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Les flots émouvants de Priya Jugduth

Priya Jugduth et Malenn Oodiah lors de l’exposition à Lakaz Flanbwayan.
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La perfection. C’est ce qu’elle vise dans ses œuvres. Ce dimanche, découvrons l’art fluide de Priya Jugduth, artiste autodidacte rencontrée lors de son exposition solo qui a pris fin le 23 juin à Lakaz Flanbwayan à Médine, Bambous.

Pas la moindre trace de poussière ni de tache de peinture, pas plus qu’un infime soupçon de désordre ne vient perturber notre regard. La collection de 18 œuvres signée Priya Jugduth habille splendidement les murs de Lakaz Flanbwayan. 

Si « Le Grand Bleu » séduit les « Beach Lovers » que nous sommes avec son bleu éclatant, « The Storm » nous propulse dans les eaux troubles découlant de l’imaginaire de l’artiste, tandis que celui avec un Shiva méditant sur une montagne, nous transcende dans un tout autre univers. 

Cependant, nous avons le souffle coupé devant les belles couleurs et formes donnant vie sur toile à son œuvre intitulée « Happy Vines », majestueusement réalisée avec la technique dite « Dutch pour ». Cette technique de coulage acrylique utilise l’air pour manipuler les peintures sur une toile avec un sèche-cheveux ou une paille entre autres. Elle est aussi connue pour les bords en forme de ruban et les cellules en dentelle qu’elle permet d’obtenir.

Je me laisse inspirer par les couleurs qui m’entourent ou parfois par le thème»

Avant que l’artiste ne décroche ses œuvres, marquant la fin de son exposition le dimanche 23 juin vers 14 heures, nous en profitons pour faire connaissance avec elle. Maman de deux enfants prénommés Neel et Naomi, elle confie avoir fait le secondaire au collège Dr Maurice Curé. Puis, elle a poursuivi des études en Entrepreneurship & Business Management à l’université de New Delhi, en Inde. Après avoir exercé à White Sand Tours pendant un temps, elle a choisi de rester au chevet de ses enfants pour assurer leur éducation. 

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Priya Jugduth s’amusant à créer son œuvre « Happy Vines ».

Bien qu’elle aime la nature et les animaux, surtout ses deux chiens Lucky et BB, qui sont ses « Personal Healers » quand son moral est à plat, l’art est sa véritable passion. Elle s’est lancée dans ce domaine il y a quatre ans.

Si des vidéos sur internet attisent sa curiosité, la découverte de l’art fluide, soit le « Paint Pouring Art », la fascine. Notamment parce que cette technique permet de créer des tableaux avec des effets surprenants. Peut-elle nous expliquer l’art fluide en quelques mots ? Priya Jugduth indique que c’est quand on dilue de la peinture acrylique avec un « Pouring medium » et de l’eau, pour ensuite la verser sur un support et l’étaler de façon aléatoire pour créer un tableau abstrait.

Je passais par un moment difficile en début d’année 2020. Quelques mois après, j’ai découvert ce style de peinture très particulier... Cela m’a beaucoup aidée à passer ce cap difficile»

« Je passais par un moment difficile en début d’année 2020. Quelques mois après, j’ai découvert ce style de peinture très particulier. Grâce aux encouragements de ma famille, notamment ma maman Geeta, mon frère Ashvin et mes enfants, j’ai fait mes premiers pas dans le ‘Paint Pouring Art’. Cela m’a beaucoup aidée à passer ce cap difficile », confie-t-elle. 

Inspirée par les travaux de certains artistes qu’elle suit sur YouTube, Priya Jugduth donne ainsi à son tour vie à ses émotions à travers ses œuvres. Il ne fait aucun doute pour elle que c’est sa mère Geeta, qu’elle décrit comme une personne très créative, qui lui a transmis cette passion pour créer de belles choses. 

