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Légumes : quel… bazar !

Forte inflation. Sécheresse. Intempéries. Plantations détruites. Hausse des prix. Ce dimanche, faisons « enn ti letour » au marché de Quatre-Bornes. 

Sept heures du matin. En ce 1er février, les étals du marché de la ville des fleurs se colorent avec des fruits et des légumes. Il s’agit des rescapés des récentes pluies torrentielles qui ont détruit les cultures dans les champs agricoles à travers le pays. Les allées sont animées avec les cris des marchands invitant les visiteurs, qui investissent petit à petit les lieux, à faire de bonnes affaires. 

Les sourcils se froncent devant les prix de certains légumes phares. Toutefois, le sourire est au rendez-vous lorsqu’il s’agit de ceux qui se vendent pour une poignée de roupies. Pour les marchands, tous les coups sont permis pour vider leurs étals en moins de temps.

« Alalila Rs 25… Rs 25 pran zot baton mouroum. » Un peu plus loin : « Rs 50 pom damour… Rs 50. » Et encore plus au fond : « Grenadinn Rs 10 … Rs 10. » Mais aussi : « Pran zot pake bred… Rs 30… Rs 30. » 

Cependant, les moins criards sont ceux qui vendent des haricots verts. Ces derniers ont actuellement détrôné la pomme d’amour pour accéder au statut de « roi des légumes ». Leur prix s’élève à Rs 125 la livre. 

Arrivent, en deuxième position, les « brinzel ». Ils se vendent à Rs 70 la livre. Légumes phares utilisés dans les repas végétariens en cette période de jeûne en marge de la fête Cavadee, leurs prix donnent le vertige. Surtout lorsqu’il s’agit de délier sa bourse. Nous décidons d’attendre des jours meilleurs pour satisfaire notre envie de cuisiner « enn bon toufe zariko pom de ter ou pom de ter brinzel ek diri ».

Pourquoi cette hausse des prix ? 

legumesNous avons posé la question aux marchands de légumes. Tous abondent dans le même sens. « Dilo inn rant dan karo ek lapli toransiel. Tou legim inn gagn bate. Seki kapav nou inn sove. » 

Bimal, qui est à la fois marchand et planteur, confie, lui, que ses plantations de « brinzel » et autres légumes comme « pipengaille », « margoz », haricots verts, pommes d’amour ainsi que tous ses aromates ont été détruites lors des récentes pluies torrentielles. De ce fait sur son étal, il n’y a que des choux et des « brinzel angiv ». 

Vendant des choux n’ayant pas jolie mine à Rs 50 l’unité, il explique qu’en ce moment « bizin tir tir fey » pour pouvoir écouler le stock qu’il a pu sauver de sa récolte. Toutefois, il dira que les choux verts sont, eux, plus chers et les marchands les vendent à Rs 100 l’unité, surtout s’ils ont pu les dénicher auprès des rares planteurs dont les récoltes ont pu être sauvées. N’étant pas fan de « toufe lisou », nous passons à un autre étal.

« Demand versus supply »

legumes

Des fleurs Hortensia à Rs 15 le bouquet ou carrément en cadeau aux clients habituels en cette période de jeûne pour Cavadee. Des « brinzel » à Rs 70 la livre et des épinards à Rs 35 le « pake » ainsi que des bananes « Mamzel » à Rs 7 l’unité. Nous trouvons aussi du Curcuma frais, des limons, des morceaux de « Suran » pour faire des achards. Bref, le couple Ramchurn semble avoir vidé, sur son étal, les rescapés de son jardin après les récentes pluies. 

« Kifer binzel ser kumsa ? » Jankee Ramchurn explique que les torrents de pluies ont noyé les plantations. Et que la perte des légumes a été conséquente. En raison du « demand and supply », moins il y a de légumes, plus ils coûtent cher. Il cite l’exemple des « brinzel » qui sont grandement utilisés dans les repas végétariens. « Nous n’avons d’autre choix que de les vendre à ce prix. Ça nous permet de recouvrir les frais avec les légumes qu’il nous reste. » Ceux qui en ont les moyens en achètent et ceux qui sont réticents se rabattent sur les légumes qui sont moins chers.

