Les marchands de l’Arab Town : une rude épreuve

marchands de l’Arab Town

Clients, recettes, volume de travail sont à la baisse pour les anciens marchands de l’Arab Town à Rose-Hill. Ils font de leur mieux pour garder la tête hors de l’eau, mais la situation est difficile. Reportage.

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«Nou  pe bizin tir dan rezerv pou nou travay », explique Nasreen Sumun, 42 ans. Depuis la création de l’ancien Arab Town, cette mère de famille y tient une échoppe avec son frère. Ils vendent des dholl puris. Un commerce que leur a transmis leur père.

« Autrefois, les gens faisaient la queue tous les jours pour acheter les dholl puris. Tout a changé quand les travaux du Metro Express ont démarré. Le business familial en est affecté. Metro pe fini Rose-Hill. Sa proze-la finn mett nou tou dan enn trou », déplore Nasreen.

Selon la quadragénaire, tous les marchands courent à la faillite. « Nombreux d’entre eux sont endettés. Il ne faut pas oublier qu’en sus des marchands, ce sont près de 200 familles qui souffrent », ajoute-t-elle. La marchande de dholl puris affirme que les ventes ont baissé d’environ 75 %.

Pour Imtazally Jaumeer, le client est roi et les marchands, les sujets. Si le roi n’est plus… qu’advient-il des sujets ? Le président de l’Association Distributeurs Trade Union Arab Town confie que la situation a empiré pendant ces cinq derniers mois.

« Avec le relogement, nous avons tous perdu nos clients. Ils ne viennent plus. L’Arab Town se trouvait dans un endroit stratégique. Tous les jours, de nombreux clients venaient des quatre coins de l’île. L’Arab Town représentait un pan de notre histoire. Mais, aujourd’hui, les clients se font rares. Et, ils sont verbalisés pour stationnement interdit, à cause du manque d’espace pour le parking. Qui souhaiterait payer une contravention de Rs 1 000/Rs 1 500 pour un verre d’alouda ou une paire de dholl puri », poursuit-il. Ce père de famille, de 41 ans, et son épouse, vendent du tissu.

Recette du jour : zéro roupie

Selon lui, le gagne pain des marchands est menacé. « Les entrepreneurs souffrent. Les cinq derniers mois ont été catastrophiques. En sus de la vente qui a drastiquement baissé, nous éprouvons des difficultés pour trouver de l’argent pour payer le loyer des étals », indique-t-il.

Comme les autres marchands, Imtazally Jaumeer explique qu’auparavant, « les affaires marchaient très bien ». « La foire opérait sept jours sur sept, mais, aujourd’hui on n’arrive pas à recouvrir notre capital », dit-il.

Pire, certains jours, il n’enregistre aucune vente. « Nous rentrons chez nous bredouilles. Certains marchands ont épuisé toutes leurs économies et sont contraints d’emprunter de l’argent de leurs proches pour régler leur loyer », avance Imtazally Jaumeer.

Selon le président  de l’Association Distributeurs Trade Union Arab Town, les marchands sont à bout. « Si la situation persiste, tous les marchands seront contraints de trouver un autre moyen de subsistance », dit-il.

La mairie ne peut aller à l’encontre de la loi

Ken Fong Suk Hoon, maire de Beau-Bassin/Rose-Hill, réitère sa volonté de mettre de l’ordre et de faire respecter la loi dans les villes sœurs. « Rien ne changera, parce qu’au bout du compte, le point essentiel reste que la mairie ne peut aller à l’encontre de la loi. Les plaintes doivent être rapportées aux inspecteurs de la mairie. Et, on laisse l’inspectorat de suivre l’affaire », explique Ken Fong Suk Hoon.

Le maire dit être conscient qu’avec les travaux du Metro Express et le déplacement de l’Arab Town, les marchands font face à des difficultés. Cependant, souligne-t-il, la mairie de Beau-Bassin/Rose-Hill fait son maximum pour remédier à la situation. Il demande aux marchands de faire preuve de patience, car les travaux ne dureront pas éternellement.

L’union fait la force

Une cinquantaine de maraîchers et de marchands de la foire Da Patten et de l’Arab Town ont manifesté leur exaspération, le lundi 23 avril. Ils ont bloqué la rue située à côté du marché de Rose-Hill. La raison : les travaux entamés pour le Metro Express. Les maraîchers soulignent ne plus avoir accès à un parking pour pouvoir garer leurs véhicules. La manifestation a nécessité l’intervention de la police et une réunion a été organisée en urgence pour trouver une solution. La décision a été prise d’aménager un espace parking temporaire à l’intérieur du stade de Rose-Hill.

 

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