Enceinte de huit mois et demi, Pratibha S, vivait un véritable calvaire. Abandonnée par son concubin, elle a vécu à la rue des jours durant avant de chercher de l’aide auprès du poste de police de L’Escalier. Elle cherche un abri pour ses deux enfants et le bébé qui vient.
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Il est 9 heures lorsque Pratibha appelle Radio Plus. Elle cherche une maison permanente pour y vivre avec ses deux enfants. Enceinte, elle va accoucher d’ici quelques jours. Elle est mère de deux filles de quatre et deux ans. Orpheline, elle n’a aucun proche pour l’accueillir. Sa vie est loin d’être un conte de fées. Analphabète, elle n’a jamais pu se faire une place à l’école. « Mo fami ti pov. La plipar ditan mo pa ti pe ale lekol et kan ale mo pa konpran nanien. Monn fail CPE. »
Elle relate son triste parcours. Elle s’est accrochée à un homme qui, pense-t-elle, la sauvera de la misère. Erreur. Il la bat et très vite l’abandonne avec un enfant. Un autre homme viendra, lui promettant monts et merveilles, mais il sombrera dans l’alcool et elle se retrouve cette fois avec deux enfants sur les bras.
Elle jure alors de ne plus se remettre en ménage. Mais quelques temps plus tard, elle rencontre celui qui deviendra son troisième concubin. « Li dire mwa li dan la priere ek linn promet pou okip mwa ek mo deux zanfan bien. » De toute façon, elle n’a pas le choix, se dit-elle. Ses enfants et elle ont faim, elles n’ont nulle part où dormir. L’homme lui propose d’habiter avec elle. « Cependant, nous dormions la plupart du temps dans la rue. C’est ainsi que sa cousine nous a proposé de louer sa maison. » La famille emménage à l’Escalier et Pratibha se retrouve de nouveau enceinte.
« Quand elles ont faim, elles mangent du papier »
À la maison, c’est le cauchemar. « Mon concubin me forçait à mendier. Il me disait : ‘To enceinte dimoun pou trouv twa pou gayn pitie ek pou donn twa kas’. Ainsi, je demandais la charité tous les jours pour que toute la famille puisse manger. Hélas, je revenais parfois bredouille et c’était un vrai calvaire d’entendre les enfants pleurer de faim et réclamer à manger. Quand je ramenais des sous pour manger, bien souvent, il prenait l’argent et nous laissait sans rien. À plusieurs reprises, il a déserté la maison. Il est revenu plusieurs jours après, sans aucune explication. Je fréquentais un groupe de prière de la région qui m’a aidé à mettre mon aînée à l’école, mais encore une fois, il ne cessait de prendre cet argent. »
Nous avons rencontré Pratibha. C’est une frêle femme qui ne fait pas son âge. Elle a une malformation à la bouche et a des difficultés à s’exprimer. Les traits tirés, elle est très fatiguée. Ses deux filles sont très petites de taille. Difficile d’imaginer ce qu’elles ont enduré : « Quand elles ont trop faim, elles mangent du papier », explique leur mère, les larmes aux yeux. C’est ce que nous confirme un policier du poste de L’Escalier auprès de qui Pratibha a sollicité de l’aide.
« Cette jeune femme est arrivée au poste, sans un sou. Ses deux enfants mangeaient effectivement du papier. Elle avait été mise à la porte par le propriétaire de la maison qu’elle habitait et son compagnon l’a abandonnée. Elle semblait perdue et désespérée. » Pratibha avance que les policiers ont été très gentils envers elle. « Ils ont acheté à manger pour les enfants puis nous ont conduites au bureau de la Child Development Unit. »
Lilette Moutou, travailleuse sociale : «Il lui faut un bon encadrement»
Pratibha a été accueillie dans un centre pour femmes en détresse. Lilette Moutou, la responsable confie : « C’est la police qui nous a informés de ce cas. Elle est arrivée avec ses deux enfants, les bras ballants. Elle pleurait et avait peur de se retrouver encore à la rue. Elle est quasiment au terme de sa grossesse. Son dossier médical a été transféré de l’hôpital de Rose-Belle. Nous lui offrons un hébergement temporaire et souhaitons qu’elle se trouve un logement. Il lui faut un bon encadrement pour ne pas sombrer dans d’autres fléaux. Ses enfants sont traumatisés. Il faudra du temps à cette famille pour se reconstruire. Nous travaillons en étroite collaboration avec la Family Support Bureau de Rose-Belle pour le bien-être de cette famille. » Lilette Moutou, lance un appel pour que Pratibha reçoive toute l’aide dont elle a besoin pour ses enfants et elle.
Des voisins confirment son histoire
Les habitants de l’Escalier, qui connaissent Pratibha, confirment qu’elle mendiait dans les rues à la recherche de nourriture pour ses enfants. « Nous avions beaucoup de peine à les voir ainsi trainer les rues. C’est une femme courageuse, mais plutôt naïve. Elle fait de son mieux pour ses enfants », affirme C.D.
De bons samaritains prêts à aider
Le récit de Pratibha a touché plus d’un. En entendant son appel à la radio, des personnes ont pris contact avec la rédaction pour lui venir en aide. La jeune femme a obtenu des effets personnels qui lui permettront d’accoucher sans souci. Une personne, sous couvert de l’anonymat, a proposé de lui offrir une maison pendant quelques temps. Cependant, la famille a toujours besoin de provisions, de couches, d’une baignoire, d’un berceau et autres accessoires pour bébé et deux petites filles. Toute personne qui souhaite lui venir en aide peut appeler au 5784 8458.
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