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Les parents s’interrogent - Académies: l’excellence au détriment de l’égalité ?

Les parents veulent mieux comprendre le projet d’enseignement de base obligatoire. Les interrogations vont de la compétition pour obtenir un bon collège et l’absence d’académie dans certaines régions. «L’excellence est primordiale. Mais les établissements d’excellence doivent être équitablement dispersés dans toutes les régions », martèle Salim S. Ce père de famille a deux fils qui fréquentent le collège sir Leckraz Teelock de Flacq et un autre, encore au primaire. Il ne comprend pas pourquoi cette institution ne figure pas sur la liste des onze académies, alors qu’il est sur la liste des collèges nationaux. L’an dernier, le collège a enregistré un taux de réussite de 96,61% au School Certificate (SC) et de 60,8% au Higher School Certificate (HSC). « Je ne suis pas satisfait des explications reçues jusqu’à présent. La mixité me pose problème. La composition des écoles aurait dû se poursuivre comme elle l’est actuellement : mixte au primaire et séparées au secondaire… » Comme lui, Rooben R. met en avant la nécessité d’avoir une académie dans la région Est. « Ce projet n’est pas à l’avantage des villageois, alors que l’ébauche figurant sur le site du ministère spécifie bien que tous les élèves doivent bénéficier des mêmes opportunités…» Il pense que ce n’est pas convenable de dire aux parents que s’ils le souhaitent, ils peuvent laisser leurs enfants dans les collèges régionaux au lieu de les faire admettre dans les académies. « Tous les enfants doivent jouir des mêmes avantages », insiste-t-il, en ajoutant que lorsque les académies entreront en opération en 2020, son enfant se retrouvera dans un collège régional, alors que maintenant il est dans un collège national ! Salim S. souligne que l’élève devra beaucoup voyager pour fréquenter un collège d’excellence. « Les académies se trouvent situés pour la plupart dans le centre du pays. Or, un enfant qui voyage peu est plus productif, puisqu’il est moins fatigué… » Les onze académies sont en effet situées principalement dans les Plaines Wilhems : John Kennedy College - Beau-Bassin ; Mahatma Gandhi Institute – Moka ; Queen Elizabeth College – Rose-Hill; Royal College Curepipe – Curepipe; Forest-Side SSS (G) – Forest-Side; Dr Maurice Curé State College – Vacoas; Sir Abdool Raman Osman State College – Phoenix – Droopnath Ramphul State College – Calebasses ; G. M. Dawjee Atchia College – Port-Louis ; Royal College Port-Louis- Port-Louis. Le choix de ces établissements s’est effectué en fonction du taux de réussite et de l’état des infrastructures. Mais un fonctionnaire du ministère de l’Éducation précise que la liste des académies n’est pas complète. En effet, invitation a été lancée aux collèges privés et à ceux du Bureau de l’Éducation catholique (BEC) pour qu’ils offrent leurs services en tant qu’académie. Seuls les meilleurs élèves seront admis dans les académies qui seront considérées comme des centres d’excellence. Ces collèges seront mixtes. L’admission se fera pour l’élève qui aura brillamment réussi aux examens de Grade 9 (Form III). Ils pourront ainsi poursuivre leurs études jusqu’au Grade 13 (HSC).   [[{"type":"media","view_mode":"media_large","fid":"1159","attributes":{"class":"media-image aligncenter size-full wp-image-1019","typeof":"foaf:Image","style":"","width":"1920","height":"1200","alt":"Education"}}]]  

Le flou persiste

Il dit être pour le changement, mais souhaiterait que le ministère aille moins vite.  « Avant de mettre en place le projet, on aurait dû donner toutes les informations y relatives à toutes les parties concernées », soutient Krishna Sooriah, précisant que l’infrastructure, la logistique et la formation des éducateurs sont essentielles. En tant que président de la PTA de la Baichoo Madhoo Govt School, il souhaite que le gouvernement s’assure que les collèges sont équipés pour accueillir les filles et les garçons. Jivita Bunwaree-Sooharah, présidente de la PTA de l’école Sir Veerasamy Ringadoo se dit, pour sa part, déçue. « Le but de la réforme était d’éliminer la compétition au niveau du CPE, mais ce n’est pas ce que fait cette réforme. Étant donné qu’ils devront être admis dans un collège régional, ce sera toujours la course… » Ismaël Utteenun abonde dans le même sens et ajoute que les parents sont dans le flou. Le président de l’école primaire de La Salle RCA de Port-Louis estime que les autorités sont en train de « prendre les enfants pour des cobayes ». « Avec le nombre d’examens, les enfants seront soumis à plus de pression. » Mahen S., dont le fils fréquente un collège de l’Est, estime qu’il faut apporter une réforme, mais déplore la manière de faire des autorités. « Les enfants seront confrontés au stress dès la STD IV pour avoir le meilleur collège, puis pour obtenir une académie et ensuite viendront les examens du School Certificate (SC) et du Higher School Certificate (HSC).  Concernant l’idée de la mixité au sein des académies, Mahen trouve inapproprié de séparer les enfants en Form I – III et de les remettre ensemble au niveau de la Form IV (Grade 10).  

Trop de compétition au primaire et au secondaire

La Secondary & Preparatory School Teachers & Other Staff Union (SPSTSU) se demande si l’introduction des académies ne va pas créer deux catégories de collèges. La présidente Lysie Ribot est d’avis que la compétition au primaire ne va pas disparaître. Elle fait ressortir que l’examen à la fin du cycle primaire changera seulement d’appellation, passant du Certificate of Primary Education (CPE) au Primary School Achievement Certificate (PSAC). Elle s’interroge aussi sur l’examen national de la Form III; le système de contrôle continu ou encore l’attribution des bourses additionnelles. Lysie Ribot espère que les autorités dissiperont au plus tôt les malentendus.
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