Le prix de l’essence est passé à Rs 52 le litre et celui du diesel à Rs 41,90. Une décision qui n’est pas vue d’un bon œil par la population et plusieurs opérateurs économiques. Cette hausse va certainement avoir un impact sur différents secteurs de l’économie. Plusieurs autres services envisagent déjà une hausse. Tour d’horizon.
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En l’espace de 16 mois, les prix de l’essence et du diesel ont pris l’ascenseur, et cela à quatre reprises. L’essence se vendait à Rs 47,30 le litre depuis le 21 décembre 2017 et le diesel à Rs 38,10.
Cela avait été justifié par la hausse survenue au niveau mondial. Selon la presse internationale, deux raisons ont contribué à cette augmentation. La première : la décision des États-Unis de se retirer de l’accord avec l’Iran sur le nucléaire et les sanctions imposées. La seconde, l’Arabie saoudite, le plus grand producteur de pétrole au monde, est prête à imposer un prix de USD 80 dollars le baril. Ainsi, selon le Petroleum Pricing Committee (PPC), Maurice n’avait d’autre choix.
L’économiste Bhavish Jugurnath est d’avis que « cette hausse était inévitable ». Il explique que le prix des carburants sur le marché international a pris une tendance vers le haut depuis le mois de mars.
« Il est bon de noter qu’en décembre dernier, lorsque le PPC avait ajusté les prix, une tonne métrique d’essence était à USD 660. Mercredi, elle a grimpé à USD 740. Alors que le prix du baril de pétrole, qui était à USD 78, passe maintenant à USD 90. Je crois que l’autre facteur à prendre en considération est la stabilisation des prix, le fonds utilisé par la State Trading Corporation (STC) pour stabiliser les prix des carburants est dans le rouge. Il était déjà déficitaire en décembre, d’un montant de Rs 333 millions et de Rs 180 millions en mai », dit-il.
Quel impact sur l‘économie ?
Dr Bhavish Jugurnath explique que cette hausse ne sera pas sans conséquences. Il souligne qu’elle peut avoir des effets néfastes sur l’économie. « On croit généralement que les augmentations des prix des carburants augmentent l’inflation et réduisent la croissance économique. En termes d’inflation, les prix influent directement sur ceux des articles fabriqués à base de produits pétroliers, et indirectement sur le transport, la fabrication et le chauffage », dit-il.
En sus, l’économiste estime que l’augmentation de ces coûts peut, à son tour, affecter les prix d’une variété de produits et de services, car les coûts de production pourraient répercuter sur les consommateurs.
« Les hausses des prix du pétrole peuvent également freiner la croissance de l’économie. Elles peuvent déprimer l’offre des autres produits, car les coûts de production vont augmenter. En termes d’économie, les prix élevés du pétrole peuvent faire remonter la courbe d’offre pour les produits et services pour lesquels le pétrole est un intrant », ajoute-t-il.
Bhim Sunassee : « Une augmentation de la marge de profit est nécessaire »
La Petrol Retailers Association (PRA) négocie pour une augmentation de la marge de profit. Bhim Sunnassee, le président, a fait comprendre que le ministre du Commerce a accepté de revoir leur demande et que le quantum sera décidé cette semaine. Selon lui, cette augmentation est nécessaire.
Il a fait ressortir que, pour le moment, la marge de profit est de Rs 1,79 sur un litre de diesel et de Rs 1,83 sur un litre d’essence. Il dit que ces taux ne sont pas suffisants pour couvrir l’augmentation du coût de la vie et les coûts d’opérations.
« C’est dommage que les gérants des stations-service payent doublement la taxe sur la TVA. Quand nous achetons du carburant, nous payons la TVA. Mais quand les clients font des paiements par carte bancaire, la banque nous impose une commission en sus de la TVA. De ce fait, nous payons deux fois la TVA », souligne-t-il.
Raffick Bahadoor : « Le prix va être à leur détriment »
Le président de Taxi Proprietors’ Union, Raffick Bahadoor, attend le budget pour la marche à suivre. Selon lui, augmenter le prix leur sera nuisible. « Nous avons déjà soumis nos propositions au Premier ministre. Nous attendons une réponse.
Les chauffeurs de taxis arrivent à peine de joindre les deux bouts. Maintenant, si nous augmentons nos tarifs, cela va affecter notre travail. C’est aussi vrai qu’avec cette hausse, nous travaillons à perte. Avec toutes ces contraintes, nous pouvons dire que le temps n’est pas loin où les chauffeurs de taxi n’auront plus de travail », dit-il.
Sunil Jeewoonarain : « Des décisions drastiques si le coût n’augmente pas »
La secrétaire de la Mauritius Bus Owners Cooperative Federation, Sunil Jeewoonarain, déclare que l’augmentation des prix de l’essence et du diesel aura un impact sur le système de transport.
« Tout d’abord, c’est le gouvernement qui fixe le prix du ticket d’autobus. Lorsque le gouvernement calcule ce prix, il prend en compte le coût des opérations, y compris le prix des carburants. Cela représente environ 35 % de nos dépenses. En conséquence, une hausse du prix du diesel aura un impact direct sur nos coûts », dit-il.
Au cas où le gouvernement n’est pas prêt à accorder des subventions ou à augmenter le prix, les propriétaires d’autobus devront prendre une décision radicale, précise le secrétaire.
« Les propriétaires d’autobus n’auront d’autre choix que de supprimer des trajets qui ne sont pas rentables ou retirer leurs autobus qui desservent des routes isolées. Certains peuvent aussi refuser d’opérer à des horaires précoces ou tardifs. Cela va évidemment apporter une situation instable et la qualité du service ne sera pas la même », relate-t-il.
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