Dans une poche de pauvreté à Baie-du-Tombeau, ils sont nombreux à vivre dans de petites cabanes en bois sous tôles, qui menacent de s’effondrer au moindre coup de vent. Véritable fourre-tout, ces cabanes à pièce unique servent à la fois de cuisine et de chambre à coucher.
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« Lors des grosses averses, l’endroit devient invivable »
Les habitants de Cité Longères ne disposent ni de toilettes ni de salle de bains. Les déchets jonchent le sol, pour le plus grand bonheur des moustiques et des rats. « Lors des grosses averses, l’endroit devient invivable », nous dit-on avec une immense tristesse.
Sommes-nous des citoyens de ce pays comme tous les autres Mauriciens ? Avons-nous droit à un meilleur avenir ? Autant de questions que se posent les habitants de ce lieu-dit, sans qu’ils n’y trouvent des réponses. « On ne connaît pas de moments de joie dans notre vie », laissent entendre les habitants de ce quartier défavorisé. Une cinquantaine de femmes et d’enfants ont entouré notre équipe pour faire entendre leur voix. Elles affirment être passées de bureau en bureau pour chercher un emploi. En vain !
Anaelle Empeigne, 18 ans, est mère célibataire. Elle éprouve mille difficultés à élever sa fille. Même si elle peut compter sur le soutien de ses parents, cela n’est guère suffisant. « Des fois, nous devons dormir sans rien manger. Avec la maigre pension de ma fille, je ne peux lui offrir grand-chose. Il n’y aura pas de fête de Noël pour elle », dit-elle. Pour Corine Marie, 40 ans, la situation est identique. Elle vit seule avec ses trois enfants. « Comment ferai-je l’avenir de mes enfants avec la somme de Rs 2 500 que je reçois comme salaire en travaillant comme bonne ? J’ai entendu dire que tout le monde bénéficiera d’un salaire minimal l’an prochain, mais y sommes-nous éligibles comme tout citoyen de Maurice ? » se demande-t-elle.
« Nous demandons au gouvernement de nous envoyer des gens pour nous donner les aptitudes et les connaissances nécessaires pour mettre sur pied des projets et pour en assumer la responsabilité financière. Cela afin que notre vie soit meilleure »
La précarité de nombreuses maisons du quartier défavorisé nous rappelle que l’extrême pauvreté est une cruelle réalité, dans notre petite île dite paradisiaque, en 2017. Les toits des maisons fuient lors des grosses averses et les femmes affirment qu’elles restent assises toute la nuit et regardent impuissantes leurs cases se remplir d’eau. « Je suis désemparée quand mes enfants pleurent. Ils ont sommeil, mais ils ne peuvent dormir. Personne ne veut entendre parler de nous.
Encore combien de temps devrons-nous vivre dans des conditions aussi déplorables ? » soupire Nicole François, 49 ans. Elle ajoute qu’auparavant, les habitants du coin ne savaient pas où aller faire leurs besoins. Avec l’aide des bénévoles, ils ont construit trois toilettes communes utilisées par environ 75 personnes. « C’est déplorable, mais c’est mieux que rien », confie-t-elle.
Tous les habitants gardent l’espoir que la vie sera meilleure un jour et qu’ils pourront sortir de leur misère noire. Ils ne veulent pas dépendre de l’aide sociale toute leur vie.
« Nous voulons être autonomes. Nous savons bien que nous ne possédons pas les qualifications nécessaires pour obtenir un emploi col blanc. Au moins, nous pourrions créer notre propre petite entreprise », dit l’un d’eux.
« Des fois, nous devons dormir sans rien manger. Avec la maigre pension de ma fille, je ne peux lui offrir grand-chose »
« Nous demandons au gouvernement de nous envoyer des gens pour nous donner les aptitudes et les connaissances nécessaires pour mettre sur pied des projets et pour en assumer la responsabilité financière. Cela afin que notre vie soit meilleure. Ce n’est pas une vie, ce que nous avons actuellement », déclare Mélanie, porte-parole des habitants du quartier. En attendant que le gouvernement exauce leur vœu, les habitants de Cité Longères se serrent les coudes, s’aident et s’encouragent les uns les autres. Solidaires dans le malheur et les difficultés, ils restent optimistes qu’un beau jour, ils verront la lumière au bout du tunnel.
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