
Des dizaines de milliers de fidèles affluent mercredi à la basilique Saint-Pierre pour se recueillir devant la dépouille du pape François, transférée en grande pompe dans la matinée sous les ors du majestueux édifice.
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Une longue file d'attente serpente sur la place Saint-Pierre, encadrée par la célèbre colonnade du Bernin, autour de laquelle les accès au Vatican et dans les rues adjacentes sont filtrés. Un des pèlerins a dit à l'AFP qu'il fallait attendre environ trois heures avant d'entrer dans la basilique.
Vincenza Nocilla, une infirmière retraitée de 67 ans, s'est levée à 04H00 du matin et a fait 150 km pour être parmi les premières à voir le cercueil du pape.
"C'était vraiment émouvant", a-t-elle confié à l'AFP à sa sortie. La longue attente pour voir de près celui qu'elle décrit comme "un bon pape", dont la mort l'a profondément attristée, en valait la peine, même si "on ne vous laisse pas rester longtemps, on passe, on dit un rapide au revoir et on s'en va."
Une étudiante en médecine portugaise, Francisca Antunes, 21 ans, a commencé à faire la queue à 06H00. "Nous voulions dire merci à l'un des papes les plus humbles", a-t-elle expliqué en sortant. "Je me suis sentie vraiment bien d'être là", a ajouté la jeune femme, vêtue d'une veste noire et arborant des lunettes de soleil.
A l'arrivée sur la place Saint-Pierre, la gendarmerie vaticane et les carabiniers italiens fouillent les sacs à dos et font passer les fidèles à travers des portiques de sécurité, tandis que leurs effets personnels sont scannés. "Nous sommes sur le pont depuis lundi et les prochains jours s'annoncent très difficiles", a confié à l'AFP un membre de la Garde suisse.
Dans une ambiance printanière, les pèlerins venus pour le Jubilé, "Année sainte" de l'Eglise catholique, continuent de côtoyer touristes, curieux et les médias du monde entier en direct avec leurs caméras. Plus de deux mille journalistes sont accrédités pour cet événement exceptionnel.
Plus tôt dans la matinée, la dépouille du pape a été escortée par des dizaines de cardinaux, d'évêques et de religieux depuis la petite chapelle de la résidence Sainte-Marthe, où le pape a vécu depuis son élection en 2013 jusqu'à sa mort, vers la monumentale basilique couronnée par la coupole de Michel-Ange.
- Hallebardes -
Marchant au pas, la procession s'est étirée sur les ruelles pavées du plus petit Etat du monde. Les chants du chœur de la Chapelle Sixtine résonnaient sur le chemin du long cortège.
Le cercueil était porté par des membres du cérémonial du Vatican en costume sombre et encadré par huit gardes suisses en uniforme chamarré armés de hallebardes. Au son des cloches, il a été applaudi sur son passage par les fidèles massés sur la place Saint-Pierre.
Le pape repose dans son cercueil porte une mitre blanche et une chasuble rouge, et ses mains enserrent un chapelet.
Après avoir parcouru l'allée centrale de la basilique, le cercueil ouvert en bois clair, capitonné de rouge, a été installé devant le maître-autel de la basilique, lui-même surmonté du monumental baldaquin en bronze du Bernin, chef-d'œuvre de l'art baroque tout juste restauré.
Rupture avec la tradition, il ne repose pas sur un catafalque mais est posé à même le sol, à la demande expresse de Jorge Bergoglio qui aspirait à plus de sobriété dans les rites funéraires papaux.
Pendant trois jours, le public pourra défiler devant sa dépouille: mercredi (de 11H00 à 24H00), jeudi (de 07H00 à 24H00) et vendredi (de 07H00 à 19H00).
Après le décès de Benoît XVI le 31 décembre 2022, 200.000 personnes s'étaient recueillies devant sa dépouille avant ses obsèques en présence de 50.000 fidèles.
Le cercueil sera fermé vendredi soir lors d'une cérémonie présidée par le cardinal camerlingue, l'Américain Kevin Farrell, qui gère les affaires courantes jusqu'à l'élection du nouveau pape.
- Têtes couronnées -
Les funérailles de François se dérouleront samedi matin sur la place Saint-Pierre, où devraient converger au moins 200.000 fidèles, outre 170 délégations étrangères.
"Il est impossible de savoir" combien de personnes seront présentes le jour des funérailles car de nombreux fidèles pourraient venir et repartir dans la journée, "quelques centaines de milliers au minimum", a déclaré à l'AFP Pierfrancesco Demilito, chef du service de presse de la Protection civile italienne.
Comme pour Jean-Paul II en 2005, des dizaines de chefs d'Etat et de têtes couronnées assisteront aux funérailles du chef de l'Eglise catholique, qui se dérouleront sous haute sécurité.
Le président américain Donald Trump a annoncé qu'il viendrait, accompagné de sa femme Melania, malgré les critiques dures et répétées du pape contre sa politique antimigrants.
Le président français Emmanuel Macron et son homologue ukrainien Volodymyr Zelensky entendent également faire le déplacement. En revanche, le président russe Vladimir Poutine, sous le coup d'un mandat d'arrêt de la Cour pénale internationale (CPI), ne prévoit pas de s'y rendre.
La présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen, le président du Conseil européen Antonio Costa, le Premier ministre britannique Keir Starmer et le chancelier allemand Olaf Scholz ont également annoncé leur venue, tout comme le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres.
Le roi Felipe VI et la reine Letizia d'Espagne, le prince William, Albert II de Monaco et son épouse Charlène seront aussi présents.
A l'issue de la messe qui débutera à 10H00 locales (08H00 GMT), le cercueil sera transféré à la basilique Sainte-Marie-Majeure dans le centre de Rome, dédiée à la Vierge, où le défunt pape sera enterré conformément à sa volonté.
© Agence France-Presse

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