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“Ils nous ont laissé une boîte de sardines appelé Gaza,
Et un os décharné appelé Jéricho.
Et, un hôtel nommé Palestine, sans toit ni charpente.
Ils ont laissé un corps dévertébré et une main sans doigts.
Nous avions tant rêvé d’une paix verte
D’une lune blanche, d’une mer bleue, d’un château altier.
Et, nous nous sommes retrouvés soudain dans une poubelle!”
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Ce cri de coeur de Qabbani exprime l’amertume, le désarroi et le désespoir de nombreux Palestiniens après les accords d’Oslo en 1993. Ce fut une déclaration d’échange – la terre contre la paix – qu’Israël avait imposée aux Palestiniens avec l’accord de ses alliés. Pour un grand nombre de Palestiniens, c’était une grande déception car ils considéraient cet accord comme un traité de capitulation qu’avait concédé leur vieux chef Yasser Arafat à un moment quand leur organisation de résistance était déchirée par des divisons internes.
Aussi, à cette époque, l’OLP était affaiblie par le lâchage financier de ses alliés arabes. La paix devenait nécessaire – peu importe le prix. Alors, on permit à l’Etat hébreu d’ignorer le sort de ces millions de refugiés et de ces milliers de prisonniers dans les geôles israéliennes. On procéda au découpage de la Cisjordanie – c'est-à-dire le territoire occupé par Israël depuis 1967 – en trois zones, sans toutefois permettre aux refugiés de retourner chez eux ou obtenir la libération des prisonniers.
Ce découpage de la honte octroya à l’Etat hébreu 70% des terres envahies depuis 1967. Une deuxième partie du territoire comprenant 20% de ces terres passa sous souveraineté mixte Israëlo/Palestinienne quoique demeurant sous contrôle militaire israëlien comme c’est le cas pour la première zone. Enfin, les 10% des terres qui restait passa sous souveraineté palestinienne sans que les Palestiniens puissent s’équiper militairement pour se défendre ou avoir de débouchés vers des voisins arabes.
Cette zone comprenait aussi des enclaves où des colons juifs pouvaient s’installer. Personne ne semblait capable de réaliser qu’un tel découpage était une humiliation et une incitation à la révolte. Vingt ans après Oslo, il leur reste que 6% de ces terres aujourd’hui. On avait oublié qu’après l’invasion de la Cisjordanie en 1967, Georges Habache – un Palestinien chrétien, Chef de l’Organisation F.P.L.P – avait lancé la stratégie de détournements d’avions et que le Hezbollah Libanais fut fondé en 1982 après l’invasion israëlienne du Liban.
De tels conséquences sont inévitables après la domination militaire d’un camp par l’autre. Au fait, Israël n’a jamais était enclin à observer les accords signés depuis 1947 quand les Nations Unies approuva la division de la Palestine, territoire abandonné par les Juifs 2,000 ans de cela.
Le problème palestinien ne date pas depuis Oslo, quand des négociations pour établir la paix commencèrent vingt ans de cela. Les Juifs et les Palestiniens revendiquent une même terre depuis la fin de la Deuxième Guerre Mondiale. Au fait, Arthur Balfour – homme d’Etat britannique – avait promis la création d’un foyer juif en Palestine à Chaims Weizman, homme de science juif établi au Royaume Uni, dès 1917.
Ce fut en récompense à Weizman qui avait mis au point le mécanisme à produire l’acétone qu’on utilisa pour fabriquer les explosifs en usage pendant la guerre 1914-18. Weizman voulait trouver un asile pour les Juifs, victimes de progroms russes ou persécutés ailleurs. Puisque les anglais avaient un mandat d’administration sur la Palestine, ils commencèrent par encourager les Juifs de tout part d’aller s’établir là-bas. Quoique Balfour avait donné la garantie que rien ne serait fait qui pourrait porter préjudice aux droits civils et religieux des non-juifs en Palestine, ni les musulmans, ni les chrétiens étaient satisfaits de cette implantation de juifs.
De plus, Winston Churchill, homme d’Etat anglais avait affirmé en 1922, que la Déclaration Balfour ne signifiait pas que la Palestine toute entière doit devenir un foyer juif. Mais, c’est mal connaître l’intention des Juifs qui rêvaient d’un Grand Israël. Ils cachèrent leur détermination d’occuper tout le territoire palestinien. Les colons juifs commencèrent à expulser des fermiers palestiniens de leurs terres dès 1929. Quand l’Etat juif fut établi, on interdit aux planteurs d’allers faire leurs récoltes.
L’holocauste infligé aux juifs en Allemagne précipita la création d’un état juif en Palestine. L’Etat Israël fut proclamé en 1948 quand on lui accorda 55% du territoire. Cette proclamation mit en branle la machine de guerre quand 750,000 Palestiniens furent expulsés. Les déplacés comprenaient des chrétiens et des musulmans qui furent forcés à abandonner leur patrie. Par la suite, Israël mena une campagne d’éviction de temps à autre afin de s’accaparer des biens d’autrui – terres, bâtiments, plantations.
