
Les conclusions de la Defense Intelligence Agency suggèrent que l’affirmation de Trump selon laquelle les sites ont été « anéantis » pourrait être exagérée. Une évaluation américaine confidentielle tempère, en effet, ses déclarations sur les frappes contre les sites nucléaires iraniens. C’est ce qu’a rapporté The Guardian, mardi 24 juin.
Publicité
Une première évaluation confidentielle des frappes ordonnées par Donald Trump ce week-end contre les installations nucléaires iraniennes indique que deux des sites visés n'ont pas été détruits et que le programme nucléaire iranien n'aurait été retardé que de quelques mois, selon deux sources proches du rapport.
Ce document, rédigé par la Defense Intelligence Agency (DIA) – le service de renseignement du Pentagone – conclut que des composants clés du programme nucléaire, notamment les centrifugeuses, pourraient être remis en service dans un délai de quelques mois.
L’évaluation révèle également qu’une grande partie du stock d’uranium hautement enrichi de l’Iran, qui pourrait servir à la fabrication d’une arme nucléaire, avait été déplacée avant les frappes. Il est possible que cette matière ait été transférée vers d’autres sites nucléaires secrets gérés par Téhéran.
Ces conclusions, fondées sur une première analyse des dégâts réalisée par le Central Command américain (Centcom), qui supervise les opérations militaires au Moyen-Orient, laissent entendre que la déclaration de Donald Trump selon laquelle les sites ont été « anéantis » pourrait avoir été exagérée.
Trump assure que les sites nucléaires iraniens ont été « totalement anéantis », mais les premières évaluations américaines nuancent.
Lors de son allocution télévisée samedi soir, peu après l’opération militaire, Donald Trump a affirmé que les États-Unis avaient totalement détruit les sites d’enrichissement nucléaire de l’Iran à Natanz, Fordow — une installation profondément enfouie — et Ispahan, où était stocké de l’uranium enrichi.
« Les frappes ont été un succès militaire spectaculaire. Les principales installations d’enrichissement nucléaire de l’Iran ont été complètement et totalement anéanties. L’Iran, le tyran du Moyen-Orient, doit désormais faire la paix », a déclaré Donald Trump depuis la Maison Blanche.
Mais selon une première évaluation du Pentagone, relayée par deux sources proches du dossier, certaines de ces installations, notamment Fordow, n’auraient pas été détruites. Une des sources précise que si de telles conclusions émergent seulement quelques jours après l'opération, les évaluations ultérieures pourraient révéler des dégâts moindres que prévu.
Le site de Fordow, considéré depuis longtemps comme l’un des plus protégés du programme nucléaire iranien, est enfoui sous les montagnes du Zagros. Il aurait été construit à une profondeur estimée entre 45 et 90 mètres, sous des couches de calcaire et de dolomite.
La Maison Blanche a rejeté les conclusions du rapport, dont la première diffusion a été rapportée par CNN.
« La fuite de cette prétendue évaluation vise clairement à dénigrer le président Trump et à discréditer les courageux pilotes de chasse qui ont mené une mission parfaitement exécutée pour anéantir le programme nucléaire iranien », a réagi la porte-parole Karoline Leavitt dans un communiqué.
Washington admet ne pas savoir où se trouve l’uranium enrichi iranien.
Le vice-président des États-Unis, JD Vance, a reconnu dimanche que Washington ignorait la localisation actuelle du stock d’uranium hautement enrichi de l’Iran. « Nous allons travailler, dans les semaines à venir, pour nous assurer que ce combustible fasse l’objet de mesures appropriées », a-t-il déclaré.
De son côté, Rafael Grossi, directeur général de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), a affirmé lundi que l’agence n’était désormais plus en mesure de localiser les 400 kg d’uranium enrichi à 60 % que possédait l’Iran.
Par ailleurs, The Guardian a révélé mercredi dernier que les plus hauts responsables politiques du Pentagone avaient été informés, dès le début du second mandat de Donald Trump, que les bombes GBU-57 de 30 000 livres, surnommées « bunker busters », censées être utilisées contre le site de Fordow, ne suffiraient pas à le détruire complètement.
Les frappes américaines n’auraient pas totalement détruit Fordow, selon des sources militaires.
Lors d’un briefing tenu en janvier, des responsables du Pentagone ont été informés par la Defense Threat Reduction Agency — l’agence ayant développé la bombe GBU-57 — que ces engins ne pénétreraient pas suffisamment profondément sous terre pour anéantir le site nucléaire de Fordow. Seule une arme nucléaire tactique, selon eux, aurait pu en venir à bout.
L’opération américaine contre les installations nucléaires iraniennes a impliqué des bombardiers B2 qui ont largué douze bombes GBU-57 sur Fordow et deux autres sur le site de Natanz. En parallèle, un sous-marin de l’US Navy a tiré une trentaine de missiles Tomahawk sur Isfahan, ont précisé des responsables de la Défense lors d’une conférence de presse dimanche.
Le secrétaire à la Défense, Pete Hegseth, a réitéré l’affirmation de Donald Trump selon laquelle les sites avaient été « anéantis ». Mais le chef d’état-major interarmées, le général Dan Caine, qui a supervisé l’opération, s’est montré plus prudent.
Le général Caine a indiqué que les trois sites nucléaires avaient « subi d’importants dégâts et destructions », tout en soulignant que l’évaluation finale des dommages était encore en cours.

Notre service WhatsApp. Vous êtes témoins d`un événement d`actualité ou d`une scène insolite? Envoyez-nous vos photos ou vidéos sur le 5 259 82 00 !