Perfectionniste dans l’âme, elle ne cache pas qu’elle efface constamment ce qu’elle couche sur toile si elle n’est pas contente du résultat, et elle recommence jusqu’à ce qu’elle soit satisfaite. Cela s’illustre d’ailleurs par la minutie que nous constatons dans ses œuvres. Priya Jugduth avoue qu’elle a passé des mois et des années à peaufiner cette collection exposée. 

Quelles techniques a-t-elle utilisées pour sa collection présentée en solo à Lakaz Flanbwayan ? L’artiste cite l’« Open Cup Pour », le « Dutch Pour », le « Swipe », et du « Mixed Media ». Au niveau de sa préférence pour certains matériaux, Priya Jugduth révèle qu’elle aime faire du « Swipe » avec un couteau-palette en utilisant un « Cell Activator » pour donner un effet très aéré, avec des bulles et des cellules magnifiques. 

Nous la questionnons sur son processus créatif. Il n’y a pas de formule magique, dit l’artiste autodidacte. « Je me laisse inspirer par les couleurs qui m’entourent ou parfois par le thème. » Depuis ses débuts dans l’art fluide, son style a évolué. « Avec la pratique, mon style s’est amélioré et j’ai osé utiliser des couleurs plus vives que je n’utilisais pas au début. »

Avec la pratique, mon style s’est amélioré et j’ai osé utiliser des couleurs plus vives que je n’utilisais pas au début»

Cependant, il n’y a pas que l’art fluide qui l’intéresse. Priya Jugduth aime aussi utiliser de la texture dans ses tableaux, notamment la résine. « J’ai créé plusieurs paysages marins en résine qui ont eu beaucoup de succès. J’ai également fusionné plusieurs styles pour créer des tableaux ‘Mixed Media’ », indique-t-elle. L’artiste cite l’œuvre « Continental Drift », qui est un mélange de texture et d’art fluide, ou encore « Mystical Beast » qui a été réalisée avec trois composants différents : de la texture, de l’art fluide et de la résine. 

Notre coup de cœur, « Le Grand Bleu », qui est son plus grand paysage marin en résine, ainsi qu’un plus petit du même genre, sont déjà vendus. Quant aux autres tableaux pour les voir ou les acheter, il suffit de contacter l’artiste sur sa page Facebook K’S Artworks ou Instagram : Priya Jugduth, pour plus de détails.

À ce jour, Priya Jugduth a participé à une douzaine d’expositions et de collaborations artistiques. Elle a également eu la chance de participer à de nombreuses expositions collectives tout en se faisant plein d’amis artistes. What’s next ? « Je pense continuer à peindre sans trop penser au futur. Je n’ai rien de précis à ce stade, si ce n’est, bien sûr, de faire connaître mes tableaux à un plus grand nombre de personnes », sourit-elle. 

Les défis de l’art fluide 

Lorsqu’elle a commencé l’art fluide, elle ne trouvait pas les produits que les artistes étrangers utilisaient dans leurs vidéos. « C’était très frustrant », dit-elle en riant. Il lui a fallu improviser au début et attendre que ces produits arrivent sur le marché mauricien. « J’ai aussi eu besoin de commander et d’acheter certains produits en ligne, ce qui n’était pas pratique en termes de temps d’attente et de coût. Le ‘Paint Pouring Art’ ainsi que les travaux en résine coûtent cher. Et si on veut avoir de beaux résultats, il faut donc investir dans de bons produits », souligne-t-elle.

Évoquant la perception de son art par le public, Priya Jugduth affirme que beaucoup de personnes ont aimé ses créations. « Elles trouvent qu’il y a quelque chose de différent même si elles ne connaissent pas cette technique. Beaucoup ne se doutent pas de la difficulté d’exécution de ce genre de tableaux. »

Aux débutants voulant se lancer dans l’art fluide, Priya Jugduth leur conseille de ne surtout pas avoir peur de le faire. « Le ‘Paint Pouring Art’ est très fun et pour le réussir, il suffit de pratiquer et de persévérer », affirme l’artiste autodidacte.

  • LDMG

 

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