
Navin Ramgoolam a profité d’une question parlementaire pour dresser un tableau critique des liens entre Nundun Gopee & Co. Ltd. et l’État, évoquant une accumulation d’avantages publics accordés sous les gouvernements MSM.
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Le mardi 17 juin, à l’Assemblée nationale, le Premier ministre, Navin Ramgoolam, a, à la suite d’une question parlementaire du député Roshan Jhummun, dressé un long inventaire des contrats publics, financements et avantages fonciers octroyés à Nundun Gopee & Co. Ltd. entre 2015 et 2024, sous les deux précédents gouvernements dirigés par MSM. Ce qu’il a qualifié de « cobweb of corruption, malfeasance, nepotism and cronyism » (réseau tentaculaire de corruption, de malversations, de népotisme et de favoritisme).
« N.G & Co. Ltd. est détenue par Nundun Gopee et Vinash Gopee, deux personnes très proches de l’ancien Premier ministre », a lancé d’emblée le chef du gouvernement, avant de révéler que l’entreprise avait joué le rôle d’intermédiaire dans certains projets publics, tout en encaissant d’importants bénéfices sans en exécuter elle-même les travaux.
Parmi les contrats majeurs cités, Navin Ramgoolam a évoqué un projet de 73 logements sociaux à Petit-Bel-Air, attribué par la NHDC en avril 2015. Le contrat initial, évalué à Rs 88 millions, a été finalisé à Rs 110 millions, « en raison de travaux additionnels de Rs 22 millions », a précisé le Premier ministre. Il a toutefois affirmé que « la totalité des travaux avait été sous-traitée à Pybig Construction Ltd pour Rs 76 millions, laissant un bénéfice de Rs 34 millions à N.G & Co. Ltd pour un rôle de simple intermédiaire – « clairement en violation des conditions contractuelles ».
Un autre contrat, estimé à Rs 82 millions, a été attribué à N.G & Co. Ltd pour des logements à Souillac, en 2016. En 2017, une coentreprise menée par N.G & Co. Ltd. et une société indienne a remporté le marché pour l’hôpital ENT de Vacoas, pour Rs 926,2 millions.
En mai 2023, l’entreprise s’est vu attribuer, par « direct procurement », un projet de 800 logements sociaux d’une valeur de Rs 2,2 milliards par la National Social Living Development Ltd. Le contrat a toutefois été résilié un mois plus tard pour non-respect des conditions d’acceptation. « N.G & Co. Ltd. cherchait encore une fois à sous-traiter tout le projet », a affirmé Navin Ramgoolam.
Prêts massifs, contrats de location et terres publiques
Selon le Premier ministre, N.G & Co. Ltd. a également bénéficié d’un soutien financier massif, notamment Rs 550 millions de la Mauritius Investment Corporation (MIC) pour le projet Royal Green, un village de retraite de luxe. « La MIC était censée aider des entreprises systémiquement importantes touchées par la COVID-19. Ce projet n’entre pas dans ce cadre », a-t-il dénoncé.
Parmi les autres « largesses » énumérées :
- un terrain de 3 arpents à Ébène, obtenu via Landscope ;
- un prêt de Rs 600 millions de la SBM pour construire un immeuble sur un terrain exproprié à la Mauritius Post Ltd ;
- l’achat d’espace dans son bâtiment du 7 Exchange Square à Ébène, la SBM – « la même banque qui a accordé un prêt à N.G & Co Ltd. » – a acquis plusieurs étages (soit 487 277 mètres carrés) ainsi que 50 places de stationnement attenantes pour un montant de Rs 238,5 millions (deux cent trente-huit millions et cinq cent mille roupies). »
- des contrats de location de bureaux avec des entités publiques : Economic Development Board (EDB), Financial Services Commission (FSC), pour des montants mensuels atteignant plusieurs millions de roupies depuis décembre 2022, l’EDB aurait versé un total de Rs 104,9 millions à N.G & Co. Ltd. pour ses bureaux à 7 Exchange Square. La FSC paie, elle, Rs 5,2 millions par mois pour louer cinq étages et 135 espaces de parking à 7 Exchange Square.
- un contrat entre Mauritius Telecom et Royal Green Hospital, évalué à Rs 13 millions sur trois ans, pour des services médicaux ;
- un soutien financier de Rs 64 millions de l’Industrial Finance Corporation à Royal Green Healthcare Ltd ;
- un bail de 25 ans à la Mauritius Ports Authority pour un hectare de terrain dans la zone portuaire à NG Marine Services Ltd ;
- l’attribution de terres de l’État pour le projet Asmara à Rivière-Noire, dont la vente de villas aurait généré « des centaines de millions de roupies ».
Une tentative délocaliser la FCC en faveur de Nundun Gopee
Le Premier ministre a également pointé du doigt une décision du 15 avril 2024 « par le gouvernement d’alors » de relocaliser les bureaux de la Financial Crimes Commission, qu’il qualifie de « stratagème pour céder des terres à N.G & Co. Ltd. » à Réduit. Il affirme que cette entreprise avait déjà obtenu un terrain exproprié au Tamil Cultural Centre et visait à s’implanter sur l’ensemble du triangle de Réduit.
« Probablement l’escroquerie du siècle »
Plus grave encore, selon lui : un projet de cession de 550 arpents de terres à Côte-d’Or, validé en 2019 « quelques mois avant les élections générales » par le Conseil d’administration de Landscope, une compagnie d’État, sous l’influence du Cabinet. L’entreprise devait recevoir 250 arpents. Le président de Landscope d’alors, Gérard Sanspeur (aujourd’hui Deputy Governor à la Banque de Maurice), s’y serait opposé. « Il a résisté malgré les menaces voilées. Grâce à son insistance, l’avis du State Law Office a conduit à l’annulation du projet. Suite à l’avis du State Law Office, le Conseil d’administration a dû annuler la décision, mettant ainsi un terme à ce qui allait devenir une autre escroquerie – probablement l’escroquerie du siècle », a déclaré Navin Ramgoolam. Gérard Sanspeur a ensuite démissionné de ses fonctions.
Rs 3,45 milliards
Le chef du gouvernement a par ailleurs rappelé que Vinash Gopee avait présidé plusieurs organismes publics, en l’occurrence la Tourism Authority, Drains Infrastructure Construction Ltd et Mauritius Multisports Infrastructure Ltd.
En conclusion, Navin Ramgoolam a livré un bilan financier global : « N.G & Co. Ltd. a reçu environ Rs 2 milliards en projets publics, Rs 205 millions en loyers payés par des institutions gouvernementales, et Rs 1,25 milliard en soutien financier direct de la SBM, de la MIC et de l’Industrial Finance Corporation ». Ce qui fait un total de Rs 3,45 milliards.
Et de conclure : « Toutes ces informations montrent comment le gouvernement MSM, depuis 2015, a méthodiquement tissé une toile de corruption, de malversations, de népotisme et de copinage pour dépouiller le pays de ressources importantes à des fins personnelles. C’est un exemple parmi d’autres de la manière dont ils ont pillé l’économie et plongé le pays dans le chaos actuel. »

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