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L’enfer au coeur de Paris

«Paris outragé ! Paris brisé ! Paris martyrisé ! Mais Paris libéré», avait lancé le général de Gaulle lors de son fameux discours prononcé le 25 août 1944 à l’Hôtel de Ville de Paris. Hélas, la libération, face au type de terrorisme auquel la France – mais aussi le monde – est confrontée actuellement, n’est pas pour demain. Paris s’est réveillé dans la frayeur samedi. Au moins 128 morts et près de 300 blessés dans une série d’attentats, les plus meurtriers commis sur le territoire français, perpétrés de manière synchronisée. Lourd tribut que paie l’État français pour son engagement dans la lutte contre Daesch (État islamique). Au-delà du bilan – tout décès étant un de trop, rappelons-le –, cette série d’attentats devrait inquiéter l’État français à plus d’un titre. À deux reprises ces cinq derniers mois, le président François Hollande a annoncé un attentat déjoué par les services de renseignement. Ce qui lui avait valu des critiques, le monde du renseignement préférant l’ombre et le silence. Le premier attentat, en juillet, avait pour objectif de décapiter un militaire dans les Pyrénées-Orientales, alors que le second, il y a quelques jours, visait une base navale à Toulon. Et voilà qu’une série d’attentats frappe la capitale, alors même que le Président français se trouve au Stade de France ! Il y a eu l’attentat contre Charlie Hebdo en janvier dernier. Il s’agissait de l’œuvre d’un petit groupe de fils du sol, fanatisés et entraînés, ayant passé par les filières djihadistes. Les « loups solitaires », comme les qualifient les services de renseignement. Les attentats du Bloody Friday à Paris, même s’ils peuvent avoir été commis par ces mêmes « loups solitaires », nécessitaient une coordination et une préparation nettement plus importante. Ce qui donne une idée de l’ampleur de la force de frappe de l’État islamique, qui a revendiqué ces attentats, dont l’arme la plus efficace est le renvoi, chez eux, de fanatiques transformés en bombes humaines. Entre la disparition des groupes radicaux d’extrême-gauche et l’avènement d’Al-Qaïda, l’Europe avait été relativement épargnée des attaques sanglantes sur son sol (exception faite de l’Espagne avec l’ETA et l’Irlande du Nord avec l’IRA). Les grandes puissances pouvaient à leur guise modifier leurs stratégies géopolitiques dans les régions sensibles, les attentats étant perpétrés ailleurs. Ben Laden et consorts avaient mis fin à cette accalmie avec les attentats de Madrid en 2004 (191 morts) et celui de Londres en 2005 (52 décès). Après la décapitation d’Al-Qaïda, les services de renseignement estimaient assez improbables des attentats de l’ampleur du 11-Septembre sur le sol occidental. Doivent-ils désormais réviser leur jugement ? Peut-on comparer les deux drames ? Reste qu’après tant d’années passées à encourager le fanatisme islamique, l’Occident a été incapable d’endiguer ce phénomène lorsqu’il s’est retourné contre lui. Et maintenant que le mal est en son sein, car ceux nés sur son sol sont embrigadés et retournent leurs armes contre leur pays, les experts en sont toujours à épiloguer sur les voies (variées) menant à la radicalisation, à établir un profil psychologique des terroristes (« fâcheusement normaux », selon le chercheur Bruce Hoffman) et les meilleurs réponses à l’extrémisme. Même De Gaulle trouverait qu’il est aujourd’hui plus facile de combattre l’occupant qu’un mécontent ayant la même nationalité.
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