Après le passage de la forte dépression tropicale Berguitta, les réfugiés avaient jusqu’à vendredi midi pour évacuer les centres de refuge.
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Au centre communautaire de Sainte-Croix, plusieurs familles sont demeurées sur place, car leurs maisons ont été endommagées par les branches des arbres ou ont été inondées. Sur un terrain boueux non loin de là se trouvent les maisons de seize familles résidant côte à côte. Kersline Augustin, 33 ans, a trouvé refuge au centre communautaire avec ses quatre enfants.
« De l’eau boueuse est montée jusqu’à deux pieds dans la maison. La toiture en tôle a été emportée par les fortes rafales et mon mari a dû chercher des planches et des roches pour tout consolider. De plus, les branches de l’arbre se trouvant dans la cour ont endommagé presque toutes les maisons. L’eau a emporté nos provisions. Notre riz a été trempé par l’eau sale et les légumes ne sont plus comestibles », raconte-t-elle. Cela fait sept ans que Kersline et son époux ont fait une demande à la National Housing Development Company pour obtenir un logement. Le couple a pu économiser une somme de Rs 50 000, mais il attend toujours une réponse positive.
De l’eau boueuse est montée jusqu’à deux pieds dans la maison. La toiture en tôle a été emportée par les fortes rafales et mon mari a dû chercher des planches et des roches pour tout consolider»
Deux maisons plus loin, Estelle Mohamund, âgée de 28 ans, ne peut non plus retourner chez elle. Cela fait plus d’un an et demi qu’elle a sollicité l’aide de la National Empowerment Foundation pour bénéficier de matériaux pour la construction d’une maison. Jusqu’à maintenant, sa requête est restée sans réponse. Elle souligne qu’elle habite dans cette maison de trois pièces avec ses trois enfants qui dorment sur le lit, tandis que son mari et elle dorment sur un matelas au pied du lit. « L’eau a envahi la maison. Nous sommes obligés de nous réfugier au centre, jusqu’à ce que mon mari trouve une solution », explique la mère de famille.
Quant à Vijay Naiko, un quinquagénaire résidant à Riche-Terre, il a dû quitter sa maison, car les poutres en bois ont cédé sous la pression du vent. « Nous nous sommes rendus, ma femme et moi, au centre vers 2 heures jeudi. On ne peut pas rentrer car, à tout moment, la maison peut s’écrouler. De plus, le lit est tout trempé et on a mis deux seaux pour contenir l’eau coulant du toit. Les légumes que j’ai achetés sont abîmés. L’eau qui dévale la pente se déverse directement dans ma maison. » Son épouse dit ne pas réclamer de l’argent, mais demande à l’état de lui accorder des facilités pour trouver un logement salubre. « Voyez l’état de cette maison. On ne peut y retourner ! »
Un peu plus loin, dans la capitale, Husna Caramuth, âgée de 38 ans, est toujours au centre communautaire de Cité-Martial. À l’intérieur de sa maison, des bâches ont été installées pour contenir l’eau de pluie. Des récipients de toutes dimensions sont éparpillés dans la maison, car toute la toiture fuit.
Son mari travaille comme chauffeur d’autobus à temps partiel et ils ont deux enfants. « Cela fait six ans que j’ai entamé des démarches auprès de la National Empowerment Foundation. Un cadre est venu inspecter les lieux et il a dit qu’il faudrait tout raser.Pour la reconstruction, nous bénéficierons des matériaux de construction pour deux chambres. Depuis cette promesse, nous attendons toujours », affirme Husna.
Cité-Hibiscus et Poste-de-Flacq aussi touchés
Cité-Hibiscus a, de tout temps, été sujette aux inondations. Une fois encore, avec le passage de Berguitta, la rivière qui traverse ce quartier situé derrière le marché de Flacq a fait souffrir les habitants. Elle a quitté son lit pour inonder les arrière-cours. Certains ont dû enfoncer le mur les protégeant de la rivière pour évacuer le trop-plein d’eau.
L’une des sinistrées déplore que les autorités offrent moins de Rs 200 aux victimes d’inondation, alors que de nombreux effets personnels situés au rez-de-chaussée, de même que le matériel scolaire de ses enfants, ont été abîmés. Elle n’a pas trouvé refuge dans un abri, préférant demeurer chez elle.
Une autre habitante estime que les autorités auraient dû déléguer des experts pour un constat. Lors des grosses inondations de mars 2008 provoquées par les précipitations suivant le passage du cyclone Lola, bon nombre de ses voisins sont descendus dans la rue pour réclamer que l’État élargisse et entretienne cette rivière.
À l’époque, la majorité des sinistrés avait perdu leurs appareils électroménagers. Les cuisinières, les réfrigérateurs et autres équipements ont été endommagés par l’eau qui est montée jusqu’à un mètre. Les dommages auraient pu être plus conséquents avec le passage de Berguitta, indiquent les habitants.
À quelques kilomètres de là, au lieu-dit Débarcadère, des familles touchées par les inondations déplorent que le Premier ministre Pravind Jugnauth ait préféré visiter le Sagar Shiv Mandir, construit illégalement sur la mer, plutôt que leurs domiciles. « Lor lamer ou pou gagn dilo mem… Kifer li pann vinn vizit kot nou ? » lance Cindy Ramen, qui avait interpellé le chef du gouvernement jeudi.
« À chaque grosse pluie ou cyclone, nos maisons sont inondées. L’eau nous monte jusqu’aux mollets. On ne cesse de réclamer des drains, mais en vain. Le ministre Roopun est passé dans le quartier, mais il n’a pas voulu descendre de sa berline. Raj Dayal, au moins, ne se souciait pas de ses chaussures », enchaîne Sharon Raboude, qui doit s’échiner à faire sécher ses matelas.
Vel Moonien
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