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Les garages au cœur du recyclage : une nouvelle usine d’huiles usées pour réduire la pollution à Maurice

Le site choisi pour le projet à Laventure.

Face au nombre croissant des garages à Maurice, Greened Oil Processing Ltd se lance dans le recyclage des huiles usées à Laventure. Ce projet innovant promet de transformer un déchet dangereux en ressource réutilisable, tout en protégeant l’environnement.

Dans un contexte de croissance des activités automobiles et industrielles à Maurice, le nombre de petits garages ne cesse d’augmenter. La société Greened Oil Processing Ltd prévoit donc d’implanter une usine de traitement des huiles usées à Laventure, dans le district de Flacq.

La compagnie a fait, la semaine dernière, une demande officielle pour un permis EIA (Environment Impact Assessment) auprès du ministère de l’Environnement. Cette initiative vise à pallier le manque d’infrastructures de recyclage. Avec seulement trois recycleurs agréés sur l’île, le projet s’inscrit dans les objectifs nationaux de réduction des déchets et de promotion de l’économie circulaire. L’autorisation préalable d’urbanisme (OPP) a été demandée au Conseil de district de Flacq, et l’usine devrait traiter jusqu’à 1 500 litres d’huiles usées par jour.

Les huiles usées, issues principalement des activités industrielles et des garages, sont classées comme déchets dangereux en raison de leurs propriétés toxiques. Selon le rapport EIA soumis par le promoteur, « un litre d’huile usée peut contaminer un million de litres d’eau », menaçant la vie aquatique dans les rivières, les lacs et les cours d’eau. Si elles sont déversées au sol, elles contaminent fortement le terrain, entraînant des impacts durables sur les écosystèmes. À Maurice, l’usage croissant des huiles lubrifiantes et pétrolières accentue ce risque, rendant impérative une multiplication des centres de recyclage pour éviter les pratiques illicites de gestion.

Fondé le 17 janvier 2025, Greened Oil Processing Ltd, promoteur du projet, ambitionne de collecter les huiles usées auprès des petits garages et des industries à petite échelle. L’usine, installée dans un bâtiment existant de 39 m² réaménagé en deux compartiments, abritera un purificateur d’huiles sous vide et des cuves de stockage. Le processus de recyclage, simple et efficient, se décompose en quatre étapes principales : chauffage, filtration, déshydratation/dégazage et régénération absorbante. « Le processus de recyclage adopté est simple, consistant en quatre étapes principales, à savoir le chauffage, la filtration, la déshydratation/dégazage et la régénération absorbante », précise le document.

La machine que compte utiliser le promoteur, d’une capacité de 600 litres par heure, traite les huiles mécaniques, hydrauliques, de compresseurs et de turbines usées. Elle élimine rapidement l’eau, les gaz, les impuretés et les composés volatils, restaurant la viscosité, le point d’éclair et d’autres indicateurs de performance. À l’issue du traitement, l’huile raffinée présente « une faible valeur d’émulsification, une faible teneur en eau et une propreté élevée », la rendant réutilisable dans des équipements hydrauliques de haute précision. 

Parmi ses atouts techniques figurent un séparateur d’eau à base de matériau coalescent à haut poids moléculaire, un filtre cylindrique de grande surface pour une filtration précise, et un système de chauffage à fibres de carbone évitant la dégradation de l’huile. L’appareil opère à une pression de 0,4 MPa et une température de 20 à 80 °C, avec une consommation électrique de 27 kW et un niveau sonore de 65 à 80 dBA.

Stockages en bacs

Sur le plan des intrants et extrants, l’usine traitera quotidiennement 1 500 litres d’huiles usées, pompées depuis une cuve de stockage vers le purificateur. Le chauffage initial, à 40-70 °C, réduit la viscosité pour faciliter la séparation de l’eau, des gaz et des boues. Une préfiltration élimine les solides en suspension – poussières, particules métalliques et contaminants – via un filtre grossier, protégeant ainsi l’équipement aval. La déshydratation sous vide, dans une chambre à basse pression, vaporise l’eau et extrait les gaz dissous (oxygène, dioxyde de carbone) par une pompe à vide, via un piège à condensats. 

À l’issue, 1 385 litres d’huile régénérée seront produits, destinés à la vente aux garages et opérateurs de machines lourdes pour lubrification. Les sous-produits comprennent 100 litres de boues contaminées (métaux et solides en suspension), stockées dans des conteneurs dédiés et évacuées vers l’installation intermédiaire de déchets dangereux à La Chaumière. À cela s’ajoutent 15 litres d’eau de condensation, collectée et infiltrée dans un puisard.

En exploitation, les risques d’émissions, de bruit, de fuites et d’incendie seront neutralisés par des stockages en bacs de rétention, des murs insonorisés, une ventilation adéquate et des systèmes de détection incendie. Un réseau de gestion des eaux pluviales préviendra toute contamination lors de fortes pluies. « L’étude EIA confirme que, avec les mesures d’atténuation et de suivi proposées en place, le projet n’aura pas d’impacts négatifs significatifs sur l’environnement et contribuera positivement à la gestion durable des déchets à Maurice. »

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