden Seeneevassen State Secondary School pour compléter le Higher School Certificate (HSC). Elle s’envole, ensuite, pour le Royaume-Uni où elle fera des études de droit à l’Université de Northumbria. Elle passera les examens du barreau au pays de Sa Majesté avant de regagner son île natale. Youshreen Choomka est aujourd’hui à la tête de l’Independant Broadcasting Authority. Mariée à un homme d’affaires et maman d’une fillette de cinq ans, la trentenaire se dit une femme épanouie.

Yasreen, 30 ans : L’assoiffée de connaissances

Yasreen Choomka est la pin-up de la famille. Toujours bien maquillée, c’est elle qui s’occupe du grooming de ses sœurs. C’est la plus féminine des sept, selon les six autres. La jeune femme de 30 ans est toujours en formation. Pour elle, on ne finit jamais d’apprendre. Ayant elle aussi sauté la Form IV, elle a toutefois repris part aux examens du SC une deuxième fois pour obtenir de meilleurs résultats.

« Ma première tentative m’a permis d’avoir une première expérience. J’ai fait mieux la fois suivante. Mon papa nous a toujours motivées en nous promettant un cadeau en cas de réussite. C’est ainsi que nous avons toujours voulu donner le meilleur de nous-mêmes. »

Après ses études secondaires, Yasreen Choomka suit des cours de droit à distance et complète son LLB. Cette année, elle attend que les cours de PGCE débutent, car elle caresse le rêve de devenir enseignante. En attendant, Yasreen passe du temps avec sa famille et son époux Jaweed Auckloo, en leur préparant de bons petits plats.

Tawheen, 28 ans : Le concentré d’exploits

Avocate au barreau et ayant remporté plusieurs cas, Tawheen Choomka est une jeune femme épanouie au rire contagieux. C’est la plus mature et responsable des sept, indiquent ses sœurs. Tawheen s’est classée 188e aux examens du Certificate of Primary Education et a été admise au collège Dr Maurice Curé. Comme ses sœurs, elle participe aux examens du SC alors qu’elle est en Form IV et obtient 11 unités.

Elle rejoindra ensuite les bancs du Muslim Girls College pour le Lower VI. Elle décidera, la même année, de prendre part aux examens du HSC au mois de juin et d’entamer des études supérieures à distance. « En six mois, j’ai commencé le Lower VI, j’ai pris part aux examens du HSC et j’ai commencé des cours d’ACCA et de LLB. » Tawheen n’abandonne toutefois pas le secondaire.Elle repassera les examens du HSC, l’année suivante, souhaitant être lauréate.

Elle se classe 22e en Economics Side et 8e en Accounting Side au niveau national. À la fin du secondaire, il lui reste une année seulement pour compléter l’ACCA et le LLB. « C’est grâce à mon papa que j’ai pu faire cela. En sus de l’Alliance française, il nous a dit que l’ACCA et le LLB étaient des petites formations qui pourraient nous aider dans le futur. Il a banalisé ces deux cours et ce n’est qu’à la fin que nous avons pris connaissance de ce que nous avons pu réaliser. »

À 20 ans, elle complète le LLB et l’ACCA et est invitée par l’Université de Londres à recevoir le prix de Brigit Cotter Best External Student 2008. Ce sera la princesse Anne qui lui remettra sa récompense. Une année plus tard, elle passe ses examens du Barreau et débute sa carrière d’avocate. Fiancée à Fayzal Janmohamud, la jeune femme compte convoler en justes noces en décembre de cette année.

Nawsheen, 26 ans : L’experte des chiffres

C’est la comptable de la maison. Comme ses soeurs, Nawsheen Choomka complète sa formation d’ACCA et de droit à l’âge de 20 ans. Toutefois, passionnée par les chiffres, elle décide de se lancer dans la comptabilité. Aujourd’hui, employée par la BDO, elle est mariée à un comptable, Irfan Nabeebukus. Nawsheen a aussi eu une petite aventure politique. Elle a été candidate aux dernières législatives de 2014 dans la circonscription No 2.

« Ça a été une expérience enrichissante. Beaucoup de Mauriciens ne sont pas prêts à donner sa chance à une femme en politique. J’ai eu beaucoup de remarques et de commentaires déplaisants. J’ai été déçue de constater cela ». La jeune femme est aussi à la tête de la Choomka School of Accountancy et donne des cours d’ACCA depuis quatre ans.

Nooreen, 24 ans : La dame de fer

Elle, c’est la plus sévère de toutes. C’est elle qui réveille tout le monde le matin s’il y a un examen important. Mariée à Faez Aulleear, Nooreen Choomka est une jeune femme épanouie. Après le secondaire complété, sans surprise, avec une année d’avance, elle fera ses études supérieures à l’Université des Mascareignes. « J’ai fait un BSc Hons en Accounting et Finance. Je suis d’ailleurs toujours à l’université ».

Nooreen assume son côté strict malgré ses 24 ans. Elle est, d’ailleurs, d’avis que les parents d’aujourd’hui doivent être plus sévères envers leurs enfants. « L’éducation est la clé de tout. Si les parents ne les encouragent pas à se concentrer sur leurs études, les enfants ne le feront pas. Il faut appliquer une discipline et une rigueur sans faille. »

La jeune étudiante se passionne aussi pour la pâtisserie. Passion qu’elle partage avec son époux. Les deux font souvent des petites compétitions entre eux deux, pour qui est le meilleur pâtissier qui ravit les papilles des autres sœurs.

Farrheen, 21 ans : La force tranquille

Derrière son uniforme de policière sérieuse et rigide, Farrheen Choomka est celle qui fait le plus de blagues et qui taquine le plus ses sœurs. C’est aussi celle qui, par son grand cœur, sait faire la différence entre ce qui est juste et ce qui ne l’est pas. « Il faut savoir discerner le bon du mauvais et ce qui est juste de ce qui ne l’est pas. Parfois, on peut se tromper sur ces aspects-là et il faut se laisser guider par son cœur. »

À l’âge de 17 ans, Farrheen Choomka complète son HSC. Elle entame, par la suite, des études de LLB à distance à l’Université de Woltherampton au Royaume-Uni et d’ACCA. En parallèle, la jeune femme postule pour intégrer la force policière. Son quotidien se résume, donc, de formations et d’études du matin jusqu’au soir. « Toutefois, les week-ends, je les passe avec ma famille. Il faut bien gérer son emploi du temps entre les études et les activités. C’est l’un des secrets pour bien réussir. »