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Les géants technologiques derrière Apple dans le débat sur le cryptage

De Google à Facebook en passant par Microsoft ou Yahoo!, de nombreux géants de la Silicon Valley et du secteur technologique soutiennent Apple dans son combat contre la justice américaine qui voudrait l'obliger à déverrouiller ses iPhone, dont seuls ses clients détiennent la clé.

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"Si les arguments du gouvernement l'emportent, tout l'écosystème internet sera affaibli, laissant les internautes plus vulnérables aux pirates informatiques et autres acteurs malveillants", a prévenu dans un communiqué la Computer & Communications Industry Association (CCIA), à l'origine d'un texte avec l'Internet Association et d'autres acteurs du secteur. Ce texte commun devait être déposé jeudi devant la justice californienne, qui s'occupe de ce dossier. La justice américaine a demandé qu'Apple aide le FBI à accéder au contenu d'un iPhone utilisé par l'un des auteurs de l'attentat de San Bernardino, qui a fait 14 morts début décembre en Californie. L'affaire a créé un clivage important entre ceux qui estiment que l'utilisateur d'un appareil électronique tel qu'un smartphone doit pouvoir garder ses informations privées grâce au verrouillage, et ceux qui jugent que les enquêtes légitimes des forces de l'ordre doivent primer. D'autres grandes entreprises et associations ont également déposé des documents du même type, qui visent à apporter au juge de nouveaux arguments et de nouvelles informations qui ne figurent ni dans les dossiers déposés par les plaignants, ni dans ceux de la défense. Ces documents visent à infléchir la décision du magistrat. Dans l'affaire de San Bernardino, les parties doivent présenter leurs arguments lors d'une audience devant un tribunal fédéral de Californie le 22 mars. "Il y a de grandes inquiétudes dans beaucoup d'entreprises du secteur technologique, qui craignent de voir un dangereux précédent créé avec cette affaire", a expliqué Ed Black, directeur exécutif du CCIA, qui compte plusieurs des principaux concurrents d'Apple, comme Amazon, Pandora ou Samsung. A contre-courant de ces arguments, les familles de plusieurs victimes des attentats ont déposé jeudi des documents similaires pour appuyer la demande du FBI. "Apple veut présenter le débat comme celui de la vie privée de millions d'Américains pour s'attirer les sympathies", explique le document de 41 pages qui donne notamment la parole à Mark Sandefur, père d'une des victimes. "Récupérer les informations de cet iPhone pourrait ne mener nulle part", explique-t-il dans une lettre adressée à Tim Cook, le patron d'Apple. "Mais, s'il y avait des preuves menant vers un troisième tireur? Et si cela menait vers une cellule terroriste inconnue? Et si d'autres personnes étaient attaquées et que vous et moi n'ayez rien fait pour l'empêcher", questionne-t-il. Le réseau social Twitter et 16 autres sociétés dont eBay, LinkedIn, Airbnb ou Reddit ont de leur côté déposé un autre document en justice pour soutenir Apple. Ils fustigent un gouvernement américain "en quête de pouvoirs illimités pour contraindre Apple à créer un logiciel qui n'existe pas à ce jour, qui va contourner et amoindrir les mesures de sécurité prévues pour protéger ses utilisateurs". Séparément, le géant Intel a lui aussi déposé un document en justice visant à soutenir la firme à la pomme et dénonçant une "étape sans précédent pour le gouvernement visant à réclamer d'une société qu'elle développe une technologie qui affaiblit la sécurité d'un produit commercial". A l'offensive judiciaire de ces poids lourds du secteur des technologies se sont ajoutées jeudi des actions similaires d'experts en cryptage ou encore de groupes militants pour les droits informatiques. Un document porté en justice par la Stanford Law School Center for Internet and Society pour le compte de plusieurs spécialistes du cryptage, s'insurge par exemple contre la brèche demandée par le FBI et qui sera, selon le texte, "utilisée pour d'autres iPhone à l'avenir". Un autre, déposé par l'Electronic Frontier Foundation (EFF) et soutenu par 46 spécialistes des technologies, explique que l'ordre donné à Apple de débloquer l'iPhone lié à la tuerie de San Bernardino violerait la liberté d'expression d'Apple. Le directeur de la police fédérale (FBI) James Comey a lui regretté que le travail des enquêteurs puisse être entravé par des "espaces où même des mandats de justice ne s'appliquent pas", et qui restent ainsi inaccessibles pour la police.        

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