Giraumon à Rs 25 la livre

legumesComme le jeudi, c’est « Farata Day » et le « giraumon » est un « must » dans l’assiette, nous allons en trouver à l’étal de Rakesh. Le planteur les cultive dans un champ agricole à Bois-Chéri. Il produit aussi des concombres locaux. « Rs 25 la livre. » Nous hésitons. 

Un tour rapide autour de nous et nous constatons que c’est presque le même prix partout. Nous finissons par en acheter tout en faisant un brin de causette avec le marchand : « Lapli ki dir ? » « Ayo pas koze. Bokou dega. Me enn sans nou inn kav rekolte ziromon ek kokom. Nou ena enn bon stock la erezman », répond-il avant de servir ses clients.

Les pommes d’amour Roma 

legumesPour notre salade Caprese de la semaine, nous allons vers le marchand de pommes d’amour Roma. Où nous trouvons également de belles tomates cerises. Leur prix, pour 500 g, donne le tournis. Mais elles sont toutes belles. Idem pour les Roma. Raison : elles ont été cultivées par la technique de l’hydroponie. Le marchand sourit et nous dit d’en profiter pour en acheter tant qu’il en est temps.

500 g de manioc à Rs 30

Végétariens et grands consommateurs de manioc, nous allons ensuite à l’étal de Pradeep Poonith. Où nous trouvons des bananes. Mais aussi du manioc et de la pulpe de jacquier en vente, chacun à Rs 30 la livre. 

« Avek lapli, legim inn abime. Mo pann pran bel zafer dan lankan. Saem seki mo pe kav vande », confie le marchand qui travaille dans ce marché depuis une décennie. 

Doux pitaya…à Rs 100

Frugivores, nous sommes attirés par la belle couleur des doux pitayas. De retour sur les étals des marchands de fruits de saison, leur prix varie entre Rs 75 et Rs 100. Perry, qui gagne sa vie en les vendant, nous dit de choisir nos « dragon fruits » et nous conseille également de profiter de l’occasion pour acheter des mangues. « Ena enn sirplis mang la… aste… ou pa pou regagne ankor la. » Deux mangues « Baissac », dont nous adorons le goût, à Rs 25. Pourquoi pas !

Évitons de nous faire… carotter 

legumesFruits, manioc, tomates, « giraumon »… Sur notre liste de courses, il nous manque des carottes, des poivrons et des « margoz ». Lorsque nous sillonnons les étals, ces légumes que nous recherchons ont triste mine. Jaunis ainsi qu’avec les bouts « pike » enlevés, les « margoz » se vendent à Rs 15 le lot. Notre envie de « dipin margoz » attendra ! 

Des carottes vieillies par le temps sont à Rs 10 le lot. Nous ne nous faisons pas carotter avec ce prix. Nous poursuivons notre vadrouille pour trouver ensuite des herbes fines pour parfumer nos « caris » et repas. Si nous avons du thym et de la ciboulette à Rs 20 la botte, toutefois le fameux « cotomili » reste introuvable. Le marchand de lancer : « Be sa ou bizin atan inpe. Parski pa de sito ou pou gagn sa akoz dilo inn balye karo. » 

À Rs 30… le « pake bred sousou »

Après avoir avalé tout un gobelet d’eau de coco, nous sommes en quête de « bred sousou » pour notre bouillon du samedi, accompagné d’un « satini coco » pimenté et un « toufe » de pommes de terre. Sur la table, le « pake » de « bred sousou » est à Rs 30. La chaleur, après la pluie, assassine encore plus la fraîcheur des tiges et les feuilles coupées. 

Nous décidons de biffer le bouillon du menu et d’aller faire notre stock de pommes de terre et d’oignons. Ceux-ci, contre vents et marées, ont un prix fixe. Nous en prenons un kilo de chaque. 

Notre « tant bazar » contient nos essentiels de la semaine. Bien que notre porte-monnaie se soit vidé un petit peu plus que d’habitude, il faut bien manger des fruits et légumes pour rester en bonne santé, après tout !

 

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