Les eaux usées des colonies juives sont déversées dans les vergers l’oliviers pour empêcher les palestiniens de s’occuper de leurs plantations. En 1951. Le village d’Iqrit en Galilée fut vidé de ses habitants pour être détruit par l’armée israélienne la veille de Noël. Depuis, aucun d’eux fut autorisé à retourner sur place. Ainsi, la création d’Israël devint une catastrophe (Nakba) pour les chrétiens de Galilée aussi. Des médias occidentaux qui déforment les faits nous font croire que le problème est entre Juifs et musulmans seulement.
Suite à la guerre de Six Jours en 1967, Israël s’empara d’une autre partie de la Palestine qui devint le Territoire Occupé. L’exode vers les pays voisins s’intensifia et condamna une génération entière de Palestiniens à vivre dans des camps de réfugiés sans jamais connaître ce que signifie la paix.
On grandit dans la peur de l’autre et on nourrit la haine dans son âme. Les jeunes juifs, selon Gideon Levy du journal Haaretz, doivent même subir un lavage de cerveau pour les convaincre que les Palestiniens ne sont pas des humains comme eux, mais des êtres dangereux. Tout cela explique la non-concrétisation de l’accord que les Nations Unies fit signer en 1988 pour reconnaître l’existence d’un Etat Palestinien ainsi que la dérive d’une jeunesse déshéritée et la réaction hors norme de leurs agresseurs.
Souvent dans leurs rapports, les medias ne font pas référence à ce qui s’était passé antérieurement. Quand trois adolescents juifs disparurent dans les Territoires Occupé le 12 juin 2014, personne ne prit la peine de mentionner que deux adolescents palestiniens sans armes furent abattus le 15 mai 2014 et qu’un jeune homme qui sortait de la mosquée fut aspergé d’essence avant d’être immolé le 13 juin 2014 dans la même région. L’enquête demandée par l’ONU et les Etats Unis resta lettre morte.
A la place, Israël déclencha son attaque sur Gaza le 8 juillet 2014 sous prétexte de riposte contre le tort que le Hamas lui fait subir par de lancements de roquettes. Cet assaut meurtrier dura un mois et causa la mort de 2,000 palestiniens et réduit le nord de Gaza en un paysage dévasté. La majorité des tués furent des civils – plus particulièrement des femmes et des enfants.
Gaza qui forme partie des Territoires Occupés avait subi un autre assaut massif d’Israël en 2008 – un an après qu’Ismaël Hanniyé, Chef du Hamas, avait pris le contrôle de la Bande de Gaza. Au fait, depuis la victoire de Hanniyé aux élections de 2007 en Territoires Occupés, ni Israël et ni les Etats Unis avaient voulu le reconnaître comme Chef de l’Autorité Palestinienne en insistant qu’il représentait une organisation terroriste.
Pourtant, l’Irgoun qui fut un mouvement terroriste juif connu internationalement avait été intégré aux forces militaires juives en 1940. Mais, Mahmood Abbas fut contraint de destituer Hanniyé qui se retrancha à Gaza. Les alliés d’Israël firent semblant de ne pas comprendre que de tout temps Israël a imposé ses politiques même quand Netanyahou insiste que des conflits sont nécessaires pour contrôler ses ennemis.
Les gouvernements d’aucun état osèrent condamner Israël à l’exception de la Turquie, comme tel fut le cas quand Ariel Sharon alla inspecter l’Esplanade des Mosquées à Jérusalem en l’an 2000 après avoir exercé un contrôle des fidèles qui se rendaient aux mosquées. Les musulmans considérèrent cette intrusion dans leur lieu saint comme un outrage – ce qui provoqua l’Intifada (la révolte des pierres).
L’année suivante, Sharon se permit de faire enfermer Yasser Arafat – Chef de l’Autorité Palestinienne dans son quartier général à Ramallah et lui interdit de se déplacer. Personne trouva que c’était un traitement indigne pour un chef avec qui on avait souvent négocié des accords dans le passé. En 2002, Israël fit construire un mur de séparation à la frontière de la Cisjordanie que la Cour de Justice Internationale condamna. Mais, Israël s’en moqua et intensifia ses mesures d’intimidation tels que : exiger que chaque Palestinien reçoit une autorisation à chaque barrage routier afin de pouvoir circuler chaque jour.
Même les malades doivent demander cette autorisation pour se rendre à l’hôpital avec le risque de voir un accouchement se dérouler au bord de la route, à force d’attendre. De plus, les enclaves palestiniennes sont encerclés des fils de barbelés et des routes pour des usagers juifs exclusivement. Néanmoins, les palestiniens ne perdent pas leur détermination à survivre.
Nizar Qabbani
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